Église paroissiale
Saint-Ronan
Eglise paroissiale Saint-Ronan, place de l'Eglise (Locronan)
Bretagne ; Finistère (29) ; Locronan ; Eglise (place de l')
Châteaulin
Châteaulin
Eglise (place de l')
1958 A 65
En village
Calvaire ; enclos ; cimetière
1er quart 15e siècle ; 2e moitié 15e siècle ; 16e siècle
2e moitié 19e siècle
Attribution par travaux historiques ; attribution par travaux historiques
Le lieu doit sa renommée au culte de saint Ronan, ermite originaire d´Irlande qui vécut au 9e ou plus probablement au 10e siècle. En 1031, apparaît la première mention de Locronan dans un acte du cartulaire de Sainte-Croix de Quimperlé, par lequel le comte Alain Canhiart fait don à l´abbaye de l´église de Saint-Ronan avec toutes les terres alentour. Si cette date est contestable, la fondation de Sainte-Croix elle-même n´étant pas antérieure à 1050, le fait décisif est la faveur manifestée au sanctuaire par la lignée comtale de Cornouaille, qui accédera bientôt au trône ducal. Au 13e siècle, le pèlerinage, fréquenté par Pierre Mauclerc qui, selon Ogée, érige l´église en prieuré par son testament de 1250 et fait don de revenus pour subvenir aux frais du service religieux, et par saint Yves, connaît un développement important. De Jean IV à Anne de Bretagne, les princes de la dynastie de Montfort invoquent saint Ronan comme intercesseur pour assurer la prospérité de leur lignée. Les habitants du bourg qui, dès le 14e siècle, fabriquent des toiles à voiles exportées en Angleterre et en Zélande, bénéficient d´une exemption de fouage accordée par Jean IV vers 1389, confirmée par son fils en 1408, 1426 et 1441. Jean V, qui se rend en pèlerinage à Locronan en 1408 et y délègue son fils aîné en 1430, participe directement à la reconstruction de l´église en octroyant en 1424 une somme de 50 écus d´or pour l´édifice du pignon, qui marque l´ouverture d´un chantier mené assez rapidement, d´ouest en est, en l´espace d´un demi-siècle.. La progression des travaux est marquée par la présence, sur la clé de voûte de la sacristie, des armes du prieur Guillaume de Villeblanche, conseiller de Pierre II qui, en 1451, confirme à son tour et étend les exemptions fiscales dont jouit Locronan. Enfin, en 1475, François II adresse un mandement autorisant les habitants à utiliser pour l´achèvement de l´église le produit du billot, impôt sur la vente du vin. En 1485, Pierre Le Goaraguer, maître d´oeuvre du transept de la cathédrale de Quimper, se trouve à Locronan : cette présence est certainement à mettre en rapport avec l´ouverture du chantier de la chapelle du Pénity, accolée au sud-ouest de l´église, entreprise à la fin du 15e siècle et achevée au début du 16e grâce au mécénat d´Anne de Bretagne, dont les armes (mi-parti de lys et d´hermines) figurent à la maîtresse-vitre.. En 1808, le clocher pyramidal qui couronnait la tour occidentale est renversé par la foudre. L´architecte diocésain Bigot intervient à partir de 1846 en réparant la couverture de la nef, en dégageant les abords, en reconstruisant des sections de voûte dans la chapelle du Pénity. En 1850, pour résoudre les problèmes d´infiltration causés par une couverture défectueuse au niveau des galeries du toit, les chéneaux en pierre sont couverts par une structure en zinc, et les joints détériorés comblés au ciment. Depuis 1893, le service des Monuments historiques procède avec plus ou moins de régularité à des travaux d´entretien ou à des restaurations ponctuelles de l´édifice.
Granite ; pierre de taille
Ardoise
Plan allongé
3 vaisseaux
Voûte d'ogives
Élévation à travées
Flèche en maçonnerie ; toit à longs pans ; dôme polygonal ; pignon découvert
Escalier dans-oeuvre : escalier en vis sans jour ; escalier droit
. Plan et ordonnance intérieure. Le parti à trois vaisseaux entièrement voûtés est d´une ambition peu commune à cette date en Cornouaille, et même en Bretagne. Les dimensions, pourtant, ne sont pas exceptionnelles : l´édifice s´inscrit dans un rectangle long de 36 m dans-oeuvre non compris le porche et large de 19,13 m hors-oeuvre. Le plan, où l´absence de transept souligne l´unité du volume intérieur, est celui qui s´impose dans les grandes chapelles de la fin du 14e siècle, Saint-Herbot ou Saint-Jacques de Merléac. Si l´on excepte la travée sous la tour, où les départs de la voûte d´ogives effondrée en 1808 ont permis sa récente reconstruction à l´identique, l´espace est équitablement réparti entre une nef et un choeur de trois travées chacun, séparés de leurs bas-côtés (celui du nord étant plus large que son homologue du midi) par de puissantes colonnes cylindriques flanquées de quatre colonnettes à listel, qui reçoivent en pénétration les deux rouleaux externes moulurés des grands arcs, le rouleau interne retombant sur les colonnettes ouest et est. Les chapiteaux, encore présents dans le porche et dans la travée de la tour, disparaissent ensuite, preuve supplémentaire d´un chantier mené d´ouest en est. La séparation entre les deux espaces est fortement marquée par un puissant arc-diaphragme, retombant entre la troisième et la quatrième travées sur des piles plus massives, dans lesquelles sont ménagés, au nord un escalier en vis donnant accès aux chéneaux de l´édifice et au clocheton érigé au-dessus de l´arc triomphal, ainsi qu´à l´ancien jubé, au sud une armoire. Dépourvu d´éclairage direct, le vaisseau principal reçoit assez largement le jour de la maîtresse-vitre et des fenêtres des bas-côtés, ainsi que de la baie ouest de la tour, selon un dispositif qui sera repris à Penmarc´h et à Saint-Herbot.. L´architecte a dû composer avec la pente naturelle du terrain. Cependant, le parti de créer une différence de niveau du sol comme des voûtes entre la nef et le choeur n´a été pris qu´en cours de chantier, comme en témoigne la présence au revers de l´arc-diaphragme, dans le vaisseau central et surtout dans le bas-côté nord, de formerets et de départs d´ogives initialement prévus de même hauteur que celles des travées précédentes et bientôt abandonnés. Bâties en moellons, les voûtes d´ogives bombées, simples dans les bas-côtés, sont dotées de liernes longitudinales et transversales dans le vaisseau central, à l´imitation de la cathédrale de Quimper. Celles de deux travées présentent des traces de décor peint héraldique, un semis d´hermines et de fleurs de lys. Au-dessus des voûtes, la charpente ancienne du vaisseau central est encore en place, avec ses entraits engoulés et ses poinçons épannelés. Des arcs-boutants intérieurs sont dissimulés dans les combles des bas-côtés. La sacristie est une salle de plan rectangulaire irrégulier, composée de deux travées voûtées d´ogives, adossée au nord du choeur, à laquelle on accède depuis la travée médiane du collatéral de celui-ci. Elle comporte un étage, en partie sous comble éclairé par une lucarne passante.. La maîtresse-vitre fut sans doute mise en place avant 1486, date du décès de Marguerite de Foix, dont les armes figurent au tympan aux côtés de celles de son époux François II. Divisée en six lancettes trilobées, la verrière illustrait en dix-huit grandes scènes réparties en trois registres la Vie, la Passion et la Résurrection du Christ. Le registre inférieur, où l´on voit un seigneur de Nevet, a été restitué et complété par M. Delon en 1906, les deux autres sont authentiques. L´écu d´or au léopard de gueule de cette grande famille locale, qui avait droit d´enfeu dans le choeur, était omniprésent sur les murs et les vitraux.. La chapelle du Pénity. Élevée à la fin du 15e siècle, probablement sous la conduite de Pierre Le Goaraguer, la chapelle, qui abrite le tombeau de saint Ronan, est greffée sur le flanc sud de l´église, auquel la relient deux grandes arcades. De plan rectangulaire, elle compte trois travées de longueur inégale voûtées d´ogives plates à liernes, et son mur intérieur, à l´ouest, est à l´alignement de celui du porche occidental de l´église. Bien que les fouilles archéologiques n´aient pas mis au jour d´éléments appartenant à des édifices antérieurs, elle occupe vraisemblablement l´emplacement de la chapelle primitive, qui communiquait déjà avec la grande église et aurait ainsi été préservée jusqu´à l´achèvement de celle-ci. L´édifice a été durement touché en 1808 par la chute de la flèche, qui entraîna celle du clocher du Pénity et l´effondrement d´une partie des voûtes, n´épargnant que le gisant de saint Ronan.. . Ordonnance extérieure. L´édifice est bâti en granite gris à grain fin, extrait de la montagne de Locronan et mis en oeuvre en grand appareil réglé. . Le parti d´une tour-clocher dans-oeuvre précédée d´un porche hors-œuvre semble tout à fait exceptionnel en Bretagne. On ne voit guère à citer que celui de Notre-Dame de Croaz-Batz, à Roscoff, dont le chantier s´ouvre dans le premier quart du XVIe siècle, mais dont le clocher relève entièrement de l´art de la Renaissance. En revanche, des porches occidentaux voûtés d´une certaine ampleur se rencontrent à Quimper, devant la façade de l´église romane de Locmaria, construit probablement au milieu du 15e siècle, et, en haute Bretagne, au prieuré de La Nouaye et à l´église Saint-Ouen des Iffs, vers la fin du siècle. De plan barlong, celui de Locronan ouvre par une grande arcade en plein-cintre. Au-dessus d´un cordon mouluré, le fronton, aux rampants ornés d´une balustrade ajourée, restaurée à la fin du 19e siècle, est occupé par un cartouche en accolade. À l´intérieur, ses murs latéraux sont ornés d´une résille d´arcatures, dessinant de chaque côté six niches de faible profondeur dont les consoles devaient recevoir les statues des Apôtres. La clé de voûte porte un écu plein de Bretagne. On accède à l´église par deux portes géminées en plein-cintre, aux voussures feuillagées, réunies sous un arc de même profil.. La tour carrée ne dépasse pas aujourd´hui 30,50 m de hauteur. Elle devait en faire plus du double avant la chute de la flèche. Épaulée par des arcs-boutants dont subsistent les culées, elle apparaît comme une version réduite des tours de Quimper, élevées entre 1424 et 1445, dont elle ne possède toutefois pas l´élan : au-dessus d´un premier niveau percé à l´ouest d´une baie en tiers-point au réseau flamboyant, chaque face est ajourée de deux étroites baies géminées en plein-cintre à l´intérieur desquelles se superposent trois arcs trilobés dans un profond ébrasement mouluré de cavets, surmontées par une archivolte en accolade et encadrées par des arcs en mitre. Une balustrade ornée de quadrilobes la couronne, vestige d´une galerie couverte analogue à celle des tours de Saint-Corentin. Au-dessus s´élevait une flèche dépourvue de clochetons d´angle, mais allégée par quatre lucarnes ouvragées, qui fut foudroyée en 1808 ; on préféra l´abattre complètement et construire à sa place un médiocre édicule octogonal couvert d´un toit à l´impériale.. Particulièrement sensible à l´extérieur, le décrochement des toitures entre la nef et le choeur confère une animation bienvenue à la silhouette de l´église, scandée par des contreforts à glacis amortis par des pinacles. La topographie participe peut-être ainsi symboliquement à l´exaltation du choeur liturgique. À la jonction des deux parties de l´édifice, au-dessus de l´arc triomphal, s´élève un clocheton de plan carré, dont chaque face est couronnée par un gâble à jours, surmonté d´une élégante flèche octogonale. Ce modèle sera repris dans de nombreuses chapelles rurales du diocèse. Les murs gouttereaux du vaisseau central et des bas-côtés sont surmontés de balustrades ornées de coeurs, autre trait emprunté à la cathédrale de Quimper. Le pignon du chevet présente une sobre et monumentale ordonnance, rythmée par quatre contreforts droits à pinacles, les rampants de la toiture accusant une légère rupture de pente sur les bas-côtés. Ce parti triomphe, avec quelques variantes, dans les grandes chapelles mariales de la seconde moitié du 15e siècle, Kernascléden et Kerdévot.. Sur le flanc nord de la nef, un porche secondaire ménagé entre deux contreforts donne accès à la travée médiane du bas-côté. Il ouvre sur l´extérieur par un portail à réseau d´intrados polylobé, version modeste du portail nord de Quimperlé, encadré par deux baies géminées en arc segmentaire réunies sous un arc de même profil. Sur le flanc nord du choeur, on trouve ensuite les deux travées de la sacristie, dont le seul décor est la lucarne passante éclairant la salle haute, placée dans l´axe du contrefort médian. Les baies de l´édifice offrent un beau répertoire de remplages flamboyants. Celle qui éclaire la dernière travée du bas-côté nord du choeur présente un fenestrage à arcs entrecroisés d´inspiration anglaise. La baie percée au bas du collatéral sud, à droite du porche, relève de la même mouvance.. Le portail ouest de la chapelle du Pénity apparaît comme l´exacte réplique du portail de la Chandeleur, au bras nord du transept de la cathédrale. Rien d´étonnant à cela, puisque le maître d´oeuvre de ce dernier, Pierre Le Goaraguer, qui y travailla entre 1477 et 1479, se trouvait à Locronan en 1485 et 1486. Dans les deux cas, la voussure extérieure est ornée d´une frise de feuilles de vigne, les contreforts sont creusés de niches à dais et amortis par plusieurs rangs de pinacles, et le gâble retombe, non sur l´archivolte, mais sur les pinacles d´encadrement. On retrouve ce dernier trait au portail sud de la chapelle de Tronoën. La flèche du clocheton a été rétablie entre 1900 et 1910 sur le modèle de celle qui surplombe l´arc triomphal de l´église.. Oeuvre très homogène, Locronan apporte une réponse originale à la dualité de fonction du lieu en juxtaposant une vaste église paroissiale, élevée entre 1424 et 1480, elle-même partagée entre nef des fidèles et choeur liturgique, et une chapelle reliquaire bâtie entre 1485 et 1510, répondant aux besoins d´un important pèlerinage. Son chantier, qui apparaît comme un satellite de celui de la cathédrale quimpéroise, a pu à son tour servir de relais à la diffusion du nouveau style flamboyant dans le Porzay et le Cap Sizun.
Vitrail
Armoiries
Armes de Bretagne ; armes de France et de Bretagne ; armes de G. de Villeblanche.
Tour occidentale proche par son style de celles de la cathédrale de Quimper
classé MH
IM29001253 ; IM29001264 ; IM29001283 ; IM29001291 ; IM29001296 ; IM29001302 ; IM29001304 ; IM29001251 ; IM29001269 ; IM29001286 ; IM29001300 ; IM29001315 ; IM29001318 ; IM29001249 ; IM29001263 ; IM29001299 ; IM29001301 ; IM29001314 ; IM29001274 ; IM29001317 ; IM29001242 ; IM29001244 ; IM29001250 ; IM29001281 ; IM29001295 ; IM29001297 ; IM29001248 ; IM29001282 ; IM29001298 ; IM29001311 ; IM29001255 ; IM29001294 ; IM29001270 ; IM29001273 ; IM29001279 ; IM29001284 ; IM29001288 ; IM29001313 ; IM29001323 ; IM29001252 ; IM29001261 ; IM29001278 ; IM29001308 ; IM29001319 ; IM29001256 ; IM29001258 ; IM29001309 ; IM29001254 ; IM29001271 ; IM29001289 ; IM29001293 ; IM29001305 ; IM29001243 ; IM29001272 ; IM29001275 ; IM29001285 ; IM29001306 ; IM29001322 ; IM29001259 ; IM29001260 ; IM29001265 ; IM29001268 ; IM29001287 ; IM29001321 ; IM29001245 ; IM29001262 ; IM29001267 ; IM29001280 ; IM29001316 ; IM29001320 ; IM29001241 ; IM29001246 ; IM29001290 ; IM29001247 ; IM29001266 ; IM29001276 ; IM29001277 ; IM29001292 ; IM29001303
À signaler
Propriété de la commune
1969
(c) Inventaire général ; (c) Région Bretagne
1969 ; 1977 ; 2015
Mosser Françoise ; Ducouret Jean-Pierre ; Bonnet Philippe
Dossier individuel
Région Bretagne - Service de l'Inventaire du Patrimoine Culturel - 283 avenue du général Patton - CS 21101 - 35711 Rennes Cedex 7 - 02.22.93.98.35