Fort
Fort Lamalgue
Fort Lamalgue
Provence-Alpes-Côte d'Azur ; Var (83) ; Toulon
Var
Lamalgue
Enceinte ; caserne
1er quart 18e siècle ; 3e quart 18e siècle
2e quart 19e siècle ; milieu 20e siècle
Daté par travaux historiques ; daté par travaux historiques
Attribution par travaux historiques ; attribution par source ; attribution par source ; attribution par source ; attribution par source
Immédiatement après le siège de Toulon par la coalition Empire-Angleterre-Savoie en 1707, Antoine Niquet, directeur des fortifications de Provence, fait commencer la construction d’un fort pérenne sur la hauteur de Lamalgue, qui venait d’être occupé avantageusement par l’ennemi. Pour compenser l’insuffisance des défenses terrestres de Toulon, un autre ouvrage de même nature est bâtie simultanément un peu plus en hauteur, entre Lamalgue et le Mont Faron : la redoute ou « fort » d’Artigues. Ce dernier est vite achevé, mais en revanche le chantier de Lamalgue, plus lourd, est délaissé alors que l’ouvrage est à peine ébauché. Le fort bastionné quadrangulaire devait être relié à l’enceinte de la ville par une communication retranchée. En 1726 et 1738, trois nouveaux projets sont présentés pour le fort Lamalgue. Deux sont trop vastes ou irréalistes ; le plus modeste, dû au jeune officier du génie François Milet de Monville, est le seul qui défend et reprend le dessein de Niquet au lieu de le critiquer. En 1747, rien n’a été fait et l’ébauche du fort de 1708 est occupée par une batterie en pierre sèche établie dans le cadre du programme de fortification préventive du maréchal Charles-Louis Fouquet de Belle-Isle.En 1750, le directeur des fortifications de Toulon Honoré de Bertaud soumet un nouveau projet pour le fort, approuvé par le secrétaire d’Etat à la guerre, mais ajourné. Ce dessein est repris en 1764 par Milet de Monville, devenu directeur des fortifications de Provence, qui l’adapte à son propre projet de 1738, en tentant de conserver deux demi-lunes, seules réalisations maçonnées de 1708. Le chantier commence en 1764 par le front d’attaque (est), et plus particulièrement par un dehors détaché, la lunette. En 1771 le fort est presque achevé, à l’exception de certains dehors, comme ceux du front d’entrée, la double demi-lune nord, les glacis. Partie de ces ouvrages est achevée au temps du directeur des fortifications Charles-François-Marie d’Aumale, autour de 1775, mais les finitions rendant les casernes habitables attendent les années 1780, comme celles du chemin couvert. Le projet de demi-lune du front d’entrée est abandonné.En 1810, l’état de l’armement du fort témoigne de sa fonction mixte : défense terrestre et côtière. Il comporte 13 pièces de 24cm, 9 de 18, une de 12 et deux mortiers. Vers 1830, les casemates du fort sont en partie affectés à une prison militaire permanente. En 1846, est projetée et réalisée une amélioration des parapets d’artillerie des dehors du front d’attaque, d’où des modifications de détail, conçus par Picot, directeur des fortifications, et Corrèze, chef du génie. Aucune autre modification n’intervient avant le XXe siècle, le fort, devenu obsolète au plan défensif servant en partie de caserne (dite « Dugommier »), en partie de prison. Cette dernière est supprimée en 1921. En 1940, la majeure partie du fort passe à la Marine, qui décide d’y installer l’école navale. Des bâtiments neufs sont construits à l’usage de l’école, en superstructure des plates-formes des longs fronts latéraux et de la double demi-lune nord, en 1941-1942. Ruiné par les bombardements de 1944, le pavillon d’officiers sur la porte du fort est démoli en 1947. Dix ans plus tard, le bureau des matricules, puis d’autres services de gestion administrative sont installés dans le fort, entraînant jusqu’à la fin du siècle des constructions neuves, dont une à la place de la demi-lune du front d’attaque, sacrifiée.
Calcaire ; moellon ; brique ; enduit ; calcaire ; pierre de taille
Système bastionné
2 étages carrés
Voûte en berceau ; voûte d'arêtes
Élévation à travées
Terrasse ; toit à deux pans
Escalier dans-oeuvre ; escalier de distribution extérieur
Le fort Lamalgue occupe une petite éminence culminant à 42m d’altitude, située à l’est de la ville de Toulon, à environ 1km du tracé de l’enceinte urbaine bastionnée ou corps de place. La distance du fort à la mer est d’environ 200m (à partir du fossé sud). L’étroitesse de l’éminence naturelle, allongée dans l’axe est-ouest, et la rapidité des pentes, surtout au sud vers la mer, ont déterminé le plan du fort, souvent jugé trop étroit et trop petit par les ingénieurs du XVIIIe siècle, tout en imposant aux glacis une pente qui ne pouvait être correctement balayée depuis les parapets du fort. L’état actuel est représentatif de l’œuvre des années 1760-1770, presque intégralement conservée et peu remaniée. Le plan rectangulaire approximatif (trapèze) allongé dans l’axe est-ouest (155m de courtine de gorge à courtine d’attaque), cantonné de bastions eux-mêmes un peu étirés dans le même axe, avec porte au milieu du front ouest, se superpose sans doute d’assez près à celui amorcé en 1708, sans vraiment le dépasser en surface. Le caractère identique des quatre bastions, le parti architectural d’adosser systématiquement des ailes de casemates portant plate-forme ou chemin de ronde continu à l’intérieur des courtines et des bastions (incluant une cour intérieure), sont des apports du projet de 1750. Il en va de même pour la configuration complexe des dehors du fossé du front d’attaque, composés d’une petite demi-lune triangulaire (détruite) avec contregarde, encadrée de deux couvre-faces protégeant les bastions. La lunette de plan pentagonal (conservée, semi-ruinée) isolée sur le glacis (loti) en avant de ce front, enveloppée d’un fossé (comblé) est reliée à la contrescarpe de fossé, dans l’axe du front d’attaque, par une galerie souterraine casematée. Cette galerie communique à une galerie de contrescarpe crénelée qui court sur ce front d’attaque uniquement, percée de plusieurs poternes qui servaient à évacuer galeries et lunette en cas de minage volontaire par les défenseurs pour éviter que l’ennemi ne les occupe contre le fort. Ces défenses avancées ont été conçues et réalisées par Milet de Monville en 1764. La double demi-lune monobloc « en tenaille » du front de terre nord résulte du réemploi par Milet de la demi-lune de 1708, doublée parce qu’insuffisante pour couvrir la courtine, la seconde ayant été construite plus grande que prévu du temps d’Aumale.L’aire intérieure du fort proprement dit est divisée en deux parties inégales par le « cavalier » qui n’est autre que le corps de caserne du fort, à trois niveaux casematés en comptant les sous-sols, et plate-forme d’artillerie. Ce cavalier existait dans le projet Niquet de 1708, mais l’idée d’en faire une caserne est de Milet de Monville.A l’ouest du cavalier règne la place d’armes avec deux bastions (3-4) encadrant le front de gorge centré sur la porte à pont-levis du fort et les vestiges (défigurés) du pavillon d’officier sur cette porte. Les casemates adossées sont continues et comportent toutes des souterrains ; ceux dans l’axe des bastions étaient les magasins à poudre du fort. Certaines travées servaient de citernes. A l’est du cavalier, une aire beaucoup plus courte (1/4 de la surface) forme une sorte de « corne » (selon le terme de Milet de Monville) avec les deux autres bastions (1-2) encadrant le front d’attaque. Un fossé intérieur retranche le cavalier-caserne de la cour étroite de cette « corne » ; dans cette partie, les casemates de la courtine et des bastions n’ont pas de sous-sol. Un grand axe médian longitudinal traverse le fort, à partir de la porte. Il traverse le cavalier, dont la porte postérieure, vers la corne, était à pont-levis. L’axe se continuait par une poterne en escalier au centre de la courtine, aussi à pont-levis, débouchant dans le fossé du front d’attaque face à la gorge de la demi-lune (détruite).Le frontispice en arc de triomphe de la porte du fort est en pierre blanche, de même que celui de son débouché sur la place d’armes. L’encadrement des porte et poternes postérieures (cavalier, courtine est) est une arcade à bossages rustique, que l’on retrouve à la poterne nord, débouchant dans le fossé à la gorge de la double demi-lune. Ces bossages rustiques sont employés de façon ostensible aux angles saillants des bastions et des dehors du fossé est (couvre-faces, contregarde).Le double demi-lune abrite deux souterrains en forme de rotonde, une grande à voûte annulaire, une petite en coupole, non datées (vers 1800), de belle qualité d’exécution.Les parements ordinaires des escarpes du fort, courtines et bastions et ceux des dehors, des deux façades du cavalier et la majeure partie des façades de casemates sont réalisés en moellons de pierre gris-jaune demi-dure, avec chaînages en pierre de taille. Ceux de l'adjonction du 19e sont en pierre de taille. La brique est assez peu utilisée : parapets d’artillerie et voûtes. La plupart de celles-ci sont en berceau, et celles des casemates souterraines sont souvent enduites. Le passage d’entrée de la porte du fort est voûté d’arêtes.
Bon état
Fort bastionné très homogène du XVIIIe siècle, voulu alors comme exemplaire dans sa qualité d’exécution architecturale. Unique dans sa catégorie à Toulon, où les ouvrages autres du XVIIIe siècle sont moins aboutis et ont été remaniés au XIXe siècle.
Propriété de l'Etat
2011
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
2012
Corvisier Christian
Dossier individuel