Maison
D'apothicaire
Maison d'Adam et Eve ; maison d'Adam ; maison de l'Arbre-de-Vie
Maison d'apothicaire, dite maison d'Adam et Eve ou maison d'Adam ou maison de l'Arbre-de-Vie
Pays de la Loire ; Maine-et-Loire (49) ; Angers ; 1 place Sainte-Croix
Angers intra-muros
Angers Centre
Centre-ville (quartier)
Sainte-Croix (place) 1
1840 H2 1149 ; 1980 DE 13 ; 1999 DE 13
En ville
Cour ; boutique ; puits
4e quart 15e siècle
1er quart 19e siècle ; 3e quart 20e siècle
1491
Daté par source
Lefèvre Jean (commanditaire) ; Lebreton Jean (commanditaire)
Cette célèbre maison est datée avec précision grâce à une dendrochronologie effectuée en 2001 sur la charpente de toit et situant la construction peu après 1491, année d'abattage des bois. Selon les sources fiscales de l'Ancien Régime, le commanditaire était un apothicaire du nom de Jean Lefèvre ou Jean Lebreton ; fille (?) du premier et veuve du second, Renée Lefèvre s'en déclare propriétaire en 1526. La famille Lefèvre occupe déjà les lieux en 1415, date à laquelle un certain Pierre déclare au chapitre Saint-Maurice le logis préexistant dit du Minage, déjà qualifié de grande maison. Le marchand et notable Jacques Richard (futur maire, qui fera reconstruire l'hôtel voisin de Thévalle) , détient ensuite la maison d'Adam par sa femme, fille de l'apothicaire René Berthaut succédant à Lebreton (source de 1544). D'autres notables y seront établis, dont deux juges consuls de la juridiction des marchands, Jean Jolivet en 1686 (marchand de draps de laine) et son gendre Michel Adam en 1714 (marchand de draps de soie). Ce dernier patronyme n'est pas à l'origine de l'appellation. En effet, les différentes désignations liées aux figures sculptées sur le poteau d'angle du rez-de-chaussée remontent au moins au 17e siècle : maison d'Adam et Eve dans un censif de 1684, autrefois maison d'Adam dans la vente de 1686, maison de l'Arbre de vie dans celle de 1714. La description de la ville d'Angers faite en 1778 par le prêtre Julien Péan de la Tuillerie ne mentionne de ce logis que le poteau d'angle, remarqué pour son iconographie. A la Révolution sont détruites les grandes figures en pied d'Adam et d'Eve (avec le serpent) de part et d'autre du pommier, seul à rester en place. L'intérêt pour l'ensemble des façades sculptées et peintes apparaît dans une description de 1834 par Jacques-André Berthe, autre chroniqueur du temps. Signalant le vandalisme révolutionnaire, il déplore les remaniements survenus vers 1814 : modification du grand pignon par une demi-croupe sur la place Sainte-Croix, suppression des fermes de tête des lucarnes à pignons sur la rue Montault, plâtrage du hourdis de briques apparentes. Cet état perdure jusqu'à la restauration des façades, sous la conduite de Bernard Vitry, architecte des Monuments historiques, et de son correspondant local, Henri Enguehard : les travaux, entre 1951 et 1954 place Sainte-Croix, voient le rétablissement du grand pignon et la réfection des poteaux sculptés à partir du troisième étage carré. La sculpture est alors confiée à Marcel Mainponte, établi à Bagnolet. Puis les travaux se poursuivent rue Montault, entre 1964 et 1967. La dernière et lourde restauration fut entreprise en 1994 sous la direction de l'architecte des Monuments historiques, Gabor Mester de Paradg. La distribution d'origine des parties communes fut néanmoins conservée, couloir, escalier ainsi que les portes palières en plein-cintre du 2e étage (sauf leurs vantaux de portes, en place avant 1994). Dans ce dernier chantier fut incluse la maison voisine du 17 rue Montault, attachée à la maison d'Adam depuis le 16e siècle (propriété Richard en 1544). Les deux logis étaient auparavant reliés sur la courette par une galerie d'étage refaite dans la 2e moitié du 19e siècle, supprimée lors de la dernière restauration. Ils sont désormais indépendants avec étages divisés en appartements. Seuls les rez-de-chaussée à usage commercial sont rassemblés et dévolus, depuis 1992, à la boutique de La maison des artisans. Les musées d'Angers conservent dans leurs réserves un fragment de poteau sculpté figurant un porteur de fagots et un culot représentant un chien (celui-ci donné en 1840 par la veuve Loiron, alors propriétaire).
Bois ; pan de bois ; brique ; enduit partiel ; tuffeau ; grand appareil ; moyen appareil ; schiste ; moellon sans chaîne en pierre de taille ; enduit
Ardoise
Sous-sol ; entresol ; 3 étages carrés ; 2 étages de comble
Voûte en berceau segmentaire ; voûte d'ogives
Élévation à travées ; élévation ordonnancée
Toit à longs pans ; pignon couvert ; noue ; appentis
Escalier dans-oeuvre : escalier en vis sans jour, en maçonnerie
Parcelle d'angle, de plan presque carré, d'environ 8 m x 10 m. Corps de logis unique en L, avec courette postérieure, où prend jour la grosse vis circulaire de pierre (2, 60 m de diamètre intérieur) ; celle-ci est accessible par un couloir latéral (éclairé sur la place par une porte surmontée d'un jour) et dessert deux grandes pièces en profondeur sur la rue Montault. La demeure est à trois étages carrés et deux étages de combles : ces derniers s'éclairent dans le large pignon unique de la façade principale, place Sainte-Croix, et par la double lucarne monumentale de la façade latérale, rue Montault. La présence d'un petit entresol n'est pas assuré, ses éventuelles traces dans la cage d'escalier (marche palière et portes murées) pouvant également correspondre à des remplois de la "grande maison" précédente. La couverture principale est faite de deux longs pans, sur l'un desquels s'appuient, par des noues, les longs pans des grandes lucarnes latérales (rue Montault). Les deux façades sur rues (sud et ouest) sont en pan de bois sur un solin de pierre. Les élévations sur cour (nord et est) sont en tuffeau et les murs mitoyens en maçonnerie mixte. La mise en oeuvre du pan de bois est élaborée : étages en surplomb sur poteaux élargis, panneautage à losange (motif créé par l'assemblage à tenons et mortaise de décharges et de guettes faiblement espacées) , hourdis originellement en brique, puis en mortier de ciment (1952) , actuellement en iso chanvre. Sur la façade principale (côté place) , les sablières sont dédoublées à chaque niveau et prennent appui sur un poteau central. Trois "avancements" sur la voie publique sont dûment signalés en 1544 : la tourelle d'angle "en forme d'escriture ou comptouer à pans" s'élevant sur les deux premiers étages carrés, le petit avant-corps de la rue Montault assurant un minuscule passage en surplomb "pour aller d'une chambre à l'autre" à chacun des trois étages carrés, ainsi qu'une avancée sous la chaussée (probable descente de cave, non retrouvée). Les poteaux et sablières moulurées portent un riche décor sculpté, encore polychrome au début du 19e siècle (étudié dans la base Palissy). D'aspect homogène, les caves du sous-sol sont voûtées en berceau segmentaire et appareillées en tuffeau ; à l'exception du palier d'escalier voûté d'ogives chanfreinées. Accessible à ce niveau, le puits adossé au mur mitoyen du 17 rue Montault présentait aussi une ouverture dans l'angle nord-est de la cour (aujourd'hui transformée en porte).
Sculpture (étudiée dans la base Palissy) ; menuiserie
Plis en serviette
Au deuxième étage, les deux portes sur l'escalier conservaient encore des vantaux à pli en serviette.
Maison marchande des XVe-XVIe siècles : façade en pan de bois, structure savante (type A1a).
Restauré
1922/09/28 : classé MH partiellement
Façades : classement par arrêté du 28 septembre 1922.
À signaler
Sous-sol ; élévation ; escalier
L'une des plus célèbres maisons en pan de bois gothiques de France. Sa datation précise et l'identification du maître d'ouvrage - un apothicaire, homme de savoir et commerçant fortuné - ajoutent à l'intérêt de la maison d'Adam, grande référence locale dans cet art de bâtir : les belles façades à motifs losangés de l'élite marchande angevine s'inscrivent dans son sillage tout au long du 16e siècle, sans jamais atteindre un tel gabarit. Seule pouvait lui être comparée, par la monumentalité et la richesse décorative, la maison Girard-Abraham sur la place Romain, alter ego de la fin de la Renaissance, qui fut détruite en 1871. Il est dommage que la restauration de la maison d'Adam n'ait pas été précédée d'une étude archéologique de bâti qui aurait peut-être aidé à résoudre certaines interrogations sur les remplois antérieurs, notamment dans la cage d'escalier.
Propriété de la commune
1982
© Région Pays de la Loire - Inventaire général ; © Ville d'Angers
1990
Letellier-d'Espinose Dominique ; Biguet Olivier
Dossier individuel
Région Pays de la Loire - Centre de ressources 1, rue de la Loire - 44966 Nantes cedex 09 - 02.28.20.54.70