Fort
Fort Malbousquet
Provence-Alpes-Côte d'Azur ; Var (83) ; Toulon
Var
Fortification d'agglomération, extension Missiessy-Malbousquet
IA83001927
1er quart 19e siècle ; 2e quart 19e siècle
3e quart 19e siècle
Attribution par source ; attribution par source ; attribution par source ; attribution par source
A l’ouest de la ville, la hauteur Malbousquet, de forme allongée dans un axe nord-ouest / sud-est, avec point haut au nord-ouest, était deux à trois fois plus distante des fronts bastionnés de l’enceinte XVIe-XVIIIe siècle de Toulon que ne l’étaient, à l’est et au nord-est, les forts Lamalgue et Sainte-Catherine. Une redoute sommaire en pierre sèche y avait été amorcée en 1770, et l'idée d'un fort pérenne, proposée pour la première fois en 1774 par Charles-Marie d'Aumale, reformulée en 1791, ne se concrétise pas avant 1814. Rien ne prédisposait alors cette position à être annexée, un demi-siècle plus tard, par une extension de l’enceinte du corps de place. En 1814, une solide lunette fossoyée de plan pentagonal, avec petit corps de garde, est construite sur le site de l'ancienne redoute. Ce n'est qu'en 1841 que le projet général du chef du génie de Toulon A. Louis comporte l'établissement d'un véritable fort bastionné autour de la lunette de Malbousquet. L'un des objectifs est d'assurer, depuis ce point haut, la défense de barrage de l'extension de l'arsenal vers l'est, à Castigneau. Le projet du fort, discuté, est complété et amplifié, au début de sa réalisation en 1843, par les chefs de bataillon du génie Corrèze et Dautheville. Achevée en 1848, l'enceinte du fort entourant la lunette, de plan polygonal irrégulier, comporte six petits bastions ou demi bastions bas, dont deux encadrant le front de gorge ou s'élève une caserne casematée. Elle est complétée en outre par un saillant terrassé supplémentaire en tête (nord-ouest) dit "as de pique". Un magasin à poudre de 25.800 kg est construit à la place de l'ancien corps de garde de la lunette. Les ouvrages et organes du fort sont numérotés de 1 à 12. Le 17 décembre 1856, le tracé de la nouvelle extension de l'enceinte du corps de place de Toulon alors projetée pour étendre considérablement à l'ouest l'emprise de l'arsenal, est arrêté par le comité des fortifications de manière à joindre et annexer le fort Malbousquet, destiné à perdre son statut de fort détaché pour devenir un simple dehors. Le chef du génie Antoine Long conçoit en 1860 le projet de l'enceinte et les dispositions permettant la traversée du fort Malbousquet par les nouveaux fronts. En 1862, il modifie les dispositions prévues, revenant sur ce qui, dans le fort, doit être sacrifié ou conservé pour l'utiliser comme dehors. Il en résulte la démolition de la caserne interne à l'ex fort et son remplacement par une autre d'une capacité de 280 hommes, enterrée dans le bastion 6 de l'enceinte, le plus proche. Les ouvrages restants du fort devenu un dehors complexe (mais toujours nommé fort Malbousquet) conservent une nomenclature indépendante de celle de l'enceinte, chiffrée de 1 à 6. La transformation du fort en dehors est achevée en 1868, de même que la construction du nouveau casernement casematé dissocié de l'ancien fort mais fonctionnellement lié.
Calcaire ; moellon ; brique
Tuile creuse
Système bastionné
Entresol
Voûte en berceau
Terrasse ; toit à longs pans
Escalier dans-oeuvre : escalier tournant, en charpente
L'état actuel du fort Malbousquet, à l'abandon et semi-ruiné, témoigne des transformations qu'il a subi entre 1862 et 1868, qui l'ont amputé de deux de ses fronts, le front d'entrée et le front de gorge, avec la la caserne qui s'y élevait.Le deux fronts subsistants de 1848 enveloppent de près dans l’aire triangulaire qu’ils définissent, l’ancienne lunette pentagonale de 1814 (n°6), conservée comme réduit défilant le magasin à poudres (de temps de paix, n° 10) niché à sa gorge. Le front de tête, face au nord / nord-ouest, est composé d’un rempart formant deux angles, celui de droite obtus (2) l’autre droit (3), avec banquettes d’artillerie ; ces angles sont épaulés de deux demi bastions plus bas, de modestes dimensions (1, 4), faisant saillie exclusivement sur les fronts latéraux. Au milieu de ce front, un ouvrage plus grand, fortement saillant, dit « l’As de pique » (5) en forme de bastion à flancs fortement retirés, est aussi haut que le rempart (2 -3) qu’il défile entièrement. En retour d’angle droit de ce front de tête (1-2-3-4-5), le front gauche de l’ancien fort est conservé sur les trois quart de son développement d’origine, formant une courtine (4-7) défilée et masquée par une grande et haute tenaille, sans doute reconstruite vers 1868 pour lui donner une plus grande hauteur que dans l’état d’origine. Le rempart ou courtine 4-7 de l’ancien fort, et l’extrémité gauche de la tenaille, ont été amputés et recoupés par le fossé qui retranche le fort du corps de place, fossé au sol fortement déclive vers l’extérieur (dans le sens de l’escarpement naturel sud-ouest). Le rempart (4-7) n’est pas continu, mais divisé en deux zones bien distinctes, celle vers l’angle 3 (nord-est), la plus courte, participant de la défense du front de tête, celle vers le fossé du corps de place et le bastion 7 délimitant une plate-forme d’artillerie indépendante cotée 8. Entre les deux segments, règne une coupure que referme, au-dessus du revêtement de la courtine, un mur maigre percé de trois créneaux de fusillade, et coiffé d’une dame, qui empêchait toute communication d’une partie à l’autre du rempart au niveau du parapet d’artillerie. L’accès aux deux demi-bastions bas 1 et 4 adossés au rempart des fronts latéraux au droit des angles (1, 4) du front de tête, est assuré par des poternes voûtées en berceau traversant le rempart. La gorge du fort amputé relie la courtine 8 aux abords du demi-bastion 1, en passant par la gorge de l'ancienne lunette remployée de 1814. La gorge de la lunette conserve son tracé « à cornes », soit formé d’un revêtement rentrant à trois côtés, enveloppant le magasin à poudres engagé en tenaille dans cette gorge et dégageant un fossé d’isolement. Ce magasin un peu surhaussé par rapport au fossé d’isolement, et attenant à une terrasse qui le sépare du fossé du corps de place, comporte une salle des poudres voûtée en berceau, jadis entresolée. Les murs latéraux sont percés des évents en chicane caractéristiques des magasins à poudres, et les murs pignons, fait moins fréquent, présentent en partie basse des « ventouses », conduits muraux verticaux.La poterne traversant la courtine 6-7 du corps de place met la gorge du fort amputé en communication indirecte avec le casernement casematé de 1868, niché dans le bastion 6 du corps de place. Les sept amples casemates, entresolées, pénétrant profondément dans le terre-plein du demi-bastion, définissent chacune une travée de la façade du casernement. Chaque façade de casemate comporte classiquement une porte flanquée de deux fenêtres de même largeur, avec couvrement en plate-bande appareillée. Dans l’état actuel, les fenêtres et la partie supérieure des portes sont toutes murées. Le profil de la voûte des casemates est exprimé en façade par un grand arc en segment de cercle, avec appui régnant au niveau du plancher de l’entresol des casemates. Les casemates communiquent entre elles, aux deux niveaux, par des passages en corridor percés dans les murs de refend, vers le fond. L’accès à l’entresol se fait par un escalier en charpente ménagé au fond de la casemate centrale, avec deux courtes volées convergeant dans une volée centrale. L’ensemble est isolé du terre-plein du bastion par un haut couloir voûté enveloppant permettant d’assainir le casernement, à la manière d’un couloir d’isolement de magasin à poudres.
Propriété publique
2014
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
2015
Corvisier Christian ; Fournel Brigitte ; Brunet Marceline
Sous-dossier