Corderie
Corderie
Provence-Alpes-Côte d'Azur ; Var (83) ; Toulon
Var
Arsenal
IA83001934
4e quart 17e siècle ; 4e quart 19e siècle
2e quart 18e siècle ; 1er quart 19e siècle ; 3e quart 20e siècle
Attribution par source ; attribution par travaux historiques ; attribution par source ; attribution par source
Remploi provenant de : Toulon
Dans les années 1660, avant la réalisation du grand projet de Colbert et de Vauban, le chantier de construction navale de l'arsenal est équipé de magasins à chanvre, matière première des cordages dont sont équipés les vaisseaux (100 tonnes de cordes pour un vaisseau de 74 canons de cette époque). Cependant, l'espace dédié au filage et au commettage (tressage des cordes) est alors à ciel ouvert et empiète sur le chantier de construction.En février 1679, Vauban, récemment promu commissaire général aux fortifications arrive à Toulon pour élaborer le projet du nouvel arsenal dont la corderie est la pièce maîtresse. Sa longueur doit permettre d’y confectionner les plus longs cordages embarqués, (grelins de 308 mètres). Dans le projet définitif proposé par Vauban en mai 1682, la corderie matérialise la limite nord entre l’arsenal et la ville, en arrière-plan du chantier de construction navale. Dans son prolongement ouest sont la goudronnerie et le magasin au goudron, pour le traitement des cordages et assurer leur résistance aux sels marins. Le magasin aux cordages blancs (non goudronnés) se trouve à proximité. Les travaux d’édification de la corderie s’amorcent au début de 1686 sous la maîtrise d’œuvre de l’ingénieur François Gombert, l'adjudicataire du marché des constructions étant l'entrepreneur André Boyer, « architecte du roi». La partie orientale est fondée sur pieux. Les plans initiaux prévoient des planchers portés par des arcades longitudinales. Les piliers intérieurs sont en pierre de Couronne et les autres parties en pierre de taille emploient de la pierre de Fontvieille et de Calissane. En 1686, Vauban impose une modification de la structure interne en construction, remplaçant les planchers par des voûtes d'arêtes avec tirants, plus solides et moins vulnérables aux incendies. A la suite, le rez-de-chaussée est intégralement voûté, mais l’étage ne l'est que partiellement, sans doute pour des raisons économiques, les coûts de mise en oeuvre ayant été alourdis par des problèmes de qualité de pierre, aux dépens de l'entrepreneur. La partie ouest est mise en fonction fin 1691, mais des parties de charpente et de couverture restent à finir en 1692. Le magasin au goudron et la goudronnerie sont construits en 1685 sous la maîtrise d’œuvre de l’entrepreneur Chaussegros. En 1701, Vauban juge le bâtiment de la corderie, achevé pour le gros-oeuvre, un des plus beaux qui soit en Europe. C'est le plus grand du royaume, surclassant celui de Rochefort bâti avant 1670 par François Blondel. Pour ce qui est du fonctionnement, les chanvres sont réceptionnés dans le pavillon Est, stockés au rez-de-chaussée, puis peignés à l’étage des deux pavillons. De là, ils passent au filage à l’étage du corps central. L'atelier de commettage réalisant les cordages à partir des fils occupe tout le rez-de-chaussée décloisonné du même corps central. Jusqu’au milieu du XIX° siècle, la corderie ne subit aucun changement architectural, à la différence de la goudronnerie et le magasin aux goudrons, rehaussés en 1755 d'un étage (salle d'armes), desservi par un escalier intermédiaire. Par contre, le dégradation des piliers impose de grosses réparations par placage de pierre de Cassis dans les années 1820-1830, et on supprime les voûtes du pavillon est, déformées par des tassements. En 1870, le magasin aux goudrons est agrandi de 7 travées et réaffecté à la poulierie et avironnerie.Ravagée par un grand incendie en Juillet 1873, imposant la reconstruction des planchers, charpentes et couvertures, la corderie perd sa destination première en 1884 : l'activité est maintenue exclusivement à Brest pour toute la marine nationale, le filin d’acier ayant largement supplanté le chanvre. Les locaux, recloisonnés, accueillent l’école de maistrance, le musée naval, la direction des défenses sous-marines, l’école des officiers torpilleurs et le magasin des torpilles. Un nouvel incendie, en avril 1907, entraîne le destruction complète, murs compris, d'un tronçon du corps central long de plus de 40m. L'étage du pavillon est accueille en 1917 les bureaux de la préfecture maritime, ce qui justifie la construction d'un sas entre la façade est de ce pavillon et le mur d'enceinte, et permet d'utiliser comme entrée monumentale l'ancien portail baroque des Jésuites de Toulon, déposé et remonté en appui contre ce mur dès 1911. Les bombardements de 1943 et 1944 provoquent de nouvelles destructions en neuf point de la corderie. Diverses reconstructions -certaines en béton- et adaptations des abords s'échelonnent entre l’immédiat après-guerre et le début des années 1970. En dernier lieu, le sas d'entrée des bureaux préfectoraux et le mur d'enceinte est sont détruits, dégageant la face est du pavillon est, ouvrant désormais sur une place publique gagnée par la ville : le portail des Jésuites est alors remonté directement contre cette face du pavillon.
Calcaire ; moellon ; enduit ; brique ; fonte ; béton
Tuile creuse mécanique ; zinc en couverture
1 étage carré ; étage de comble
Voûte d'arêtes
Élévation à travées
Toit à longs pans ; toit brisé en pavillon
Escalier intérieur : escalier tournant, en maçonnerie
La corderie se compose d’un long corps unique rectiligne, sans avant-corps central, de 75 travées (c. 340m, pour 21m de large) encadré par deux pavillons mansardés de six travées chacun (29,60m de long pour 22m de large), le développement de l'ensemble, de 87 travées, dépassant 400 mètres. La largeur de l’édifice détermine trois nefs séparées par deux rangées de piliers, qui correspondaient à autant d’ateliers de filage et de commettage. Le bâtiment comporte deux niveaux dont seul le premier a été intégralement voûté d'arêtes, de plan barlong et non carré. Le voûtement de l'étage du corps principal n’avait jamais été exécuté dans les 46 travées médianes, soit, en partant de l’ouest (pavillon inclus), de la 19e à la 65e travée. De même, le pavillon oriental, construit en dernier, n’a jamais été voûté, tant au rez-de-chaussée qu’au premier étage : dans les deux cas, les piliers de pierre de taille y avaient bien été mis en place, mais y portaient la poutraison des planchers, par l’intermédiaire de jambes de force.Le comble du corps principal, sous un toit à deux versants à faible pente et sans surcroît, n’est pas aménagé, tandis que les pavillons se distinguent par leur étage de comble logeable sous un toit « à la Mansart » à brisis et terrasson, muni de lucarnes en pierre dans le brisis. Le corps principal, aujourd'hui discontinu (du fait de la disparition d'un tronçon de 40m en 1907), cloisonné et en partie reconstruit pour certaines portion, en 1874 et après 1944, a irrémédiablement perdu l'unité réalisée selon les desseins de Vauban. Sur son toit à faible pente, la tuile mécanique a en partie remplacé la tuile creuse, tandis que la couverture en zinc des pavillons, refaite après 1944, reproduit un état créé en 1835 en remplacement des ardoises du Dauphiné de l'état initial. Les travées anciennes voûtées conservées au rez-de-chaussée du long corps central, encore nombreuses (en partant du pavillon ouest inclus : travées 24 à 34, et 51 à 81), sont toutes entresolées, le plancher intermédiaire régnant immédiatement sous l’imposte. Des parties du premier étage dont les voûtes ont été réalisées, reste en place un tronçon de la travée 66 à la travée 74, rescapé de l’incendie de 1873 et des bombardements de 1944. Les 46 travées médianes non voûtées conservaient en 1873 leurs piliers de pierre après destruction par le feu des planchers et charpentes. Le parti alors choisi fut de conserver ces piliers, et les relier entre eux dans l’axe longitudinal par des arcs-diaphragme en briques, portant le plancher du comble et les entraits de la charpente. Ce système, détruit en partie à son tour lors des sinistres de 1903 et de 1944, est encore en place au-dessus de parties dont les voûtes d’origine du rez-de-chaussée sont conservées, soit de 24 à 33 et de 52 à 57. Une partie des arcs-diaphragme de 1873 a été refaite en ciment armé après 1944. Dans la partie de 24 à 33, le volume est entresolé, et porte un plafond de voûtains ou hourdis sur solives métalliques. Au-dessus subsistent dans le comble plusieurs fermes de la charpente métallique, avec piliers polygonaux en fonte superposés aux piliers des niveaux inférieurs, et poutrelles en fer formant entraits et pannes. Un seul des quatre escaliers internes en pierre d'origine à volée droite, groupés symétriquement deux à deux aux raccord du corps principal aux pavillons, est conservé aujourd'hui, côté ouest.L’élévation extérieure de la corderie comporte de façon générale, au rez-de-chaussée, à chaque travée, une arcade à chambranle couverte en plein-cintre, avec bandeau horizontal soulignant l’imposte ; chambranle et imposte étaient initialement partout en pierre de taille blanche tranchant avec les parements courants en moellons enduits. Ces arcades étaient conçues dans le long corps principal pour être entièrement ouvertes, donnant au rez-de-chaussée le caractère d’une halle, tandis que celles des pavillons inscrivaient étroitement dans un remplage une fenêtre à chambranle couverte d’un arc segmentaire à crossettes, disposition aujourd’hui en partie conservée dans le pavillon est. Les baies de l’étage sont toutes des fenêtres à chambranle rectangulaire, avec appui souligné en façade par un bandeau continu. Un entablement en pierre de taille fait transition avec les toits, tant pour le corps principal que pour les pavillons, ceux-ci étant soulignés verticalement des chaînes d'angle évoquant des pilastres enveloppants. Les lucarnes de l’étage de comble des pavillons, également en pierre blanche, ont un fronton curviligne. Certaines parties de l’édifice épargnées en 1944 sont le résultat des reconstructions consécutives à l’incendie de 1873 : il s’agit du comble du pavillon ouest, de l’étage et du comble des travées 24 à 35 et 51 à 59, dont le rez-de-chaussée voûté d’époque Vauban reste en place. Dans l’absolu, aucune partie de l’édifice n’a conservé la totalité de son élévation de la fin du XVIIe siècle, puisque les charpentes et les toits ont tous été refaits, les plus anciens ne datant que d’après 1873. Le sous ensemble ayant le mieux conservé, sans trop de cloisonnements, les témoins de sa structure interne primitive, est le pavillon ouest. Initialement détaché de la corderie, l’ensemble formé par le magasin aux goudrons et la goudronnerie, formant deux bâtiments bien distincts, est dans son strict prolongement, de même largeur qu’elle, et divisé aussi en trois nefs par des piliers portant voûtes ; ces deux bâtiments n’ont qu’un niveau sous comble et sont séparés l’un de l’autre par un espace équivalent à une de leurs travées, plus larges que celles de la corderie. Le premier des deux bâtiments, en partant de la corderie, l’ancienne goudronnerie, ne comporte que trois travées ; à la suite, l’ancien magasin aux goudrons en comptait cinq, rallongées de 7 en 1870. Ce dernier, dans l’état actuel, est très remanié à l’extérieur : il a perdu son étage de 1755, dérasé et remplacé par un comble à deux versants, bâti au-dessus des voûtes bien conservées de ses cinq travées d’origine. L’espace intermédiaire est toujours occupé par l’escalier à rampes droites et par l’arche plein-cintre portant une coursive entre étages, créés en 1755.
classé MH partiellement
La porte de l'ancien hôpital de la Marine (ou porte de l'ancien séminaire Jésuite) , remontée à la Corderie : classement par arrêté du 15 avril 1911
Zone de protection du patrimoine architectural urbain et paysager
Edifice majeur de l'Arsenal de Toulon conçu par Vauban, la corderie et ses annexes sont, par leur vocation autant, sinon plus, des bâtiments industriels que des bâtiments militaires stricto sensu. Malgré un état très remanié et mutilé, l'ensemble, vu de la ville, conserve une apparence d'unité qui lui conserve un intérêt patrimonial de premier ordre.
Propriété de l'Etat
2014
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
2015
Corvisier Christian ; Cros Bernard ; Fournel Brigitte
Sous-dossier