Présentation de l'enquête thématique sur les canaux de la région Centre
Centre-Val de Loire ; Cher (18)
Oeuvre sur plusieurs régions : Centre, Bourgogne, Auvergne, Ile-de-France ; oeuvre sur plusieurs départements : Cher, Loiret, Indre-et-Loire, Loir-et-Cher, Yonne, Seine-et-Marne, Allier, Nièvre, Saône-et-Loire
Centre
Loire (la)
17e siècle ; 18e siècle ; 19e siècle
Initiée en 1994 par la conservation régionale des Monuments historiques, l'étude patrimoniale des canaux du Centre a porté sur un réseau de six canaux : les canaux de Briare (1604-1642) , d'Orléans (1676-1692) , du Loing (1719-1724) , de Berry (1807-1841) , latéral à la Loire (1822-1838) et de la Sauldre (1848-1885). Ils représentent environ 800 kilomètres de linéaire et traversent neuf départements répartis dans quatre régions. La Loire est au coeur de l'histoire des canaux du centre de la France. Sous l'Ancien Régime, elle est le cours d'eau le plus navigué du pays et assure une part importante du commerce de l'époque, c'est pourquoi il est nécessaire de la relier à la Seine et par là, à Paris. L'ouverture des premiers canaux du bassin, ceux de Briare et d'Orléans au XVIIe siècles et du Loing au XVIIIe siècle est due à la volonté d'unification politique du pays par la navigation intérieure et à la nécessité d'approvisionner la capitale. Ces réalisations s'appuient sur l'hypothèse d'une Loire navigable, ce qui n'est plus véritablement le cas au début du XIXe siècle. La profondeur d'eau devient insuffisante entre Digoin et Briare et rend la réalisation d'un canal latéral à la Loire inévitable. D'autres rivières connaissent des conditions difficiles de navigabilité comme le Cher auquel on va adjoindre un canal en partie latéral (le canal de Berry). Dans le même temps, une section de cette même rivière sera canalisée pour améliorer les conditions de navigation et la vallée du Cher est reliée à la Loire entre Saint-Amand-Montrond et Marseilles-les-Aubigny. Un petit canal d'intérêt plus local, le canal de la Sauldre, est également creusé au XIXe siècle au coeur de la Sologne. Le réseau des canaux du Centre présente aujourd'hui des caractères disparates, tant par des différences de gabarits que par la diversité des statuts des canaux qui le composent. Tandis que certains sont encore navigables (Briare, Loing, latéral à la Loire) , les autres sont déclassés depuis plusieurs décennies (Berry, Orléans, Sauldre). Les canaux encore navigués aujourd'hui ont été modernisés dans le cadre de la loi Freycinet (1879) à l'extrême fin du XIXe siècle. Ils connaissent un trafic important jusqu'à la seconde Guerre mondiale mais sont peu à peu abandonnés par le trafic commercial à la fin du XXe siècle. Actuellement, ce réseau modernisé il y a plus d'un siècle n'est plus compétitif pour le fret commercial. Il semble bien que l'avenir de ces voies d'eau réside dans le tourisme d'autant que le maintien de la vocation commerciale des canaux historiques exigerait une modernisation des structures dont la rentabilité économique est peu probable et supposerait des travaux sur tout un réseau. Cette modification de la destination première du canal engendre des aménagements appropriés, notamment la création de haltes nautiques mais aussi et surtout une mise en valeur du patrimoine lié au canal. Un patrimoine parfois prestigieux, on pense bien sûr au célèbre pont-canal de Briare, qui ne doit pas faire oublier d'autres sites exceptionnels tels que l'écluse ronde et la prise d'eau des Lorrains à Apremont-sur-Allier, le réservoir de Saint-Fargeau et quantité d'ouvrages plus modestes dont les qualités architecturales et techniques sont incontestables. Les canaux anciens posent le problème délicat du choix entre leur modernisation, nécessaire au trafic commercial, et la protection de leur ouvrages, parties constituantes d'un patrimoine à préserver. Au quotidien, conserver certains ouvrages anciens pose des problèmes réels de sécurité pour les agents responsables de leur entretien et de leur manuvre. Déjà à la fin du XIXe siècle, les modernisations des canaux ont détruit beaucoup d'éléments anciens. Ils ont aussi été l'occasion de construire d'autres ouvrages dignes d'intérêt, tels le pont-canal de Briare, des ponts-levis de halage ou encore l'usine élévatoire de Briare. En outre, les vestiges de l'ancien tracé ont souve nt été conservés lorsqu'un nouveau canal est réalisé (échelle d'écluses de Rogny, site de Mantelot à Châtillon-sur-Loire). La majeure partie du réseau des canaux navigables français est gérée depuis juillet 1991 par l'établissement public " Voies navigables de France ". Celui-ci a pour mission d'entretenir, de moderniser et d'aménager 6800 kilomètres de voies d'eau. Il est également chargé du développement des activités liées aux canaux, tourisme et fret commercial. Pour les canaux déclassés, qui n'ont souvent pas été entretenus durant plusieurs dizaines d'années, la situation est quelque peu différente. Lors de leur déclassement, ces voies d'eau ont généralement été remis aux Domaines pour être affectés à des services de l'Etat ou être aliénés. Ils sont aujourd'hui gérés par des collectivités locales ou par des syndicats. Ces voies ne sont plus navigables et leur mise en valeur est d'autant plus difficile à conduire. Le canal de Berry a été en grande partie abandonné à la végétation. Certaines sections sont remblayées et parfois le remembrement masque complètement l'ancien tracé de la voie d'eau. Des efforts importants sont pourtant déployés de la part des collectivités et d'associations locales pour l'entretien et la réhabilitation de ce canal. Des berges, des ouvrages, le système d'alimentation en eau, des plantations sont remis en état. La réouverture en cours de plusieurs sections laisse entrevoir de nouvelles perspectives. La navigation de plaisance, la pêche, les promenades sur les chemins de halage et l'attrait suscité par la faune aquatique et terrestre et par la flore sont autant de pôles d'intérêt. L'étude patrimoniale des canaux du Centre a permis de constituer un ensemble documentaire important et d'aboutir à une protection raisonnée au titre des Monuments historiques de certains sites caractéristiques ou exceptionnels. Une dizaine d'ouvrages ponctuels a été protégé depuis 1998. Les sites ont été sélectionnés en fonction de leur caractère exceptionnel ou représentatif, de leur intérêt architectural et historique et des aspects liés à l'histoire des techniques. D'autres éléments devraient être proposés prochainement à la protection au titre des Monuments historiques, notamment des ouvrages des canaux de Berry, de la Sauldre et latéral à la Loire.
Propriété publique,propriété privée
1994
© Inventaire général
2004
Mauret-Cribellier Valérie
Présentation de l'opération
Région Centre-Val de Loire - Service régional de l'Inventaire - 6 rue de la Manufacture 45000 Orléans – 02.38.70.25.06