Établissement vinicole
Coopérative vinicole
Ancienne cave coopérative
Occitanie ; Aude (11) ; Paziols ; place Rustique Chaluleau
Anciennement région de : Languedoc-Roussillon
Rustique Chaluleau (place)
1er quart 20e siècle
1914
La société coopérative de Paziols est fondée le 22 décembre 1913. Le Conseil d' administration de la cave est présidé par Dieudonné Cartade, assisté de son vice-président, Rustique Chaluleau, qui est à l' origine du projet de création de la cave. Ce dernier est alors ingénieur agronome et inspecteur principal des Eaux et Forêts. Le conseil d' administration charge Jules-Pierre Reverdy de la construction du bâtiment. Les travaux commencent en 1914 mais sont stoppés par la déclaration de guerre en août 1914 : les murs sont terminés mais aucune cuve n' est achevée avant 1916 et surtout, aucune couverture ne protège les cuves. La vendange de 1915 est vinifiée dans des caves particulières louées pour la circonstance et les finances de la cave coopérative sont dans le rouge car aucune rentrée financière n' est enregistrée. Ce n' est qu' en 1917 que sous l' impulsion de Rustique Chaluleau, venu en permission, le conseil réunit les fonds nécessaires pour faire couvrir le bâtiment. En raison des conditions de guerre, le coût des matières premières ayant flambé, le prix du fer est devenu inabordable, le coût de la charpente métallique est passé de 9000 F à 30000 F. Le président demande un devis à Julien Charpeil, installé à Toulouse. Il représente la société Hennebique spécialisée dans la construction de charpentes en béton que l' inventeur a protégé par un brevet. Le montant de la charpente est estimé à 21000 F. C' est donc Charpeil qui construit la couverture en 1917. A la fin de la guerre, le bâtiment est devenu trop petit. Un premier agrandissement est décidé en 1920, à gauche, avec la construction d' un chai adossé à la cave. La même année, un autre agrandissement voit le jour. Il s' élève à droite de la cave primitive, en reprenant le plan de la première cave, en plus grand. C' est probablement Reverdy qui en assure la maîtrise d' oeuvre, associé cette fois à Charpeil qui s' occupe de la couverture car il utilise le même type de charpente métallique qu' à Caramany, dans les Pyrénées-Orientales. Par la suite, d' autres agrandissements sont réalisés : allongement, en 1940, du chai adossé à la cave de 1914, d' autres travaux importants de cuveries sont entrepris en 1959 (4800 hl), en 1963 (8000 hl) mais ces travaux ne sont pas localisés avec certitude. Des quais sont installés entre les deux bâtiments principaux, côté amont d' abord puis côté cour de manoeuvre. En 1964, 8000 hl de cuverie sont encore installés puis de nouveau 11000 hl qui prennent place à l' arrière des bâtiments en 1976. Entre-temps, un grand bâtiment abritant une unité d' embouteillage est construit à droite, en retour d' équerre, contre la cave de 1920. D' autres travaux sont encore réalisés par la suite mais la cave a fusionné avec celle de Tuchan et les locaux abandonnés sont menacés de démolition et souffrent du manque d' entretien.
Cette cave constitue un unicum précieux. L' architecte Jules-Pierre Reverdy, qui a déjà réalisé la cave de Lézignan en 1909 sur un plan original avec des bâtiments dispersés, innove ici en proposant un plan centré, un carré aux angles abattus. La couverture est un toit en pavillon, avec son lanterneau, dont toute la charpente est en béton armé, construite selon le principe Hennebique. Deux ceintures rigidifient cette structure, l' une au niveau des entraits de la charpente basse, l' autre au niveau du lanterneau. Une série de fiches et de contre fiches assure la stabilité de l' ensemble. La façade principale est équipée d' un avant-corps à un étage carré couvert d' un toit en appentis qui prolonge la couverture du bâtiment principal. Une grande porte charretière, surmontée d' une imposte couverte d' un arc en plein cintre, donne accès aux cuves. Le vaisseau est construit en étage de soubassement ; il est équipé d' une couronne de cuves périphériques interrompue par trois passages perpendiculaires. Reverdy innove en installant un îlot de cuves au centre, ménageant ainsi un couloir assez large dans lequel il installe un chemin de fer Décauville pour faire circuler les pressoirs et évacuer les marcs. Les cuves centrales supportent une série de poteaux de fond qui soutiennent toute la charpente. Le chai adossé à gauche est construit plus classiquement sur le plan d' un vaisseau longitudinal à deux rangées de cuves de part et d' autre d' une allée centrale. La grande cave construite à droite reprend le plan de la cave primitive sur la base de deux modules, donnant ainsi un bâtiment rectangulaire, aux angles abattus, couvert d' un toit en pavillon et lanterneau. La couronne périphérique de cuves est interrompue par le passage venant de l' avant-corps et par un autre passage, à gauche, menant à la cave primitive. Deux îlots de cuves sont encore installés au centre. La charpente métallique repose sur une couronne en béton supportée par des piliers appuyés sur les cuves des îlots. Des quais sont installés contre la façade postérieure et entre les avant-corps des deux bâtiments.
Labellisé par la Commission Régionale du Patrimoine et des Sites du 14 février 2013 ; proposé pour une inscription MH
Propriété privée
2013
© Monuments historiques
2013
Sauget Jean-Michel ; François Michèle
Dossier individuel
LABELXX-LR