Abattoir
Entrepôt public
Abattoir, actuellement entrepôt public
Centre-Val de Loire ; Loiret (45) ; Beaugency ; 17 rue de l'Abattoir
Beaugency
Abattoir (rue de l') 17
1981 F 444
En ville
3e quart 19e siècle
Entre 1836 et 1853, le projet de construction d'un abattoir fut plusieurs fois soulevé à Beaugency et repoussé. Ce n'est finalement qu'en 1860 que le principe en fut définitivement acquis par la municipalité et avalisé par le décret impérial du 6 octobre 1862. A cette occasion, Pandellé, le maire, choisit de transformer en abattoir l'ancienne chapelle médiévale Saint-Michel alors désaffectée (voir dossier IA45000157). Il fallut donc l'acheter ainsi que le terrain environnant à mademoiselle Marguerite Virginie Couillard. Ce dernier de 2 ha 38 a, anciennement cimetière jusqu'en 1760, servait au labour, à la pousse de la luzerne et de carrière. Cette volonté communale souleva un tollé de la part de nombreux balgentiens dont l'abbé Piau, curé de l'église Notre-Dame (environ 600 signatures contre). A cette occasion paru un opuscule signé du Dr pellieux, frère du peintre Jourdain-Pellieux. Il écrivait entre autres : "Je proteste contre le choix de l'emplacement au nom de la religion, de l'archéologie et de la morale, et je m'oppose à un projet qui serait la profanation d'un sanctuaire et la mutilation d'un monument historique, et qui mêlerait le sang des animaux à la cendre des morts", et plus loin : "Ne faites pas de cette église un abattoir, ne faites pas du lieu où notre culte a présidé aux mystères les plus vénérés, le lieu où les boeufs et les pourceaux seront égorgés ; ne l'exposez pas aux grossières plaisanteries des gens qui, dans le sanctuaire où le Saint Sacrifice s'est accompli pendant des siècles, viendront abattre leurs victimes. Quoique ravie au culte depuis de longues années, cette église ne garde pas moins les sépultures et les ossements des ancêtres de la population actuelle... Elle se révolte à l'idée que la terre qui les recouvre sera imprégnée du sang des bestiaux et recevra les issues et les fumiers des plus immondes animaux..." Le conseil départemental des Travaux publics, dans ses P.V. de janvier et mars 1861, montra qu'il n'était pas d'avis de transférer cette fonction dans la chapelle afin d'éviter "des susceptibilités qu'il convient de respecter". Finalement, à la demande de la municipalité, l'architecte-voyer de la commune dessina un nouveau projet n'impliquant plus la chapelle qui fut alors rasée, mais ses matériaux furent réutilisés pour construire l'abattoir. Jean-Baptiste Lorgeou, tailleur de pierre, et les frères Alexis et Edouard Body, charpentiers, obtinrent le bénéfice des travaux début 1863 à la suite d'un marché de gré à gré, personne ne s'étant présentée lors de l'adjudication du 28 décembre 1862. Le certificat de réception des travaux date du 22 septembre 1865. L'abattoir fonctionna jusqu'en 1986. Actuellement il sert d'entrepôt aux services techniques de la ville.
Calcaire ; moellon ; enduit
Ardoise
Plan allongé
3 vaisseaux
Élévation ordonnancée
Toit à longs pans ; appentis
Abattoir à 3 vaisseaux ; le vaisseau central servant à l'abbatage des animaux s'ouvre par deux imposantes portes cintrées à chaque extrémité ; les bas-côtés sont subdivisés chacun en 5 locaux où l'on pendait les quartiers de viande à des crochets et les carcasses à un palan central accroché à une poutre ; l'élévation est comparable à celle d'une église avec ses bas-côtés en appentis plus bas que le vaisseau central ; à l'extérieur 2 appentis en longueur, parallèles au bâtiment principal, contenaient chacun 5 étables.
Affaire intéressante par la polémique impliquant religion et politique locale d'aménagement qu'elle engendra à Beaugency sous le Second Empire. Relevons que l'édifice ressemble à s'y méprendre à une église. Signalons également la polémique entre Mérimé et le maire précédent, Lorin de Chaffin, qui désira détruire l'ancienne église Saint-Etienne.
Propriété de la commune
2001
© Inventaire général
2001
Bontemps Daniel
Dossier individuel
Région Centre-Val de Loire - Service régional de l'Inventaire - 6 rue de la Manufacture 45000 Orléans – 02.38.70.25.06