Hôtel
Hôtel dit château Gaillard, 2 rue Noé (Vannes)
Bretagne ; Morbihan (56) ; Vannes ; Noé (rue) 2
Vannes
Noé (rue) 2
1807 I3 1155 ; 1844 K8 1925 ; 1980 BS 44
En ville
Cour ; jardin ; portail
1ère moitié 15e siècle
4e quart 17e siècle
Attribution par travaux historiques
Malestroit Jean (commanditaire)
Hôtel particulier construit pour Jean de Malestroit, alors évêque de Nantes, puis chancelier du duc Jean V (1408-1442), qualifié de "maison neuve"" dans un acte de vente de 1455. L'étude dendrochronologique provenant de la charpente de combles date cette dernière de 1437. Plutôt qu'en référence au prénom de Gaillard Tournemine, ancien propriétaire de l'emplacement avec Thomas Faverill et Jean de Cresolles dans le rentier ducal, il vaut voir dans l'adjectif ""gaillard"" qualifiant l'hôtel une reconnaissance de la grande qualité de sa construction.L'hôtel composé de deux corps de logis contemporains est bâti vers 1430-1440 sur une étroite parcelle, exempte de rente foncière car dépendant antérieurement des hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem : il manque cependant le corps de passage sur rue, et la coursière en encorbellement déterminés par l'analyse architecturale, probablement détruits à la fin du 17e siècle lors de la construction du portail actuel.En 1457, le duc Pierre II achète l'édifice aux chanoines de Nantes (qui l'avaient acquis de l'héritier de Jean de Malestroit, son neveu Jean) pour servir d'auditoire au Parlement de Bretagne, mais aussi de demeure pour le président du Parlement. Après la réunion de la Bretagne à la France, le roi vend l’hôtel en 1554 à la famille Botherel qui le conserve jusqu'en 1645. A cette date, l'hôtel devient la propriété de Pierre de Sérent, seigneur de la Rivière, qui est à l'origine du décor du célèbre ""cabinet des Pères du désert"", au 2e étage du corps postérieur. En 1675, l'hôtel passe à Claude de Francheville qui procède à d’importants travaux : suppression du corps sur rue et de la coursière le reliant au corps principal, au profit du portail actuel ; remplacement du corps de latrines à l'ouest ; remplacement probable des plafonds à poutres rapprochées par des plafonds à poutres et solives. Il remanie également le décor intérieur de plusieurs pièces, décor inspiré de celui utilisé pour les boiseries du Parlement de Rennes. En 1912, la Société polymathique du Morbihan rachète l´immeuble et réalise quelques travaux pour y installer son musée, en particulier au rez-de-chaussée, la création de la porte d'accès à la salle remplaçant une fenêtre attestée dans un acte du 18e siècle, ainsi que la modification de la porte d’accès à la tour.En 2002-2003, une grande campagne de restauration aboutit à la restitution de la charpente d'origine en carène renversée, masquée au 19e siècle sous un lattis plâtré. Cependant, le lambris du berceau n’est pas restitué. La construction qui figure sur le plan cadastral de 1844 dans la cour côté ouest, sans doute écurie et remise à carrosse mentionnées dans un aveu de 1710 qui avaient en partie remplacé le corps de passage sur rue, a été détruite.
Granite ; moellon ; enduit ; granite ; pierre de taille ; calcaire ; pierre de taille ; enduit partiel
Ardoise
Sous-sol ; 2 étages carrés
Élévation à travées
Toit à longs pans pignon découvert ; toit polygonal ; toit conique noue ; croupe
Escalier dans-oeuvre : escalier en vis sans jour, en maçonnerie
L'hôtel est établi aujourd'hui en retrait de la rue, entre cour et jardin selon le modèle en vogue au 17e siècle dont témoigne le portail en plein cintre couronné d'un fronton triangulaire ouvrant sur la cour pavée. Complétant l'ensemble, il existait à l'origine, en bordure de la rue, un corps de passage relié par une coursière en encorbellement à étage à laquelle on accédait par deux portes superposées (aujourd'hui à demi-obturées en fenêtres) dans la tour polygonale ; un dispositif semblable se voit à Vitré à l’hôtel de la Boule d’or, de la fin du 15e siècle.L'hôtel est composé d’un grand corps de logis flanqué d’un corps plus petit établis sur une parcelle étroite et irrégulière reflétant le tracé laniéré du tissu urbain propre au Moyen Âge, chacun des corps desservis par une tour d'escalier. Côté cour, la large tour d´escalier polygonale abrite un escalier en vis en pierre distribuant les cinq niveaux. Côté jardin, le petit corps de logis à usage privé ne comprenant qu’une pièce de service par niveau est desservi par un second escalier, logé dans une tourelle plus étroite appareillée partiellement en tuffeau. Sous l'ensemble du logis, deux caves dont l'une est voutée. L'élévation sur cour à pignon avec tour polygonale hors-oeuvre accolée est construite entièrement en pierre de taille et éclairée en travée irrégulière d'une fenêtre à croisée par niveau (y compris celui du comble), la fenêtre du rez-de-chaussée ayant été transformée en porte d'accès au début du 20e siècle. La façade sur jardin est construite en moellon équarri ou irrégulier de granite, seule la base de la tour d'escalier étant en pierre de taille : la partie supérieure de cette tourelle est enduite, peut-être pour protéger le tuffeau visible dans l'escalier, dont elle est majoritairement constituée. Le mur occidental du corps postérieur est également enduit. Sur le mur nord des deux corps, les fenêtres à croisée sont disposées en travées. Une porte en plein cintre largement chanfreinée et surmontée d'un jour moderne donne accès latéralement à la grande salle du rez-de-chaussée du corps de logis principal.Chaque niveau est composé de trois pièces dont deux dans le corps principal : salle, cuisine (?) et arrière-cuisine au rez-de-chaussée, salle, chambre et garde-robe (puis cabinet) aux étages.La grande salle qui occupe aujourd'hui la totalité de l´espace du corps principal, était autrefois divisée en deux comme l'indiquent les deux cheminées monumentales identiques engagées dans le mur gouttereau occidental, selon une habitude ancienne qui fait préférer le gouttereau au pignon pour établir les cheminées. Aux deux étages carrés, l'espace est encore divisé en deux pièces par une cloison, chacune des pièces chauffées par une cheminée superposée à celles du rez-de-chaussée : au 1er étage, la cheminée de la pièce sur rue, à piédroits à colonnettes et à hotte en pierre de taille à arc de décharge a conservé son caractère médiéval ; cette cheminée de grande qualité indique clairement la salle principale où l'on recevait.La pièce suivante, la chambre, est revêtue de lambris et dotée d'un plafond parqueté à moulures délimitant de caissons, qui remonte aux années1675, date conjointe de la mutation de propriété de l'hôtel et de l'arrivée du Parlement à Vannes : en effet, ces boiseries évoquent l'art des menuisiers au Parlement de Rennes ; au centre de la pièce, une guirlande en frise délimite probablement l'espace d’une alcôve occupant la totalité de la largeur suivant le modèle alors en usage. Face à cette ancienne alcôve, la modeste cheminée a perdu son revêtement boisé remplacé par deux portes de placards en remploi. Ces boiseries ont perdu leur peinture d’origine.La 3e pièce située dans le corps postérieur est entièrement lambrissée, la cheminée adossée au mur est est revêtue de boiseries à trumeau d'une époque plus tardive que dans la chambre, probablement des années 1700, qui masquent sans doute la cheminée médiévale. Dans le mur ouest, on a conservé l'accès aux latrines (disparues) par une porte moulurée d'un cavet.Le second étage présente la même disposition : cheminée médiévale dans la salle sud où subsiste également la fenêtre à coussièges (disparus au 1er étage) ; chambre au nord dont seule la cheminée a conservé ses boiseries du 17e siècle : comme au premier étage, leur décor est inspiré ou réalisé par les menuisiers du Parlement : on peut cependant regretter que la peinture dont elles sont revêtues depuis la dernière restauration ne soit pas du tout dans l'esprit du 17e siècle. Dans l'ancienne garde-robe se trouve un cabinet de travail dit cabinet "des pères du désert"" ornés de panneaux peints du 17e siècle. Une des cloisons peintes masque une fenêtre à un coussiège qui conserve encore son volet à plis serviette du 15e siècle, seul vestige des boiseries de cette époque.Le comble est peut-être aujourd'hui l'espace le plus spectaculaire, après la restauration de 2003 qui a remis en valeur la charpente à chevron portant ferme qui recouvrait l'ensemble de l'espace, éclairé par deux fenêtres à coussièges percées dans les pignons. Le comble étant sans surcroît, chevrons et liens courbes qui composent le berceau reposent sur deux sablières par l'intermédiaire d'un blochet, petite pièce transversale. Les cheminées de cette salle ont disparu, l'une au pignon nord dont souche et conduit se voient encore à l'extérieur. Quant à la seconde au sommet du mur gouttereau, elle a disparu et seule se voit encore la trémie.Le cabinet qui présente un haut surcroît a conservé sa petite cheminée du 15e siècle, à piédroits chanfreinés à griffes, linteau incurvé et hotte oblique. Eclairé d'une fenêtre à coussièges, il montre la même charpente à chevrons portant ferme, reposant sur deux sablières : le remplacement de la partie inférieure des chevrons et des jambettes a peut-être fait disparaître l'ancienne disposition à blochets.
Peinture ; menuiserie
Denticule, guirlande, personnage profane
Les boiseries du plafond de la chambre nord au 1er étage comportent une séparation avec personnages en haut-relief portant des guirlandes de fleurs ou une corne d'abondance. Les caissons sont bordés d'une frise de denticules et d'entrelacs au centre orné de fleurettes. Une même frise d'entrelacs orne l'imposte des portes.La cheminée du pavillon nord au 1er étage montre un trumeau bordé de pilastres à chapiteau ioniques.Au second étage, le foyer de la cheminée de la salle sud est encadré d'une guirlande florale en fort relief. La corniche est décorée d'acanthes, tandis que le trumeau orné d'un cadre bordé de feuilles d'acanthe, encadré de deux grosses fleurs stylisées.
Restauré
classé MH
Secteur sauvegardé
À signaler
Charpente en bois ; lambris ; cheminée
L'étude dendrochronologique a porté sur 60 éléments en bois de chêne provenant de la charpente de combles du château Gaillard à Vannes. Leur excellent état de conservation a permis la conservation d'aubiers complets permettant ainsi de dater précisément l'abattage des bois utilisés et par voie de conséquence la mise en place de la superstructure. Le prélèvement a permis de montrer la grande homogénéité de la charpente, de même que sa contemporanéité avec l'essentiel du bâti en pierre. L'ensemble se situe ainsi dans la première moitié du 15e siècle, la charpente étant datée de 1437.
Propriété d'une association
2011
(c) Région Bretagne ; (c) Ville de Vannes
2011
Herbaut Claudie ; Toscer Catherine ; Danielo Julien ; Mauvais Marion
Sous-dossier
Région Bretagne - Service de l'Inventaire du Patrimoine Culturel - 283 avenue du général Patton - CS 21101 - 35711 Rennes Cedex 7 - 02.22.93.98.35