Piscine
La piscine "Albatros" Lucien-Lahaye de Beautor
Hauts-de-France ; Aisne (02) ; Beautor ; De la Fosse (Rue)
Aisne
Tergnier
Zone de Loisirs
De la Fosse (Rue)
En écart
Jardin
4e quart 20e siècle
1977
Daté par source ; daté par source
Attribution par source ; attribution par source ; attribution par source ; attribution par source ; attribution par source ; attribution par source
Lahaye Lucien (commanditaire)
D’après un dossier conservé aux archives nationales, le prototype de piscine à toiture escamotable de l’architecte Daniel Montaut, lauréat du 5ème prix au concours nationale sur le thème des piscines transformables organisé par le Secrétariat d’Etat à la Jeunesse et aux Sports en 1969, aurait dû être construit à Beautor en 1971-1972. Le projet n’a vraisemblablement pas abouti.Il faut attendre la fin de l’opération Mille piscines et la ré-ouverture de la procédure d’agrément en 1976, pour que la ville de Beautor s’équipe d’une piscine, répondant à une volonté du maire de l’époque, Lucien Lahaye, qui a donné son nom à la piscine. Cette nécessité aurait été motivée (source orale) suite à la noyade d’un enfant de la commune. En outre, la ville de Beautor connaît une forte croissance dans les années 1960-1970. L’industrie métallurgique bat son plein, et le nombre d’habitants double presque en seulement deux décennies : 3595 en 1975, contre 2036 en 1954. Devant ce fort accroissement démographique et profitant de la manne financière de l’industrie et de la centrale thermique, la ville construit dans ses années un nombre important d’équipements et met en place de nouveaux services publics. La piscine s’inscrit au sein d’une zone de sports et de loisirs aménagée à la même époque. La municipalité choisit le modèle de piscine « Albatros 1500 » (agrément numéro 127), sans doute séduite par l’esthétique du bâtiment et son caractère modulaire et adaptable. Elle opte pour une version assez complète de la piscine Albatros, avec un bassin sportif avec plongeoir de 1 mètre et un bassin d’apprentissage complété par une pataugeoire. Cette piscine est prévue pour accueillir environ 560 baigneurs. Cet équipement répondait parfaitement à la volonté de satisfaire tous les usagers et de promouvoir avant tout l’apprentissage de la natation, préoccupation essentielle dans les années 1970. Les portiques en bois lamellé-collé sont entièrement préfabriqués en usine, et montés rapidement et directement sur place. Le reste de la construction est de type traditionnel. La piscine, construite en un an environ, est inaugurée le 5 mars 1977. Le dossier d’agrément du projet-type indique que le prix de la piscine est de 2 181 310 francs en janvier 1970. Considérant le choix de rajouter une pataugeoire, et l’inflation entre 1970 et 1977, le coût de revient de la piscine a dû être un peu plus élevé pour la commune. Elle a néanmoins sans doute obtenu une subvention de la part de l’État (comme c’est souvent le cas pour les piscines construites d’après un projet-type). Aujourd’hui, bien que connaissant des difficultés financières et certaines déficiences techniques (il n’y a pas de système de renouvellement de l’eau et l’isolation thermique ne semble pas très efficace), la piscine est toujours autant utilisée par les scolaires de la ville et des communes rurales alentours. Elle n’a connu que peu de rénovations, qui ont modifiés quelques minimes aspects de la piscine. Le parti architectural d’origine est parfaitement conservé. Ainsi, à l’origine la piscine était dotée de vestiaires avec casiers métalliques à clés, qui ont rapidement été changés pour un système plus traditionnel de porte-habits. Les bardages en verre profilit de la partie haute des façades ont été remplacés par des plaques en polyester translucide, car le verre a cassé lors d’une tempête. De même, les revêtements en micro-mosaïque des douches et des vestiaires, abîmés, ont été remplacés (sans doute dans les années 1990) par des carreaux de faïence. Les portes, à l’origine en bois, ont été remplacées par des portes sécurisées anti-incendies. Enfin, le plongeoir de un mètre a été supprimé. A la place, un petit toboggan a été installé sur le bord du bassin sportif.
Brique creuse
Acier en couverture
En rez-de-chaussée
Charpente en bois apparente
La situation La piscine de Beautor est située au sud et à l’écart de la ville (restant toutefois à proximité de celle-ci), entre deux bras de l’Oise. Elle s’inscrit dans un environnement naturel, autour d’un étang. La piscine comprend d'ailleurs un jardin, composé de pelouses ombragées par de grands arbres. Cet espace est aménagé en zone de sports et de loisirs. Cette zone comprend, notamment : un mini-golf, un stade, des courts de tennis. Cette insertion au sein d'espaces verts réponds parfaitement aux prescriptions du secrétariat d’État à la Jeunesse et aux Sports concernant les implantations des équipements sportifs et socio-éducatifs : « Leur exposition appellera la plus large participation d’espaces verts sous les formes les plus diverses : parcs, places et jardins publics, promenades largement plantées indépendantes des circulations automobiles, plans d’eau qui doivent affirmer la présence de la nature dans le paysage urbain en évitant toute banalisation et assurant la continuité de la coulée de verdure vers les autres quartiers ou le centre principal de la ville. » (Équipements sportifs et socio-éducatifs, Le Moniteur, 1972). L’aménagement intérieur de la piscine : les différents espacesAu droit de la porte d’entrée de la piscine, vitrée, une plaque indique le nom de la piscine et sa date d’inauguration. L’usager accède d’abord à un hall d’entrée comprenant la caisse. A sa droite, se trouve le « foyer », espace ouvert le bassin sportif, et comportant un local de rangement du matériel. De part et d’autre de la caisse se trouvent les entrées vers les vestiaires et les sanitaires, divisés entre ceux pour hommes et ceux pour femmes. Les vestiaires comprennent des cabines individuelles, et chacun un vestiaire collectif, et un local porte-habits. Les baigneurs accèdent ensuite aux douches, puis au bassin d’apprentissage après avoir traversé un pédiluve. De part et d’autre des vestiaires se trouvent le local des filtres et la chaufferie. Un bureau (pour le directeur et les maîtres-nageurs) et un local d’infirmerie, où est stocké également du matériel de secours, sont aménagés de part et d’autre du pédiluve.Un vaste hall abrite les trois bassins de la piscine. Le premier, bassin sportif, mesure 25 x 15 cm, pour une profondeur allant de 1,80 mètres à 3,40 mètres. Les extrémités du bassin sportif sont signalées par des quais, celui du côté le plus profond recevant les tremplins de départ des six lignes de nage. Dans le prolongement se trouve la pataugeoire (fermée par une barrière de sécurité), et à côté le bassin d’apprentissage de 12,50 x 15 mètres, d’une profondeur allant de 0,70 à 1,20 mètres. Cela représente environ 1000 m3 d’eau.Les trois bassins sont à débordement (goulotte type « finlandaise »). L’eau des bassins, affleurant ainsi les plages, crée une continuité, une perméabilité avec l’extérieur, les parois de la piscine étant entièrement vitrées. Le baigneur a ainsi presque l’impression de nager dans un cadre naturel. En outre, grâce à la lumière pénétrant généreusement de chaque côté, les bassins se présentent comme des miroirs d’eau reflétant la structure de la piscine. Enfin, les plages de la piscine sont prolongés en extérieur par des terrasses et de vastes pelouses ombragées par de grands arbres, où le baigneur peut profiter du soleil en plein air aux beaux jours. Il y accède grâce à des baies en verre Sécurit repliables, aménagés dans les façades longeant le grand bassin, le petit bassin et la pataugeoire. Trois pédiluves bordent ces ouvertures. L’assemblage et la conception architecturale des différents volumes du système « Albatros » à BeautorLe plan général, presque rectangulaire, résulte de la combinaison de 5 blocs imbriqués, au profil courbe, alternativement concave et convexe. L’ensemble est de plein pied, il n’y a ni étage, ni sous-sol. Deux premiers volumes à toiture concave, s’élèvant à une portée maximale de 4,3 mètres, abritent l’entrée et les annexes fonctionnelles. Les trois autres volumes (d’une hauteur de 7,9 maximum au-dessus du bassin sportif), abritant le bassin sportif (convexe), la pataugeoire (concave) et le bassin d’apprentissage (convexe), sont complètement imbriqués : ils ont ouverts les uns sur les autres. De l’extérieur, on distingue bien ces volumes aux toitures ondulés, évoquant des vagues, ou, comme le suggère le nom de la piscine, les ailes d’un albatros. Ces volumes sont constitués d’une ossature à portiques à hauteur variable en bois lamellé-collé (matériau souvent utilisé pour les piscines à partir des années 1960 car chaleureux et possédant des propriété mécaniques plus intéressantes que le bois massif). Chaque travée est formée de deux articulations, sur une trame de 6 mètres de large. Ce système modulaire et répétitif permet des variations de hauteur, assurant des volumes adaptés à chaque fonction. Cette charpente, entièrement préfabriquée en usine, est couverte au moyen de bacs en acier galvanisé autoportant. Cette couverture comporte, en sous-face, un flocage de vermiculite (absorption acoustique), au-dessus une couche de mousse de polyuréthane (isolation thermique), plus un complexe d’étanchéité multicouche avec asphalte ardoisé. La couverture est percée de quelques velux laissant pénétrer une lumière zénithale, éclairage complété par des néons électriques. Les volumes abritant les bassins sont fermés d’un bardage en verre Sécurit transparent pour les parties basses. Les parties hautes, au-dessus de la poutre horizontale en bois lamellé collé est en verre translucide Profilit en « U » de Saint-Gobain (aujourd’hui remplacé par du polyester translucide, qui présente un aspect un peu opaque depuis l’extérieur). Le volume d’annexes, plus bas, est fermé par une élévation de murs en briques creuses enduites, surmonté d’une bande en verre Profilit continue.Les matériaux de revêtement et les décorsTout comme le sol des annexes, les plages sont constituées d’une dalle en béton armé, nervurée et revêtue de carrelage grès-cérame micro-mosaïque de 1x1 cm. Les couleurs de ces mosaïques alternent nuances de bleu et de blanc crème / rose. Les bassins sont réalisés en béton armé coulé avec incorporation d’hydrofuge dans la masse. Ils sont revêtus de grès cérame de teinte blanche, avec des liserés bleus dégradés pour l’escalier permettant de descendre dans le petit bassin. Les cloisons autour des bassins non vitrées (notamment celles donnant sur les locaux techniques et vestiaires), sont parés de micro-mosaïque, qui forment un dessin de carrés concentriques, alternativement bleus et blancs. A l’origine, les parois des vestiaires et des douches étaient également revêtus de micro-mosaïque, aujourd’hui remplacés par des carreaux de faïence. Les gaines de chauffages, qui courent le long des parois à mi-hauteur, sont masquées par une enveloppe métallique peinte en orange et en jaune. Les façades extérieures des locaux d’annexes (en parpaings) sont, comme dans la halle de bassin, décorés de carrés concentriques réalisés en micro-mosaïque, alternant nuances de rouge brique/beige et blanc/beige/jaune/rose.Ainsi, comme on peut le lire dans une brochure sur la piscine Albatros, « la simplicité de mise en œuvre des matériaux, la simplicité des volumes, la continuité de couverture reliant les volumes concaves et convexes confèrent à l’ensemble une esthétique agréable et sobre, personnifiée par l’assemblage des volumes et le choix des couleurs ».
Mosaïque
Carré
À signaler
Propriété de la commune
2017
(c) Région Hauts-de-France - Inventaire général
2017
Schlosser Laurence
Dossier individuel
Conseil régional Hauts-de-France - Service de l'Inventaire du patrimoine culturel 21 mail Albert-Ier 80000 Amiens