Fortification d'agglomération
Extension Missiessy-Malbousquet
Fortification d'agglomération, extension Missiessy-Malbousquet
Provence-Alpes-Côte d'Azur ; Var (83) ; Toulon ; 3ème fortification d'agglomération
Var
3ème fortification d'agglomération
3e quart 19e siècle
Attribution par source
Au début de 1855, avant l’achèvement de la nouvelle darse de Castigneau et de son enceinte, le conseil d’amirauté envisage de porter les limites de l’arsenal au-delà de cette limite, la généralisation de la marine à vapeur laissant présager l’insuffisance des darses et équipements existants. Une nouvelle extension de 55 hectares vers l’ouest, incluant le château de Missiessy, capable d’accueillir des casernements, et comportant une nouvelle darse, est donc proposée. Le 17 décembre 1856, le comité des fortifications délibère en faveur d’un tracé nettement plus ample, soit une aire close d’environ 100 hectares, permettant à la nouvelle enceinte de joindre le fort Malbousquet plutôt que d’être dominée par cet ouvrage détaché. Approuvé par le ministre de la Guerre le 30 mai 1857, le projet est pris en charge (acquisition des terrains, coûts des travaux de l'enceinte et des équipements) par ses deux bénéficiaires, le département de la Guerre pour les 3/4, la Marine pour le solde. La part majoritaire de la Guerre s’explique par le coût élevé de la construction d’une grande extension de l’enceinte fortifiée de la place, le génie se réservant en outre un tiers de l’aire intérieure créée. La mise en œuvre de cette nouvelle extension, à partir de 1860, rend inutile le front bastionné ouest de la nouvelle enceinte nord-ouest de la ville, retranchant la darse Castigneau, qui est démoli après 1864. La nouvelle enceinte ouest Missiessy-Malbousquet est donc dès lors considérée comme continue avec l’enceinte nord, malgré le fait que l'une enveloppe la ville, l'autre seulement des terrains militaires. Rédigé et dessiné en avril 1860 sous la direction du colonel chef du génie Antoine Long, le projet de la nouvelle enceinte comporte trois fronts bastionnés échelonnant neuf bastions à flancs droit. Les ouvrages sont désignés par une numérotation chiffrée de 1 à 10, faute de trouver une nomenclature en cohérence avec celle, lettrée, de la nouvelle enceinte de la ville et de Castigneau. S'ajoutent à ces ouvrages du corps de place trois dehors couvrant deux des bastions du front nord, soit une contregarde et une lunette chiffrées 11 et 12, devant le bastion 3, et une contregarde couvrant le bastion 5. Sur préconisation de l’inspecteur général des fortifications, le fort Malbousquet est intégré à l'angle nord-est de l'enceinte, dont il devient un dehors complexe (perdant ainsi son statut d'ouvrage autonome), toujours doté d'une caserne casematée. L'ancien fort garde sa propre nomenclature, chiffrée de 1 à 6. Le long front nord de l'enceinte est pourvue de deux portes, la porte Missiessy (ou du Las), issue principale terrestre du nouvel arsenal, et, plus à l'est, la porte Malbousquet, issue principale de la partie de l'aire intérieure réservée par la Guerre (les deux secteurs devaient être séparés par un retranchement intérieur qui n'a pas été réalisé). Ces deux portes sont conçues sur un modèle proche de celui des portes de la nouvelle enceinte nord de la ville, avec corps de garde développés symétriquement du côté intérieur, mais elles s'en différencient par ce qu'elles n'ont qu'un passage d'entrée voûté et non deux jumelés, et par l'absence d'étage sur les corps de garde. Le chantier, confiés à l’entrepreneur Brunet, débute par le front nord durant l'hiver 1860-1861. L’économie du chantier est tributaire du creusement de la nouvelle darse de Missiessy par la marine, qui procure les remblais nécessaires à la constitution des remparts des nouveaux fronts bastionnés.En 1862, le chef du génie Antoine Long modifie les dispositions prévues pour le raccord de l'enceinte au fort Malbousquet, revenant sur ce qui, dans ce fort, doit être sacrifié ou conservé pour l'utiliser comme dehors. Il en résulte la démolition de la caserne interne à l'ex fort et son remplacement par une autre, enterrée dans le bastion 6 de l'enceinte, le plus proche.Dans la face droite (ouest) du bastion 9 (angle sud-ouest), un passage en double arche est construit en 1868 pour permettre sa traversée par une voie de chemin de fer à l’usage de la marine, doublé d’une route, passant ensuite sur les terre-pleins du front de mer de l’enceinte pour desservir les darses de Missiessy et de Castigneau. Cette double arche est nommée Porte de Lagoubran.Les travaux de l’enceinte s’achevèrent par la finition du front de mer, des ponts-levis des deux portes nord et de la grille de celle de l’ouest, en juin 1870.Le déclassement de l'enceinte fortifiée de Toulon « comprise entre les forts Lamalgue, au sud (sud-est), et Malbousquet, à l’ouest », arrêté le 13 janvier 1921, n'entraine pas, pour l'enceinte de la zone militaire Missiessy-Malbousquet, des mesures de démantèlement aussi intenses que celles qui affectent les partie de l'enceinte corsetant la ville. C'est au coup par coup que la Marine procède, au cours du XXe siècle, à la suppression des ouvrages du front bastionné maritime sud de l’extension Missiessy-Malbousquet (Front 9-10-B-A), et à des percées dans le front ouest (7-8-9), laissé en ruines. La ville, pour sa part, obtient de la Marine, à partir de 1925, la démolition de la partie est du front nord (1-2, porte Missiessy) et quelques dehors, au bénéfice de la voirie.
Calcaire ; moellon ; brique ; pierre ; pierre de taille
Système bastionné
Voûte en berceau ; voûte en arc-de-cloître
Escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours, en charpente
La dernière en date des extensions de l'enceinte bastionnée de la place forte de Toulon, enveloppant exclusivement des terrains militaires et la darse de Missiessy, est celle dont subsiste le tronçon le plus étendu, ainsi que les plus important restes monumentaux d'ouvrages de fortification. Ces restes consistent en la majeure partie du front nord et du front ouest conservés en continu (de la courtine 2-3 à la courtine 8-9 incluses) soit cinq bastions et une porte, la porte Malbousquet. Si les dehors (11-12) du bastion 3 ont disparu, de même que les tenailles des courtines, l'ancien fort Malbousquet, devenu un dehors hors normes, subsiste en totalité dans son état de 1870 au point haut du site, c'est à dire au-devant du front 5-6-7, au nord-ouest. Ce secteur particulièrement dense conserve le magasin à poudres du fort, et le casernement casematé semi-enterré niché dans le bastion double 5-6. Ces parties conservées de l'enceinte sont celles qui ne relevaient pas de la Marine, mais du département de la Guerre, et enserraient la part de l'aire intérieure qui lui était affectée. Les bastions de cette enceinte ouest de 1860-1869 sont comparables -en moins régulier- à ceux de l'enceinte de ville 1849-1861 par leur plan à flancs droits, faces longues, angle de capitale obtus, et par leur grande largeur, en moyenne plus ample que celle des bastions de l'enceinte XVIe-XVIIIe. Certains sont nettement asymétriques (bastions 7 et 8), et l'un d'eux est double (bastion 5-6), c'est à dire ne comportant que deux flancs (droit pour le bastion 5, gauche pour le 6) pour quatre faces, dont deux formant un angle rentrant intermédiaire. Ce bastion double est couvert au nord par une haute contregarde (n° 13) qui masque les faces du bastion 5 et la face droite du 6. L'ensemble du front 5-6-7 , bâti sur la hauteur de Malbousquet à la place du front de gorge de l'ancien fort, détruit pour lui faire place, a un statut particulier au sein de l'enceinte du fait de sa position dominante et de son lien avec le dehors et l'ancien fort Malbousquet. Une poterne y est percée dans la courtine 6-7, créant une communication entre le casernement (composé de 7 grandes casemates) niché à la gorge et dans le remblai du bastion 6, et l'ex fort, qui abritait le précédent casernement à sa gorge. Bastions et courtines portent sur ce tronçon haut un long cavalier en terre pour tirs d'artillerie à longue portée au dessus de l'ancien fort.Deux caractéristiques architecturales affirmées différencient les fronts bastionnés de cette enceinte ouest de ceux l’extension nord de l'enceinte de ville. La première tient à la mise en œuvre du revêtement, moins soigné : le parement appareillé est brut, plutôt qu'à bossages rustiques, les chaînes d’angle en pierre de taille sont lisses, et l’arase est couronnée d’une simple tablette et non d’un cordon.La seconde caractéristique, structurelle et très remarquable, tient au fait qu'une galerie d’escarpe continue et crénelée est aménagée dans la moitié supérieure de l’élévation du revêtement, tant des courtines que des bastions. Elle est formée d'une juxtaposition de petites casemates perpendiculaires au revêtement, prenant jour côté fossé par deux créneaux et un soupirail haut réservé au ras de la voûte en berceau. Ces casemates destinées à des magasins d’approvisionnement de guerre et au logement de troupes, utilisées plus tard pour des prisonniers de guerre (le souvenir de leur séjour, durant la seconde guerre, est pérennisé par des peintures murales remarquables), sont reliées entre elles par une galerie de circulation en corridor, le long du mur de fond. Cette galerie était conçue théoriquement comme ininterrompue sur les fronts bastionnés nord et ouest, depuis le bastion 1 jusqu’au bastion 8, mais elle a été réalisée de façon discontinue. Les deux solutions de continuité se situent l’une dans la partie droite du bastion 3, qui chemise en partie un rocher naturel et l’autre, beaucoup plus étendue, depuis le bastion 6 jusqu’au bastion 8. Le total de 289 casemates annoncé dans les documents de la fin du XIXe siècle correspond à celles effectivement réalisées.Ces casemates avaient plusieurs issues partant de la rue du rempart et traversant le rempart perpendiculairement, au revers de certaines courtines, et des débouchés en poternes dans le revêtement, comme on le voit encore dans la courtine 3-4.
Peinture
Scène de genre, personnage profane, scène de la vie sociale
Les cellules du demi-bastion 5 sont ornées de 29 peintures murales en couleurs ou en camaïeu : paysages, scènes de genre ou personnages isolés (scène de taverne, baigneuses, danseuse, vagabond dans un paysage). Le décor peint s’étend aussi à des plinthes en grisaille ou faux marbres sommaires courant autour des créneaux ou jusqu’aux piédroits des portes.
2014
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
2015
Corvisier Christian ; Fournel Brigitte
Dossier avec sous-dossier