Abbaye
Bourg : abbaye de la Sainte-Trinité
Centre-Val de Loire ; Eure-et-Loir (28) ; Thiron-Gardais
Parc naturel régional du Perche
Thiron-Gardais
Bourg
En village
12e siècle ; 13e siècle ; 15e siècle ; 2e moitié 17e siècle ; 1ère moitié 18e siècle
Attribution par source ; attribution par source
De Grimault Guillaume (commanditaire) ; de Grimault Léonnet (commanditaire)
L'abbaye bénédictine de Thiron a été fondée en 1114 par saint Bernard de Ponthieu. Son histoire est mise par écrit par un de ses contemporains, Geoffroy le Gros, cédant aux instances de l'évêque de Chartres, Geoffroy de Lèves. Après un premier établissement en forêt de Savigny, près de Fougère (Ille-et-Vilaine) et suite à une apparition, saint Bernard et quelques moines s'implantent à Thiron grâce à une donation de Rotrou, comte du Perche. En 1109, une première messe y est célébrée dans un sanctuaire construit en bois. Voyant d'un mauvais oeil cette installation, les moines clunisiens du monastère Saint-Denis de Nogent-le-Rotrou font pression sur les Rotrou pour récupérer la dîme des terres qu'occupait Bernard. Il quitte alors les lieux dont un oratoire (dit chapelle Sainte-Anne des Bois) marque aujourd'hui l'emplacement présumé. Bernard se met alors sous la protection de saint Yves et du chapitre de Chartres qui lui octroie un nouveau domaine près de Gardais par une charte de 1114. En 1116, Bernard meurt, deux ans après la fondation de son abbaye.La construction de l'église romane, vraisemblablement le premier édifice construit de l'abbaye, débute dans les années 1120 grâce aux dons des seigneurs locaux, notamment de la comtesse Béatrice (mère de Rotrou III). La construction des autres bâtiments du monastère débute au milieu du 12e siècle et se poursuit tout au long du 13e siècle. En témoigne l'épitaphe latine de la dalle funéraire de l'abbé Jean II de Chartres (1273-1297) visible à l'entrée de la nef, dont la traduction est la suivante : "Ici repose le vénérable père J.C., de bonne mémoire, Jean de Chartres, 15e abbé de cette église, qui fit construite ce chapitre et ce cloître et éleva ailleurs beaucoup d'autres bâtiments. Priez pour lui qui quitta ce monde le dernier jour de septembre de l'an du seigneur 1297".En 1428, les troupes anglaises, menées par Thomas de Montaigu, comte de Salisbury, incendient l'abbaye. Les abbés Guillaume de Grimault (1431-1453), puis son neveu, Léonnet de Grimault (1453-1498) la restaurent en grande partie et font reconstruire le choeur de l'église dans le style gothique. La grange aux dîmes ainsi que le colombier sont construits (ou reconstruits) sous l'abbatiat de Léonnet de Grimault (datations par dendrochronologie : entre 1492 et 1498 pour la grange dîmière, en 1496 pour le colombier).Tout au long du 16e siècle (et jusqu'au début du 17e siècle), des abbés commendataires célèbres se succèdent à la tête de l'abbaye : Jean du Bellay (1551-1561) ; Hippolyte d'Este, cardinal de Ferrare (1561-1563) ; Charles de Ronsard, frère du poète (1563-1575) ; le cardinal de Birague (1578-1582) et le poète Philippe Desportes (1582-1606). En 1629, répondant favorablement à l'invitation de Henri de Bourbon, les moines de la congrégation de Saint-Maur s'installent au monastère. Ils décident d'ouvrir un collège d'enseignement classique dans un bâtiment qui servait jusqu'alors de logis aux abbés. Dom Hilaire Pinet, moine en charge de l'architecture, dresse les plans du monastère de l'époque (en 1651) et projetés. Ce projet ambitieux ne verra jamais le jour, mais les mauristes marquent tout de même de leur empreinte le monastère avec la construction de l'officialité dans la seconde moitié du 17e siècle et la reconstruction du collège, probablement dans la première moitié du 18e siècle. De cette même époque semble dater la construction (ou reconstruction) des bâtiments à vocations artisanale et agricole (moulin, boulangerie, pressoir banal, étable, écurie, toit à porcs, abreuvoir, vivier, laboratoire, pharmacie et maison du médecin).En 1786, un incendie détruit une partie du monastère, dont la bibliothèque. Cinq ans après, en 1791, l'abbaye ferme et les bâtiments du monastère sont vendus comme Bien national à Étienne Taule qui démolit ce qui reste de l'abbaye. De 1802 à 1817, l'aile ouest du collège (ancien bras sud du transept) et le choeur de l'église s'effondrent.De nos jours, les bâtiments conventuels ont disparu. Il subsiste de l'abbaye l'ancienne église abbatiale, la grange aux dîmes, l'officialité (devenu presbytère), le colombier, le collège (partiellement), le laboratoire, la boulangerie, la maison du geôlier et la guérite du garde de l'abbaye.
classé MH ; inscrit MH ; inscrit MH
La grange dîmière en totalité (cad. AB 24), les façades et toitures des bâtiments de communs appartenant à l'abbaye (boulangerie, moulin, maison du médecin laïc, étable) (cad. AB 26-34), les façades et toitures du pigeonnier (cad. AB 62), les façades et toitures du collège et des bâtiments des classes (cad. AB 67-70), les vestiges d'aménagements hydrauliques, les vestiges du mur d'enceinte et les sols des parcelles constituant l'enclos abbatial (cad. AB 17 à 34 et AB 66 à 70) ( cad. AB 17-24, 26-34, 62, 63, 65, 66-70, 336) : inscription par arrêté du 28 septembre 2001 ; Église : classement par arrêté du 18 juillet 1912 - Façades et toitures du presbytère attenant (cad. AB 63) : inscription par arrêté du 17 octobre 1962.
Malgré les dommages causés par son démantèlement à la Révolution, l'ancienne abbaye de la Sainte-Trinité de Thiron conserve des éléments significatifs de l'architecture monastique des 12e, 13e, 15e, 17e et 18e siècles. Son histoire, déjà très étudiée et assez bien connue en dépit de la disparition de fonds d'archives conséquents, la préservation des vestiges architecturaux et archéologiques, les dimensions importantes de certains bâtiments (54 mètres de long pour 12 mètres de large pour la nef) et l'influence de l'ordre de Thiron, l'abbaye mère devenue chef d'ordre dont onze abbayes et plus de cent prieurés reconnaissent la suprématie, en font un édifice de tout premier niveau à l'échelle régionale.
Propriété publique ; propriété privée
2014
(c) Région Centre-Val de Loire, Inventaire général ; (c) Parc naturel régional du Perche
2014
Maillard Florent
Dossier individuel
Région Centre-Val de Loire - Service régional de l'Inventaire - 6 rue de la Manufacture 45000 Orléans – 02.38.70.25.06