POP

Plateforme ouverte du patrimoine

"Conseil départemental du Cher, ancien établissement de Fabrication d’armement de Bourges"

Désignation

Dénomination de l'édifice

Architecture industrielle ; usine ; usine de construction mécanique ; usine d'armes

Destination actuelle de l'édifice

"Conseil départemental du Cher"

Titre courant

"Conseil départemental du Cher, ancien établissement de Fabrication d’armement de Bourges"

Localisation

Localisation

Centre-Val de Loire ; Cher (18) ; Bourges ; 6 Route de Guerry

Adresse de l'édifice

Guerry (route de) 6

Références cadastrales

"000 CO 01, 218, 242, 245, 256, 277-278, 282"

Historique

Siècle de la campagne principale de construction

20e siècle

Siècle de campagne secondaire de consctruction

20e siècle

Année(s) de(s) campagne(s) de construction

1985

Description historique

L’industrie de l’armement trouve à Bourges, dès le milieu du XIXe siècle, un terrain de développement favorable. Éloignée des frontières terrestres comme des zones côtières, la ville est protégée des invasions ennemies tout en étant proche de Paris, ainsi que des forêts et des bassins houillers du Massif Central et du Morvan. La Champagne berrichonne, peu vallonée et peu dense, fournit aussi les grands terrains nécessaires aux champs de tir recherchés par l’armée. Desservie par le chemin de fer dès 1847, la ville de Bourges est enfin facile d’accès. L’empereur Napoléon III y décide, en 1860, la création d’une fonderie impériale des canons. L’importance des installations et des effectifs ne cesse alors de croître, le nombre d’ouvriers culminant à plus de 8 000 à la fin de la Première Guerre mondiale. De nombreuses machines et équipements sont ensuite pillées, pendant l’Occupation de 1940-1944, par l’occupant allemand. L’arsenal de Bourges devient, en 1967, l’EFAB, Établissement de fabrication d’armement de Bourges, placé sous le contrôle de la Direction générale de l’Armement (DGA), dépendant elle-même du ministère des Armées. Il réunit l’ancienne école centrale de pyrotechnie avec les ateliers de construction spécialisés dans l’artillerie. L’EFAB, dans les années 1970, réunit environ 2 500 personnes – civils, en très grande majorité – répartis sur un site de 200 hectares au sud-est de Bourges. L’historique précis des bâtiments construits par Henri Vidal et Yves Bayard est mal connu, le permis de construire étant lacunaire aux archives municipales de Bourges. L’étude d’un nouvel ensemble architectural destiné à regrouper des services disséminés semble avoir été engagée vers 1980, à la suite d’un schéma directeur immobilier préconisant une restructuration des activités existantes pour gagner en productivité. L’agence des deux architectes est probablement choisie pour avoir déjà, en 1974, réalisé pour la Société nationale des poudres et explosifs (SNPE, dépendant de la DGA) un centre de recherche à Vert-le-Petit (Essonne). Spécialisée dans la production pyrotechnique, la SNPE intervient aussi, pour l’EFAB de Bourges, en tant que bureau d’études techniques associé à Henri Vidal et Yves Bayard. Les plans architecturaux sont probablement dressés en 1982, et le chantier lancé l’année suivante. Les bâtiments sont livrés à l’automne 1985. L’EFAB est intégré en 1990 au groupe GIAT Industrie qui doit fédérer, sous l’égide du ministère de la Défense, les différents fabricants français d’armement. GIAT est renommé Nexter en 2006, alors que de nombreux sites industriels ferment leurs portes à travers le pays. Celui de Bourges, devenu surcapacitaire, fait l’objet d’un premier démembrement en 2007 avec la vente du bâtiment de production au conseil général du Cher, qui souhaite y regrouper ses services administratifs. La vente est conclue au prix de 3 millions d’euros. Le bâtiment de direction est ensuite racheté, en 2016, au prix de 2,7 millions d’euros. Des travaux de restructuration et de désamiantage, menés par l’agence Blatter Architectes, ont ensuite lieu jusqu’en 2018 pour un coût de 4,286 millions d’euros. L’ensemble du site accueille environ 450 agents départementaux. Le bâtiment d’études ainsi que le bâtiment de liaison demeurent enfin propriété de Nexter et ne font pas partie du périmètre labellisé Architecture contemporaine remarquable. Ils ont été rénovés en 2017 par l’agence Atelier Carré d’Arche.

Description

Commentaire descriptif de l'édifice

L’ensemble immobilier réalisé pour l’EFAB par Henri Vidal et Yves Bayard en 1985 se compose de trois bâtiments de forme pyramidale reliés par une galerie de liaison et d’exposition, et entourés, au sud-ouest, par un plan d’eau peu profond appelé « douves » par les architectes. Chaque bâtiment est constitué de trois blocs de plan sensiblement carré se recouvrant les uns les autres. Chaque bloc est ensuite percé, en son centre, d’un patio accessible ou d’un puits de lumière coiffé d’un pyramidion en verre. Les bâtiments sont développés sur trois niveaux, les façades des deux niveaux d’étages étant inclinées à 45 degrés. Seul l’ancien bâtiment d’études, demeurant propriété de Nexter et ne faisant pas partie du périmètre labellisé Architecture contemporaine remarquable, possède des façades en pyramide inversée où la saillie des étages forme un porte-à-faux au-dessus des douves. L’ensemble du site s’inscrit en bordure de la route de Guerry (déplacée pour permette le creusement du plan d’eau) au milieu du très vaste complexe militaro-industriel s’étendant au sud-est de Bourges. L’accès au site s’effectue, à l’ouest, par une vaste esplanade carrée de 3 000 m² reliant les pyramides à la route de Guerry. Aménagée en parvis paysagé après la prise de possession des locaux par le conseil départemental du Cher, cette esplanade était initialement un simple terre-plein pouvant servir à des cérémonies protocolaires, l’espace étant baptisé « place d’armes » sur les plans d’architecte. Un pont passant audessus des douves mène à la cour d’honneur, située entre les bâtiments de production, au nord, et de direction, au sud. Elle aussi réaménagée par un jeu de rampes, d’emmarchements et de plantations, cette cour ouvre sur la galerie permettant l’accueil du public et la distribution des différents bâtiments. Le bâtiment de production est formé de volumes de plans carrés, imbriqués et partiellement évidés. Le niveau du rez-de-chaussée forme un socle partiellement enfoui, au nord, dans les mouvements du terrain et est, au sud, en contact avec les douves : seulement éclairé par des fenêtres hautes, ce vaste espace à usage d’atelier était, à l’origine, dévolu à la conservation des archives, facilitée par l’absence de murs de refend. Le volume au nord-est accueille quant à lui une salle de conférences de 160 places, développée sur les trois niveaux du bâtiment. Cet espace de réception, resté conforme à son aménagement d’origine, est monumentalisé par le traitement ondulatoire du faux-plafond. Le premier étage du bâtiment de production est affecté à des bureaux cloisonnés. Deux patios plantés, surmontant les locaux d’archives du rezde – chaussée, apportent un éclairage direct aux bureaux situés en cœur d’œuvre. Le troisième niveau reprend la même organisation mais sur une profondeur plus mince en raison de l’inclinaison des façades. Celles-ci, conçues par l’entreprise Bel, sont constituées de sept bandes de vitrage de type Parelio émaillé, posées sur une ossature en acier inclinée à 45 degrés. Les plans verticaux des façades ouvrant sur les patios et sur le jardin entourant la galerie sont quant à eux percés de baies en losange composant des motifs géométrisés. Le bâtiment de direction, au sud du complexe, reprend la même organisation d’ensemble que celui de production. Le rez-de-chaussée est cette fois, à l’origine, partagé entre des salles d’ordinateurs, côté galerie de liaison, et des bureaux, côté douves. Un patio planté ponctue le centre du volume situé le plus à l’ouest, tandis que les deux autres sont percés de puits de lumière, celui du volume le plus à l’est recouvrant un escalier d’honneur à double volée. Les façades intérieures et extérieures sont identiques à celle du bâtiment de production.

Protection et label

Intérêt oeuvre

L’ensemble immobilier réalisé par Yves Bayard et Henri Vidal à Bourges témoigne des directions prises par l’architecture militaire de la seconde moitié du XXe siècle en France, champ programmatique encore peu étudié dans l’histoire de l’art. La forme pyramidale renvoie à certaines réalisations de l’architecture du pouvoir et de l’administration au cours des Trente Glorieuses : on comparera à ce titre l’EFAB avec la préfecture du Val-d’Oise (Henry Bernard architecte, 1968), ou avec l’hôtel de ville de Nanterre (Jean Darras architecte, 1973). On pourra également rapprocher les bâtiments berruyers de certains ensembles tertiaires de la même période, comme le siège de Pernod à Créteil (Jean Willerval architecte, 1974). La réalisation de Bayard et Vidal propose en plus un traitement paysager à base de mouvements de terrains et de plans d’eau évoquant l’architecture castrale de l’époque féodale, comme en atteste la terminologie employée par les architectes pour les douves. La composition ordonnancée et le traitement monumental de cet ensemble, qui multiplie les axes de symétrie, évoque les programmes de concours donnés aux étudiants de l’école des Beaux-arts de Paris quelques années plus tôt. On resituera cette recherche de la forme et sa dimension académiste dans le parcours personnel d’Yves Bayard dont l’œuvre, difficile à classer dans un courant stylistique défini, est surtout animée par la quête d’ordre et de géométrie, teintées d’un certain ésotérisme. Martiale par son plan de masse mettant en scène les volumes d’entrée autour d’une grande esplanade, l’architecture de l’EFAB ménage aussi des effets sensibles par les jeux de réflexion des façades dans le plan d’eau, et par l’emploi des pans obliques de verre miroir dans lesquels se réfléchissent les nuages. On soulignera également la qualité plastique des murs des patios et des espaces de circulation, ainsi que la générosité des volumes de ces derniers. La récente rénovation menée par l’atelier Blatter, respectueuse du travail de ses prédécesseurs, a permis la préservation des caractères essentiels de l’œuvre d’origine tout en accompagnant son changement d’affectation.

Date de label

2023

Statut juridique

Statut juridique du propriétaire

Public

Références documentaires

Date de l'enquête ou du dernier récolement

2023

1/5
18 _Bourges-Conseil du Cher-1
18 _Bourges-Conseil du Cher-1
© Ministère de la Culture (France), Direction des Affaires Culturelles du Centre-Val de Loire – Tous droits réservés
Voir la notice image
18 _Bourges-Conseil du Cher-2
18 _Bourges-Conseil du Cher-2
© Ministère de la Culture (France), Direction des Affaires Culturelles du Centre-Val de Loire – Tous droits réservés
Voir la notice image
18 _Bourges-Conseil du Cher-3_
18 _Bourges-Conseil du Cher-3_
© Ministère de la Culture (France), Direction des Affaires Culturelles du Centre-Val de Loire – Tous droits réservés
Voir la notice image
18 _Bourges-Conseil du Cher-auditorium
18 _Bourges-Conseil du Cher-auditorium
© Ministère de la Culture (France), Direction des Affaires Culturelles du Centre-Val de Loire – Tous droits réservés
Voir la notice image
18 _Bourges-Conseil du Cher-galerie
18 _Bourges-Conseil du Cher-galerie
© Ministère de la Culture (France), Direction des Affaires Culturelles du Centre-Val de Loire – Tous droits réservés
Voir la notice image