Batterie
Batterie de Sainte-Marguerite ; siège du CROSSMED (Centre Régional Opérationnel de Surveillance et de Sauvetage en Méditerranée)
Batterie de Sainte-Marguerite actuellement siège du CROSSMED
Provence-Alpes-Côte d'Azur ; Var (83) ; Toulon
Var
Sainte-Marguerite
16e siècle ; 2e quart 19e siècle
Milieu 20e siècle
Daté par travaux historiques ; daté par travaux historiques
Le rocher ou Cap de Sainte-Marguerite est occupé par un château des évêques de Toulon depuis au moins le 13e siècle. L’histoire de ce château est mal connue, mais les caractéristiques architecturales indiquées par les plans de l’état des lieux au début du 19e siècle font penser que ses fortifications avaient été adaptées à l’artillerie au 16e siècle. Il était passé alors à des propriétaires seigneurs laïcs issus d’une famille patricienne de Toulon dont un membre fut premier consul de la ville, les Thomas. L’été 1707, les opérations du siège de Toulon par les troupes du duc de Savoie et la flotte anglaise, d’une ampleur sans précédent, nécessite la mise à contribution de tous les ouvrage défensifs existants et révèle la faiblesse de la défense, au nord de la grande rade, faute d’une armature suffisante de forts, batteries et redoutes, côtières ou terrestres. Le château de Sainte-Marguerite est occupé par une garnison au service du roi de France, et armé de quatre canons et d’un mortier en batterie ; il est longuement assiégé et canonné par un parti anglais, jusqu’à reddition, avec les honneurs de la guerre. Ce précédent porte à considérer ce château privé comme point d’appui possible de la défense de la rade, mais ce n’est qu’en 1768 que l’éventualité de travaux de renforcement avec des fonds publics sont envisagés dans le mémoire sur la défense de Toulon de l’ingénieur du génie Louis d’Aguillon. L’idée n’est pas suivie, une fortification publique pérenne ne pouvant investir un édifice privé. Occupé et réarmé (cinq canons et deux mortiers) en 1794 par les troupes républicaines du général Lapoype, le château est finalement acheté par le service du génie en 1817. Des travaux destinés à en faire une batterie de côte aux normes en vigueur sont réalisés en 1846, consistant à réaménager les plates-formes regardant la rade pour deux canons de 30 livres et deux obusiers de 22cm ; les bâtiments existants dispensent de construire un réduit neuf. Le programme décidé en 1873 par la commission de révision de l’armement du littoral, et actualisé par le plan de défense de la rade de Toulon de 1877, aboutit l’année suivante à l’amélioration de six batteries du secteur vouées à battre les vaisseaux ennemis abordant la grande rade, dont la batterie de Carqueiranne et celle de Sainte-Marguerite, bientôt qualifiée de fort. Les anciens bâtiments qui formaient le donjon du château sont réduits à un niveau unique recouvert d’une banquette de terre, la batterie haute attenante est régularisée pour une pièce sur affut tournant. Dans la basse-cour, les bâtiments sont conservés et l’ancien boulevard d’artillerie attenant est équipé d’une grosse traverse-abri et complété d’épaulements. En 1891, une batterie extérieure ouverte pour six canons de 95mm battant la grande rade est construite très en avant du vieux fort. Une nouvelle batterie, fermée celle-là, pour quatre canons de 240 mm est installée à son tour en 1897-1899 entre la batterie de 95 et le vieux fort, avec ses bâtiments de casernement, des souterrains-cavernes et son mur d’enceinte délimitant une aire close trois ou quatre fois plus vaste que celle de l’ancienne basse cour du château. En 1905, deux des traverses-abri de la batterie de 240mm sont transformées en abris de combat en béton, tandis qu’un poste photoélectrique est installé à l’extrémité du rocher et de la batterie haute du donjon. Les emplacements de tir des deux grandes batteries des années 1890 sont adaptés en 1925-1930 à un nouvel armement, quatre pièces de 105 mm Mle 1897-17 et deux de 75 Mle 1897.A l’automne 1943, l’occupant allemand s’installe sur le site, réutilisant ses équipements de batterie, puis en établissant de nouveaux, pour une batterie lourde de Flak, dite « batterie Greif », notamment quatre grandes cuves pour pièces de 105 cm sous coupole et un poste de direction de tir de trois étages, le tout bâti en béton armé dans l’aire de l’ancien château ou vieux fort, très diminué.
Calcaire ; moellon ; brique
Tuile creuse
Étage de soubassement ; 1 étage carré
Voûte en berceau
Terrasse toit à deux pans
Escalier de distribution extérieur
Le rocher de Sainte Marguerite est la plus importante des pointes que forme la falaise littorale au nord de la grande rade, au-delà du cap Brun. Le front de falaise s’y retourne en éperon assez étroit face à la passe d’entrée de la petite rade, regardant en enfilade l’ensemble de la rive nord. L’extrémité de l’éperon, culminant à plus de soixante mètres, portait l’ancien château et son « donjon » formé de logis compact et d’une cour ou plate-forme haute, utilisée comme batterie étroite jusqu’aux années 1880.L’état actuel du site de l’ancien fort ou batteries de Sainte Marguerite est extrêmement confus, du fait de l’intrication de différents aménagements correspondant à de nombreuses phases de construction et transformation, toutes plus ou moins destructrices autant que bâtisseuses. Cet ensemble topographiquement étalé, sans caractère « monumental » affirmé, est donc composé de morceaux hétéroclites résultant de l’un ou l’autre des programmes successifs, voire du cumul de plusieurs d’entre eux, situation encore compliquée par la présence du bâtiment moderne du CROSSMED. On peut définir trois grands sous-ensembles topographiques, en leur attribuant une dénomination individuelle pertinente et en définissant ce qu’ils renferment dans l’état présent. En commençant par l’entrée : 1) L’ancienne batterie annexe de 1890-1891 avec son enclos et sa porte d’entrée (qui est aussi celle de l’ensemble). Ce sous-ensemble représente en surface au sol environ un quart de l’ensemble du site. Il contient les restes -soit l’épaulement- de la batterie de six pièces de 95mm, adaptée en 1925-1930, avec de ses nouveaux emplacement de tir (cuves) pour deux des quatre pièces de 105mm (n° 1 et 2) alors installées, et le poste de direction allemand (Leitstand) de 1943. 2)L’extension du fort et la batterie de 1897-1899. La surface de ce sous-ensemble médian, long de 155m de son entrée au sous-ensemble 3, représente la moitié (ou un peu plus) de l’emprise au sol totale du site. Il contient : le mur d’enceinte, la batterie de quatre pièces de 240mm, avec ses souterrains en caverne taillés dans le roc, l’un débouchant à flanc de falaise, ses deux abris-magasins de combat sur traverses ajoutés en 1905, et ses nouveaux emplacement de tir (cuves) de 1925-1930 pour deux des quatre pièces de 105mm (n° 3 et 4). Il contient aussi les bâtiments du « quartier » militaire, à la gorge et en léger contrebas de la batterie qu’ils servaient, enveloppés par le mur d’enceinte, soit trois bâtiments principaux pour la troupe (a, b, c) conservés et restaurés, et deux secondaires (d, e). 3) Le vieux fort. La surface de ce sous-ensemble auquel se réduisait le fort de Sainte-Marguerite jusqu’en 1899, représente un quart (95m de longueur) de l’emprise au sol totale du site. L’ancienne partition interne entre basse-cour et donjon, modifiée mais maintenue jusqu’au 20e siècle, n’est plus perceptible que par un changement de niveau compensé par une rampe. Il contient : les infrastructures déformées de l’ancienne batterie du donjon, des ruines très diminués des casemates du « donjon », refaites en 1878, démolies en 1944, les murs d’enceinte latéraux et les ruines du boulevard au plan « en queue de piano » de l’ancienne basse-cour du château, les vestiges attenants (dérasés vers 1944) du logement du gardien de batterie, ancien bâtiment de la basse-cour, la traverse-abri 1878, les locaux de service du poste optique de 1905, hors basse cour, et son poste de combat, sous le rocher du donjon (le poste de commande dans le donjon est détruit), enfin les trois cuves inachevées et le spectaculaire poste de direction (Falkleitstand) en forme de tour polygonale en béton, de la batterie allemande de 1944.
L’intérêt du site tient surtout à une longue chronologie d’occupation militaire et d’usage de batterie, ainsi qu’à la stratification des différents apports des aménagements successifs. Pris individuellement, aucun de ces aménagements n’est exceptionnel.
Propriété de l'Etat
2011
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
2012
Corvisier Christian
Dossier individuel