Les aménagements portuaires de la Loire : commune de Tours (Indre-et-Loire
Centre-Val de Loire ; Indre-et-Loire (37) ; Tours
Région Centre-Val de Loire
Durant l'Antiquité, la berge gauche de la Loire à Tours est située beaucoup plus en sud qu'aujourd'hui, particulièrement à l'ouest de la ville où la distance séparant la rive antique et la rive actuelle mesure environ 160 mètres au droit de Saint-Julien et environ 250 mètres au droit de la place de la Victoire. Nous ne savons que très peu de choses concernant les dispositifs portuaires pour cette période : des aménagements de berges vers le milieu du 1er siècle après J.-C. et une rampe d'accès au fleuve faisant office d'embarcadère datée du 2ème siècle après J.-C. Ces éléments ont été mis au jour lors d'une fouille archéologique en 2010 sur la rive gauche, au niveau des 33-39 rue Courteline et des 1-15 rue de la Madeleine (à l'ouest de la ville).Un pont est attesté sur la Loire à Tours dès le 1er siècle après J.-C. Il était situé un peu en amont de l'actuel pont Wilson. Un autre pont antique est établi au IVe siècle, un peu en amont de l'actuelle passerelle Saint-Symphorien. Il faudra ensuite attendre le début du XIe siècle (vers 1034) pour voir la réalisation d'un nouvel ouvrage d'art par le comte de Tours Eudes II. Il sera utilisé jusqu'à la fin du XVIIIe siècle.Durant la période médiévale, on trouve mention, côté rive droite, du port de l'abbaye de Marmoutier (dès le IXe siècle) et du port de Saint-Cyr (à partir du XIIe siècle) et côté rive gauche, de l'amont vers l'aval, des ports de la Foire le Roi, de l'Ecouerie, et de Bretagne (XIVe siècle).Le port de Saint-Cyr (rive droite) est cité depuis le XVIe siècle.Jusqu'au début du XVIIIe siècle, les murailles forment une séparation entre le fleuve et la ville : seules les portes percées dans l'enceinte assurent un accès à la Loire. Il semble que, jusqu'à cette époque, la municipalité s'intéresse assez peu aux avantages qu'elle pourrait tirer du fleuve : on trouve néanmoins mention de ports tels que ceux de Montfumier et de l'Ecouerie en 1738. De même, la ville ne bénéficie que de voies de communication mal agencées et parfois impraticables. La seconde moitié du XVIIIe siècle voit à Tours la réalisation de travaux importants : construction d'un nouveau pont de pierre entre 1765 et 1778, aménagements urbains (percement de l'actuelle rue Nationale, aménagement des terrasses des Carmélites et de Saint-Julien), accélération du démantèlement des murailles (années 1770-1780) marquant une volonté d'ouvrir la ville sur le fleuve, surélévation et aménagement de quais le long de la Loire.Un plan datable du milieu des années 1770 représente les quais à construire dans toute la longueur de la ville (rive gauche) et mentionne, de l'amont vers l'aval, une cale près de la tour Heugon (port Marquet), une cale au droit de la place de la Foire le Roi, une cale double en amont du nouveau pont, une cale en aval du nouveau pont et une cale au droit de la rue Saint-Martin (correspond probablement au port des Trois Barbeaux). Les nouveaux ouvrages empiètent sur le lit de la Loire et recouvrent de ce fait les anciens aménagements portuaires. Le plan dressé en 1818 par Jacquemin Bellisle mentionne vis à vis de la ville (rive gauche) cinq cales abreuvoirs simples orientées vers l'aval.Les importants travaux effectués sur les bords de Loire à la fin du XVIIIe siècle se révèlent néanmoins insatisfaisants en raison du déplacement du thalweg vers la rive droite. Les bateaux abordent difficilement du côté de la ville à cause du manque d'eau. En 1786, l'ingénieur Desmarie rapporte en effet que, depuis la construction du nouveau pont et la suppression de l'île Saint-Jacques, le lit de la Loire s'est trouvé élargi et le cours d'eau s'est porté du coté de la rive droite ; les ports établis du côté de la ville se trouvent désormais à sec et d'aucune utilité pendant la plus grande partie de l'année. Pour remédier à cet inconvénient, il demande qu'il soit fait une digue depuis Marmoutier jusqu'au pont neuf pour diriger l'eau vers les ports de la ville. Il semble que durant l'année suivante une digue longitudinale soit en effet établie depuis l'amont des vestiges de l'ancien pont d'Eudes II jusqu'en aval de la tête de l'île Simon. La partie amont de cette digue est reconstruite sur 468 mètres de long en 1832 et 1833.En 1840, un ensemble de digues submersibles est mis en place entre Montlouis et Tours dans le but de maintenir le chenal navigable contre le port de la ville. Deux ans plus tard, l'ingénieur en chef Lemierre rapporte que les travaux d'endiguement aux abords de Tours laissent encore beaucoup à désirer et qu'il est nécessaire de les améliorer. Certains plans du début du XIXe (cadastre napoléonien de 1833, carte de Coumes de 1848) figurent des cales sur la rive droite en amont du pont de pierre. Ces ouvrages, aujourd'hui disparus, ont probablement été abandonnés suite à l'établissement des digues destinées à diriger le chenal vers la rive gauche. Sur cette rive, seuls les ports de Saint-Cyr et de Portillon se sont maintenu car situés plus en aval.Côté rive gauche, le creusement d'un canal de jonction entre la rivière du Cher et la Loire entre 1824 et 1828 modifie les habitudes des mariniers qui devaient parcourir un long détour (plus de 30 kilomètres) via le bec du Cher à Villandry pour relier le fleuve à son affluent. Il existait bien une jonction naturelle aménagée à l'ouest de Tours, appelée ruau Sainte-Anne, mais elle avait été comblée durant les années 1770. Avec le canal de jonction, la marine de Loire bénéficie dorénavant d'un refuge supplémentaire pour abriter les bateaux durant les périodes hivernales : la gare d'eau située à l'extrémité nord du canal. En outre, un port est aménagé à l'embouchure du canal, côté Loire, durant le troisième quart du XIXe siècle. La carte de la ville de Tours dresse en 1836 un état des lieux des aménagements portuaires de la rive gauche : de l'amont vers l'aval, l'embouchure du canal de jonction, trois cales abreuvoirs simples en amont du pont de pierre, un terre plein (cale abreuvoir en long ?) de part et d'autre du pont de pierre, deux cales abreuvoirs simples en aval du pont de pierre.Le 28 décembre 1830, est arrêté un règlement concernant la police des quais, ports et promenades publiques de la ville de Tours dont la surveillance est confiée à un garde port. Ce texte précise notamment les points de débarquement et d'embarquement, les lieux de dépôts provisoires de marchandises, les lieux de stationnement des bateaux vides, des bateaux lavoirs et des bascules à poissons. On y apprend qu'il est défendu d'encombrer les ports, la manière dont il faut entreposer les marchandises, le mode de déclaration des marchandises à la mairie. Malheureusement, aucune dénomination de port n'est spécifiée.En 1832, la municipalité décide, avec l'accord de l'administration des Ponts-et-Chaussées, d'affermer une partie des ports et quais de Tours ; certains emplacements sont dorénavant affectés aux marchands de la ville, aux marchands forains ou au déchirage des bateaux pour 15 centimes le m². Seul le quai situé en aval du pont de Tours est laissé au commerce car il est attenant au meilleur port de la ville, celui des Trois Barbeaux.Des travaux importants sont réalisés au milieu du XIXe sur la rive gauche de la Loire à Tours. Devant l'état déplorable du port de Tours, un nouvel aménagement portuaire est réalisé de part et d'autre du pont de pierre (actuel pont Wilson) de 1849 à 1853. En outre, la menace des crues du fleuves (1846 et 1856 notamment) poussent la municipalité et l'Etat à proposer une défense efficace de la ville contre les inondations : les quais de la rive gauche sont complètement refaits durant le troisième quart du XIXe siècle, entraînant la réalisation de nouveaux aménagements portuaires aux abords des ponts suspendus de Saint-Symphorien et Bonaparte.Les listes des principaux ports sur la Loire en Indre-et-Loire en 1857 et 1862 mentionnent à Tours, les ports de l'embouchure du canal, de Tours, de Saint-Cyr et de Portillon.D'après les ingénieurs, l'arrivée du chemin de fer à partir du milieu des années 1840, ligne Tours / Orléans en 1846, ligne Tours / Saumur en 1848, ligne Tours / Le Mans en 1858, a un impact direct sur le trafic en Loire à Tours. La baisse de ce trafic est en effet très importante dès le milieu des années 1850 puisqu'elle chute de plus de moitié : 172 688 tonnes (descente et remonte) en 1850, 70 000 tonnes en 1858. Au début du XIXe siècle, les marchandises transportées sur la Loire à Tours consistent notamment en épiceries, bois de construction (et autres types de bois), vins, ardoises, briques, charbon de terre, blé, farine, légumes secs. Les archives ne donnent malheureusement pas plus de précision sur ce sujet.En 1936, la perspective de la Loire qui s'étend à Tours de la place Choiseul à la place Anatole France est classée au titre des sites.
La ville de Tours est établie de part et d'autre de la Loire. Elle bénéficiait de multiples aménagements portuaires sur le fleuve.Actuellement, on observe sur la rive droite, de l'amont vers l'aval : - une cale abreuvoir simple située vis à vis de l'abbaye de Marmoutier- le port de Portillon (rive droite en aval du pont Wilson) comprenant une cale abreuvoir simple dite cale de la Bretèche- le port de Saint-Cyr (rive droite, vis à vis du bourg de Saint-Cyr mais sur la commune de Tours) comprenant une cale abreuvoir simpleSur la rive gauche, de l'amont vers l'aval :- le port d'entrée du canal de jonction Cher / Loire composé d'une cale en tablier à quai incliné et d'une cale abreuvoir simple- une cale en tablier à quai incliné aux abords de la passerelle Saint-Symphorien- le port de Tours situé de part et d'autre du pont Wilson et comprenant une cale en tablier à quai incliné, une cale abreuvoir simple et une cale abreuvoir simple moderne (non étudiée)- une cale en tablier à quai incliné située de part et d'autre du pont Napoléon- une cale abreuvoir simple située au niveau de la rue du 501ème régiment de chars de combatA ces ouvrages, s'ajoute le quai établi sur la rive gauche, depuis l'entrée de l'ancien canal de jonction jusqu'en aval du pont Napoléon.
2010
(c) Région Centre-Val de Loire, Inventaire général
2011
Mauret-Cribellier Valérie
Présentation de l'aire d'étude
Région Centre-Val de Loire - Service régional de l'Inventaire - 6 rue de la Manufacture 45000 Orléans – 02.38.70.25.06