Ministère
de la Culture
POP | Plateforme ouverte du patrimoinehôtel de Mirman
hôtel de Mirman






Référence de la notice
IA34000234
Nom de la base
Patrimoine architectural (Mérimée)
Producteur
Inventaire
Date de création de la notice
19 septembre 2000
Date de dernière modification de la notice
28 décembre 2025
Rédacteur de la notice
Sournia Bernard ; Vayssettes Jean-Louis
Mentions légales
(c) Inventaire général Région Occitanie ; (c) Montpellier Méditerranée Métropole
Désignation de l'édifice
Titre courant
hôtel de Mirman
Appellation d'usage
Hôtel de Mirman
Producteur
Inventaire
Dénomination de l'édifice
demeure
Localisation au moment de la protection ou de l'étude
Localisation
Occitanie ; Hérault (34) ; Montpellier ; 7 Place du Marché aux Fleurs
Aire d'étude pour le domaine de l'Inventaire
Montpellier centre
Canton
Montpellier
Adresse de l'édifice
Marché aux Fleurs (Place du) 7
Références cadastrales
1977 HP 282
Milieu d'implantation pour le domaine de l'Inventaire
en ville
Historique de l'édifice
Siècle de campagne principale de construction
Année(s) de(s) campagne(s) de construction
1634
Commentaire concernant la datation
porte la date ; daté par source
Auteur de l'édifice
Commentaire concernant l'attribution de l'édifice
signature ; attribution par source
Description historique
Résumé : au 15e siècle, demeure des Bucelli. La bâtisse du 13e-14e siècle est réaménagée pour Jean de Mirman par Simon Levesville entre 1634 et 1645, puis à sa suite pendant tout le 3e quart du 17e siècle. Le décor de gypserie de l'une des pièces se situe dans cette seconde fourchette. Remaniements importants vers 1770 (datation par le style).HISTORIQUELe plus ancien occupant identifié de cette grande demeure patricienne (qui date pour son gros oeuvre des Xllle et XlVe siècles) est Jean de Bucelli, négociant, auquel le compoix de 1469 attribue cet ostal grant ont demora, situât al camp nau. Le 24/03/1632, Jean de Mirman, seigneur de Lavagnac et Roquemengarde, trésorier de France, achète la maison pour 8500 livres (A. C. Montpellier, compoix de Saint-Firmin de 1614 [318] f°51, F56). Le 21/08/1632, achat d'une étable, sise à l'arrière de la parcelle (A. D. 34, IIE57/131 f°532). Le 29/04/1633, inféodation d'une ruelle arrière (A. D. 34, C 6190 f°162v°). Le 31/01/1634, achat de bois d'oeuvre (A. D. 34, IIE57/133 f°53v°). Par contrat du 28/02/1634, Jean de Mirman confie à Simon Levesville pour 4000 livres de travaux de réparations à sa maison comprenant la construction d'un nouvel escalier (A. D. 34, IIE57/133 f°114v°). Le fustier Jean Carrière est chargé le 29/07/1636, des travaux de charpente et de menuiserie (A. D. 34, IIE55/93 f°390) : ce dernier travail servira d'ailleurs de référence, deux ans plus tard pour les rénovations de l'hôtel de Sarret (6, rue du Palais : A. D. 34, IIE55/93 f°390, le 29/07/1636). Seconde apparition de Simon Levesville, le 12/01/1645, auquel est cette fois confiée, avec un curieux retard, la construction de la façade de l'escalier (A. D. 34, IIE57/144 f°9). Le même jour prix-fait passé avec le plâtrier Antoine Guy (A. D. 34, IIE57/144 f 12). Cependant Simon Levesville meurt quelques jours plus tard sans avoir comancé son travail. Le 26/01/1645, le prix-fait des ouvrages est transféré à Guillaume Prudhomme que le nouveau contrat contraint à réaliser en la mesme forme qui est portée par ledit contract de prix faict dudit jour doutziesme de ce mois (A. D. 34, IIE55/125 f°31v°). Les 27/06/1645 et 07/03/1648, nouveaux prix-faits passés avec Guillaume Prudhomme (A. D. 34, IIE57/144 f°182 ; IIE57/147 f°91v°). Ferronnerie du puits, signée PARIS (nom d'un compagnon) et datée de 1645. Importante réfection au XVIIIe siècle, non documentée, se situant vers 1770. Achat en 1782 par David Barrau, négociant en toiles peintes. En l'état actuel se discernent clairement, superposées aux structures médiévales, les interventions des années 1630-1640 et les retouches du XVIIIe siècle.La demeure médiévale.Malgré les remodelages qu'eut à subir la demeure à l'époque moderne, elle a conservé l'essentiel de son ossature médiévale et constitue l'un des exemples les plus complets, à Montpellier, d'une maison patricienne du Xllle-XIVe siècles. L'espace de sa cour centrale, prolongé par un porche couvert voûté d'ogives, est resté à peu près inchangé depuis l'origine, de même que les magasins aussi voûtés d'ogives et l'allée d'entrée voûtée en berceau. La salle se trouvait à l'étage, côté rue jusqu'où menait un escalier extérieur : desmolir les degrés quy servent à y monter [à la salle]. Par le même document nous savons que l'immeuble n'avait, à cette époque qu'un étage et que ses murs de façade (au moins ceux sur cour) étaient couronnés de merlons. Quelques précieux vestiges d'aménagements intérieurs médiévaux méritent d'être signalés : un fragment de fresque à thème de joutes découvert sur le mur d'une pièce du rez-de-chaussée (fin Xllle début XlVe) et un plafond à caissons, sculpté et peint, de style mudéjar, extraordinaire témoignage des échanges culturels ayant existé entre Montpellier et la péninsule ibérique pendant la première moitié du XlVe siècle : ces décors de grand luxe attestent que la prééminence de l'étage n'exclut nullement toute fonction noble au rez-de-chaussée.La loge à deux travées est un des spécimens les mieux conservés et les plus spectaculaires du genre à Montpellier. Ses doubleaux et nervures combinent des profils à tores et à gorges alternés, ainsi que des profils en talons et d'autres en tores amincis (ou en amendes), caractéristiques de la fin du Xllle siècle. Une clef de voûte présente la disposition caractéristique du style du règne de Philippe le Hardi, avec feuillage en touffe au milieu de la clef et en couronne sur son pourtour avec tête humaine relevée placée en exergue entre deux branches d'ogives. Le passage d'entrée est lui aussi remarquablement conservé et très caractéristique : une allée voûtée en plein cintre terminée vers la cour par un arc de tête chanfreiné reposant sur deux culots anthropomorphes représentant l'un, une tête de roi, l'autre une tête de reine tous deux portant des traces de polychromie (ocre jaune et ocre rouge).La technique du décor mural est celle caractéristique des autres décors peints contemporains : une détrempe sur enduit de sable et chaux. Le nombre des couleurs est très limité : ocre rouge, vermillon, ocre jaune, un bleu, un vert, plus quelques mélanges des précédentes, dont un gris teinté de bleu, le blanc et le noir. L'exécutant réalise le tracé des cadres, bandeaux, etc., par battage sur une esquisse préalable ocre rouge. Les formes sont ensuite posées par grands aplats, le dessin proprement dit venant en cernés noirs en tout dernier lieu. Le plafond peint ne peut être décrit à défaut d'un relevé méthodique et d'une étude approfondie de sa structure. Ses particularités sont le motif à rosaces sculptées (cas absolument isolé à Montpellier) et la présence de la frise historiée à récit continu tout à fait unique, l'usage dominant étant de saynètes ou de groupes sans lien narratif entre eux.La demeure classique :l'intervention de Levesville, en 1634, a essentiellement pour objet la rénovation des intérieurs, leur redistribution et l'adjonction d'un étage. Le prix-fait prescrit de réaliser cette rénovation à l'identique des ouvrages existants, c'est à dire en style gothique : : eslever les murailles du devant... de dix huit pans de hault par dessus le plancher de la salle, de la longueur de tout le bastimant et de pareille especeur et façon qu'elle est à présent... faire dans ladite muraille quatre croisières et demye à la gothique... à plomb de celles quy y sont faictes et de pareille façon. Nous tenons semble-t-il ici le premier emploi du mot gothique à Montpellier, les maçons locaux utilisant plutôt les mots à la moderne pour désigner ce genre d'ouvrage. Le mot gothique est savant et dénote une culture d'architecte, la culture en l'occurrence de Simon Levesville. Témoignant encore du même parti gothique, la clause du prix-fait prescrivait à l'entrepreneur de poser sur la muraille de la basse cour des créneaux pour l'orner. Ces raccommodages à l'identique n'auraient laissé, somme toute, que des traces d'assez médiocre intérêt, sans l'escalier, l'une des réussites absolues de l'architecte. Le type adopté est la vis. Elle s'éclaire sur cour par des baies en arc rampant, bordées de balustres tant plein que vuide. Le jeu rayonnant du plafond des marches qui accompagne dans leur mouvement ascendant les courbes des arcs, constitue une trouvaille architecturale d'une remarquable cohérence formelle. Il ressort des textes que ce parti, loin de s'être imposé d'emblée, résulte d'un repentir : le premier prix-fait prévoit en effet d'éclairer la vis par des fenêtres les plus grands que faire se pourra tant que le contour de ladite vis le pourra permettre. On ne sait si cette première intention fut réalisée. En tout état de cause, ce n'est qu'avec le second prix-fait, en 1645, que s'impose le choix définitif : quatre arcs de pierre... garnis de leur balustrade, chacun au devant de la vis pour en augmenter le jour... dont le premier sera soubaissé non rampant ; les deux suivant rampans... de la haulteur que pourra permettre le rampant des marches de la vis, et le quatriesme sera aussy soubaissé et eslevé d'une haulteur raizonnable pour l'ornement de la basse cour. Entre autres sujets d'intérêt, ce texte met remarquablement en relation l'emploi des balustres avec le besoin d'éclairage. A la réalisation, Prudhomme n'introduit qu'une menue variante, concluant le motif en parties hautes non sur la note statique de l'arc soubaissé prévu par son prédécesseur, mais sur l'accent dynamique d'un arc rampant. Au cours de cette grande réfection, est également transférée l'entrée de la demeure, du milieu de la façade à son extrémité gauche : cette nouvelle entrée fait déboucher l'arrivant sous la loge gothique, lui permettant de découvrir, face à lui, la magnifique vis ouverte. La préoccupation d'effet scénographique que révèle un tel remaniement est fort intéressante : on recherche manifestement l'effet de surprise, et l'escalier se définit bien ici comme le morceau vedette de la maison, l'objet qui classe le maître de la maison. L'escalier moderne prend clairement la suite, dans la hiérarchie des motifs de distinction de la demeure, du degré médiéval. Le prix-fait de 1645 traduit bien d'ailleurs ce rôle éminent, les arcs devant être ouverts, spécifie-t-il, pour l'ornement de la basse cour. Telle quelle cette vis ouverte, le quatrième escalier ouvert daté que nous connaissions, nous semble prendre rang comme l'une des premières, le prototype d'une série dont les suiveurs de Levesville donneront plusieurs variantes, notamment Delane et Prudhomme à la maison consulaire (aujourd'hui détruite).Intérieurement la campagne de Levesville-Prudhomme remodèle en profondeur la distribution à l'antique. Elle conserve la salle d'étage mais tend à mettre l'organisation du reste du logis en conformité avec les nouveaux standards de vie de la famille aristocratique. En particulier on peut remarquer que la maison disposait d'une cuisine à l'étage, regardant vers l'impasse Montferrier. Pour laisser passer l'escalier en vis, on la supprime et on l'éloigne du logis en aménageant l'une des anciennes salles basses en cuisine (celle où se trouvait la peinture murale à la joute chevaleresque). L'art de vivre à la mode met la cuisine le plus loin possible de l'habitation. A l'étage quelques chambres isolées sont aménagées en appartements : celui de monsieur et celui de madame. C'est la plus ancienne mention connue de logements séparés du couple. La vis prend place en transition des appartements de monsieur et de madame. Au premier étage la vis se dégageait latéralement par une sorte de vestibule ou passage ouvrant sur l'escalier par une arcade, en tout ronde, garny d'une parabande..., pour aller de ladite vis à la salle. Dans l'architecture de Levesville ce trait est récurrent : à l'hôtel d'Audessan en témoigne par exemple, avec à l'étage un spacieux vestibule prolongeant et dégageant le palier. Les appartements ne commencent qu'au delà. Il faut noter que le transfert de l'entrée, sous Levesville, n'avait pas entraîné la condamnation définitive de l'entrée gothique : celle-ci reste fonctionnelle (peut-être pour le service) jusqu'au XVIIIe siècle puisque l'encadrement de cette entrée est remodelé ainsi que l'arc de tête du passage côté cour. A moins qu'il ne se soit s'agit d'une réaffectation passagère de cette entrée. Vraisemblablement c'est à la même époque que sont refaites les fenêtres des deux étages et qu'elles sont converties en italiennes couvertes en davilertes. Un peu plus tard, croyons-nous vers 1770, est remodelée la grande porte, celle donnant accès à la loge. C'est alors qu'est détruite l'entrée de Levesville (que ne décrit malheureusement pas le prix-fait) et qu'est édifiée la superbe porte en coquille actuelle avec son agrafe en forme de lion, dont le style évoque fortement Jean Antoine Giral. A l'intérieur de la maison il faut mentionner l'exceptionnel décor de gypseries d'une chambre du premier étage, sur le thème des vertus théologales : quatre médaillons aux écoinçons du plafond au figures allégoriques de la Tempérance, la Charité, l'Autorité et la Justice (nous datons ce décor des années 1660). La tradition médiévale de l'iconographie des vertus appliquées à la demeure privée trouve là son prolongement classique. Les dessus de porte et le trumeau de la cheminée appartiennent au même programme décoratif.
Description de l'édifice
Matériaux du gros-œuvre
calcaire ; moyen appareil
Matériaux de la couverture
tuile creuse
Description de l'élévation intérieure
2 étages carrés
Typologie du couvrement
voûte d'ogives
Emplacement, forme et structure de l'escalier
escalier dans-oeuvre : escalier en vis ; cage ouverte
Commentaire descriptif de l'édifice
maison médiévale en quadrilatère sur cour ayant gardé son passage d'entrée, sa loge à deux travées, le plafond peint d'une grand-salle et les restes de décoration peinte d'une autre salle. Redistribution à la moderne au 17e siècle et création de la vis ouverte.Situation : La façade faisait vis à vis au couvent des Capucins, démoli à la révolution.Composition d'ensemble : le déplacement de la porte d'entrée de la vieille allée gothique à la place qu'elle occupe à présent, a permis d'introduire l'arrivant dans le porche couvert d'où il peut appréhender de face l'escalier auquel on accède par un perron rond de deux degrés, prévu parle prixfait de 1645, sûrement reconstruit depuis.Structure : Corps simples assemblés en quadrilatère sur cour.Elévations : La façade sur rue présente des traces de grandes baies gothiques (Xllle-XIVe siècle au premier étage) ; et des traces fenêtres à croisées de type flamboyant pastiches du XVIIe siècle. Sur cour des fenêtres à croisées du XVIIe siècle sont murées mais encore visibles.
État de conservation
restauré
Date de l'enquête ou du récolement
1987
Statut juridique, intérêt, protection et label
Date et niveau de protection de l'édifice
1943/09/16 : inscrit MH
Statut juridique
Statut juridique du propriétaire
propriété privée
Références documentaires
Cadre de l'étude
Typologie du dossier
dossier individuel
Date de rédaction de la notice
1994
Mentions légales
(c) Inventaire général Région Occitanie ; (c) Montpellier Méditerranée Métropole
Sources complémentaires
Adresse de conservation et consultation du dossier
Conseil régional Occitanie - Direction de la Culture et du Patrimoine - Service Connaissance et Inventaire des Patrimoines - 22, bd Maréchal Juin 31406 Toulouse cedex 9 - Espace Capdeville, 417 Rue Samuel Morse, 34000 Montpellier - 05.61.39.62.47
Voir aussi
URL vers le dossier complet de l'Inventaire

Référence de la notice
IA34000234
Nom de la base
Patrimoine architectural (Mérimée)
Producteur
Inventaire
Date de création de la notice
19 septembre 2000
Date de dernière modification de la notice
28 décembre 2025
Rédacteur de la notice
Sournia Bernard ; Vayssettes Jean-Louis
Mentions légales
(c) Inventaire général Région Occitanie ; (c) Montpellier Méditerranée Métropole
Contactez-nousEnvoyer un courriel