Généralités communales
Occitanie ; Tarn (81) ; Escoussens
Parc Naturel Régional du Haut-Languedoc
Labruguière
Escoussens
1837 ; 1986
Moyen Age ; 17e siècle ; 18e siècle ; 19e siècle ; 20e siècle
Escoussens est issu du nom de personne romain "Corcinius", "des Corcenx" (J. Le Pottier, 1990, p. 137). En l'état des connaissances, l'occupation antique ne peut être relevée que partiellement, des céramiques gallo-romaines ont été retrouvées sur les sites de Mont-Saint-Jean et de Jossoly. L'habitat s'implante de manière diffuse et la première mention de l'église paroissiale Saint-Saturnin n'apparaît dans les sources qu'en 1150 (G. Bes, 1978, p. 9). Le vocable renvoie pourtant à une fondation plus ancienne, relevant au plus tard de l'époque carolingienne. La création du nouveau "castrum" d'Escoussens, associant village et forteresse, s'inscrit dans une entreprise générale et systématique de peuplement (J.-L. Biget, p. 65 et 78). La construction du château est accordée par le vicomte de Trencavel, Roger II, qui inféode ce dernier au seigneur Raimond de Dourgne, permettant à cette famille un développement exponentiel de leur seigneurie puisqu'en 1153, il leur cède Verdalle et en 1183, Montcuq (Cuq-Toulza) (J.-L. Biget, p. 71 et 78). Le "castrum" est implanté près de l'église paroissiale qui bénéficiait déjà d'un site de hauteur. Dès 1187, la seigneurie est divisée entre trois co-seigneurs : le seigneur de Dourgne, Pierre de Tripol, son neveu, et Unaut del Gua et sa femme Bernarde. C'est dans la nouvelle géographie politique dessinée après le traité de Paris de 1229, que le comte de Toulouse, Raimond VII, renforce sa suzeraineté sur la partie sud du Tarn (J.-L. Biget, p. 83). Il achète en 1231 tous les honneurs de Raimond de Dourgne, ce qu'il possède tant à Dourgne qu'à Puylaurens, Lescout ou Escoussens. Par la suite, ce dernier concède la seigneurie à Guillaume Fort de Beaufort et Arnaud de Ventenac (S. Campech, p. 61). Guillaume Fort de Beaufort en deviendra rapidement le seul maître. Par legs, donations et achats, les Chartreux de Saïx vont acquérir au cours du 14e siècle une part de plus en plus importante de la seigneurie. Lorsqu'en 1457, Catherine de Loys lègue tous ses biens de la co-seigneurie d'Escoussens aux Chartreux, ils acquièrent le dernier quart de la montagne de Cayroulet (J. Escande, 1988, p. 39 ; A.D. Tarn, H 190). Ils détiennent alors l'essentiel de la seigneurie. En 1448, ils désignaient les consuls (S. Campech, p. 62). Ils ne possèdent pourtant la totalité de la seigneurie qu'en 1507. En 1515, les Chartreux édictent les libertés et franchises d'Escoussens (T. Azémar, 1899). Ils détiennent la seigneurie d'Escoussens sous l'Ancien Régime jusqu'à la Révolution. Le compoix de 1567 (J. Escande, 1988, p. 58) recense 209 propriétaires à Escoussens, ce qui ramène la population par un système d'équivalence avec des chiffres postérieurs (1695 et 1874) à 600-700 personnes. Cinq hameaux sont alors cités : le Sindié, la Blancarié, la Faurinié, en Vayssière, la Rivalarié, les Ricardous. Un siècle plus tard, en 1674, le bourg d'Escoussens compte 754 âmes. En 1695, 237 propriétaires sont recensés sur Escoussens et le village compte 354 personnes (A.D. Tarn, H 213). Pourtant, c'est vraisemblablement au 18e siècle, et principalement dans la première moitié du siècle, que l'explosion démographique et économique est à l'origine d'une reconstruction très importante. En 1732, la population recensée compte 172 feux soit approximativement 894 habitants (C. Astoul-Bach, 1980, p. 81). Le territoire, sillonné par de nombreux ruisseaux, avait été exploité rapidement. En 1278, lors du partage entre les frères Guillaume et Esquin Fort, il est question d'un moulin établi sur le ruisseau du Bernazobre (A.D. Tarn, H 190). En 1283, les co-seigneurs Gilibert Audebaut et Guillaume Fort donnent en acapte (en fief) à Guillaume Metge une terre dans la montagne au lieu dit La Bougassara afin qu'il construise une mouline à battre le fer sur la montagne d'Escoussens et établisse à côté une forge (A.D. Tarn, H 190). Le ruisseau du Bernazobre a alimenté de nombreux moulins, quatre moulins nobles sont recensés en 1616 et 1618 (G. Bes, 1975, p. 11). Le marchand Choussat, dont les activités sont connues par son livre de raison, était négociant et fabricant de cordelats, toile plus solide et épaisse que les sargues, et de frisons. Non seulement, il faisait fonctionner le moulin à foulons des Chartreux mais il avait également un atelier dans sa maison. L'activité textile se développa tout au long du 18e siècle, en 1737, une halle est construite à l'intérieur du village. Les Chartreux ont été à l'origine du verre plat, du verre à vitre, dans la région. C'est à des maîtres verriers extérieurs, -dans un premier temps, les lorrains Salomon de Thiétry et le sieur de Tissac, gentilshommes verriers-, que les Chartreux font appel (J. Bonhôte, W. Van Riesen, 1998, p. 184). La première verrerie se trouvait sur l'actuelle commune de Laprade dans le département de l'Aude, à Laprade. Ce premier centre de production approvisionna en 1643 la communauté cistercienne de La Rode et le couvent des Chartreux à Saïx. En 1651, le syndic des chartreux passe un contrat d'une saison (6 à 7 mois) avec Jean d'Hennezel, verrier du pays nivernais, et ses frères, Moïse, Jérémie et Antoine pour la fabrication du verre à vitre. Il est alors précisé qu'ils peuvent s'installer dans la verrerie du Pas de l'Apost, près de La Vitrière. La verrerie est bien mentionnée sur la carte de Cassini près de la ferme La Vitrière. Cette collaboration dura trente années et fut fructueuse, il semblerait que les chartreux se soient taillés une part importante du marché du verre à vitre dans le Midi. Cette réussite resta imprégnée dans le territoire puisqu'une autre tentative de fabrication eut lieu dans la deuxième moitié du 18e siècle mais sans grand succès. Le charbonnage a été une autre activité qui occupa une part primordiale de l'exploitation du territoire de la seigneurie. Cette activité artisanale existe probablement depuis la formation du village, et elle apparaît dans les sources très tôt : dans les coutumes de 1350 mais également lors du détail des droits sur la forêt au milieu du 15e siècle. En 1695, si seulement neuf charbonniers logeaient au village, trente-deux charbonniers vivaient dans les écarts. La production de charbon de bois était de 40 000 quintaux en 1872 (M. Bastié, 1875, p. 476-477). Après la Révolution, le territoire de la commune, probablement équivalent à celui de la paroisse, est néanmoins un peu plus restreint que le territoire de la seigneurie des chartreux qui s'étendait sur le versant audois de la montagne et englobait La Rivalarié et Touscayrats, ses fermes et sa tuilerie. Dans la 2e moitié du 19e siècle et au tournant du siècle la vitalité agricole se traduit par la construction de nouvelles fermes en plaine : la Madeleine, la Sauze, Bel Air, Masseport Neuf, le Pasquet, Mont-Louis. Le seigle et le maïs, essentiellement, et la pomme de terre, sont produits sur des terres qui permettent des récoltes avantageuses (M. Bastié, 1875, p. 476-477). La part importante est néanmoins réservée aux pâtures, très productives grâce à la qualité du sol et améliorées par un système d'irrigation traditionnel. Entre 1870 et 1889, vingt-six nouvelles maisons sont construites (A.D. Tarn, 3 P 741), ceci étant pourtant en légère contradiction avec la régression démographique que connaît la commune. En 1831, elle comptait 1211 habitants alors qu'elle ne comptabilise plus que 1075 habitants en 1856, et 754 habitants en 1901 (A.D.Tarn, Récolement de la population). Parallèlement, l'activité économique, tout en conservant ses secteurs traditionnels : moulins céréaliers, scierie, se spécialise vers de nouveaux secteurs. Le moulin de La Combanière devient un moulin à papier en 1820. L'industrie textile, telle qu'elle existait sous l'Ancien Régime, semble décliner au cours de la première moitié du 19e siècle. Elle apparaît pourtant sous une autre forme, l'usine de défilochage, à une date précoce du 19e siècle, 1857. En 1912, la mine de cuivre est rouverte, elle sera exploitée de 1925 à 1930 (C. Astoul-Bach, 1980, p. 31). En 1950, les carrières de marbre, situées dans la montagne, sont exploitées mais sur une durée très courte car les voies de communication peu développées dans cette partie de la montagne n'ont pas permis le développement de l'activité. En 1961, une usine de délainage s'est implantée le long du Mouscaillou, à la Resclause, près du hameau de la Faurinié (C. Astoul-Bach, 1980, p. 46). Elle resta en activité jusqu'en 1987. L'activité agricole est toujours présente dans la plaine et la population comptabilise aujourd'hui 521 habitants.
La commune d'Escoussens occupe l'extrémité sud du département du Tarn. Au sud, la limite communale établit le point de jonction entre le département du Tarn et de l'Aude mais également entre la région Midi-Pyrénées et la région Languedoc-Roussillon. La commune d'Escoussens s'étend sur une superficie de 2362 ha. Le relief varie de 250 m à près de 900 m. Elle est délimitée au sud par les contreforts de la Montagne Noire, qui s'élèvent de 400 à 900 m, puis par les premiers coteaux, de 250 à 400 m, et s'étend, au nord, sur la plaine de Castres. Le bourg et les principaux hameaux se situent en moyenne à 300 m d'altitude, sur les coteaux. Le village d'Escoussens colonise un coteau cerné par les ruisseaux du Bernazobre et du Mouscaillou. Le réseau hydrographique est composé pour l'essentiel du ruisseau du Bernazobre et son affluent le ruisseau du Mouscaillou qui s'écoulent selon un axe sud-nord. Alimentés par de nombreux affluents, ils prennent leur source dans la montagne. Le Bernazobre prend sa source à 700 m d'altitude au coeur de la forêt du Cayroulet et traverse la commune de part en part pour se jeter dans le Sor dans la plaine de Castres. Le ruisseau du Mouscaillou prend sa source à 830 m d'altitude, non loin des Viviers de Fontbruno. Il se jette dans le Bernazobre sur le territoire de la commune de Labruguière. Les deux autres affluents sont le ruisseau des Barthès qui coule au sud-est du village et le ruisseau de la Prune qui serpente non loin de la ferme du même nom dans la montagne et se jette dans le ruisseau du Mouscaillou. En contrebas de ce point de rencontre, une usine de délainage a été installée en 1961. Le ruisseau de Roudile et la rivière d'Alzeau prennent leur source à l'extrémité sud de la commune mais alimentent les communes audoises. Le territoire est formé par une végétation naturelle fournie, constituée de bois de feuillus et de conifères, de haies bocagères et de ripisylves. Les bois, constitués pour l'essentiel par la bordure de la forêt d'Hautaniboul et la forêt de Cayroulet, constituent la part la plus importante de la trame végétale puisqu'ils occupent 68 %. Elle compte parmi ses essences, le chêne, le hêtre, le châtaignier et le sapin. La forêt originelle était composée de hêtres et de chênes qui ont été abandonnés lors des premiers reboisements au début du 20e siècle. Les résineux à croissance rapide ont alors été favorisés, épicéa et douglas, mais maintenant, les feuillus comme le hêtre ou les résineux à croissance lente comme le sapin pectiné, sont privilégiés. Le paysage de la montagne a été bouleversé suite à l'abandon de l'agriculture. Les taillis ne sont plus coupés et les "vacants" communaux se reboisent naturellement.
2005
(c) CAUE du Tarn ; (c) Inventaire général Région Occitanie
2005
Béa Adeline
Présentation de la commune
Conseil régional Occitanie - Direction de la Culture et du Patrimoine - Service Connaissance et Inventaire des Patrimoines 22, bd Maréchal Juin 31406 Toulouse cedex 9 - Espace Capdeville, 417 Rue Samuel Morse, 34000 Montpellier - 05.61.39.62.47