Édifice logistique
Édifice logistique dit Magasin général
Provence-Alpes-Côte d'Azur ; Var (83) ; Toulon
Var
Arsenal
IA83001934
4e quart 17e siècle (détruit) ; 1er quart 19e siècle
1686
Daté par source
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Baillardel de Lareinty Félix (commanditaire)
La conception des arsenaux promue par Colbert faisait du magasin général le siège administratif de la gestion de tous les approvisionnements de l’arsenal, et le lieu dans lequel étaient conservées les matières les plus précieuses. Dans le projet d’arsenal élaboré par Vauban en 1682, le bâtiment du magasin général, composé d'un corps central rectangulaire étroit de sept travées, encadré de deux gros pavillons de quatre travées, en forte saillie sur la façade nord, était jumelé au nord à un autre bâtiment parallèle, identique en symétrie inversée. Le magasin général seul est construit en 1686, par l’entrepreneur Boyer ; son pavillon oriental abrite une étuve. Il voisine, au sud, avec la halle aux futailles et le magasin aux cordages. Il est ruiné par l'incendie allumé par les Anglais dans l'arsenal lors de leur retraite, le 17 décembre 1793. Le pavillon oriental, seul voûté en maçonnerie, est alors jugé récupérable, et réparé en 1796. En 1803 et 1804, plusieurs projets et contre-projets de rétablissement du magasin général sont proposés, la plupart signés de Carron, ingénieur en chef des travaux maritimes de Toulon. Ces projets déclinent deux variantes, une dans laquelle le pavillon existant est conservé (à la demande du ministre de la Marine) et prolongé par un bâtiment neuf de même largeur que lui, voûté à l'intérieur en trois nefs, mais d'un style néoclassique plus moderne et sobre, et une dans laquelle le pavillon ancien disparait. Les premiers projets conservent l'emprise en longueur du bâtiment ancien, tandis que ceux de 1804 proposent pour la partie reconstruite à neuf un plus grande longueur (17 travées dans la variante sans le pavillon ou 15 en plus du pavillon) et un étage supplémentaire, ce qui crée, sur les dessins, une rupture d’échelle de proportions avec le pavillon ancien à conserver. Ce contraste est aussi stylistique, car le nouveau bâtiment dessiné est plus dépouillé que celui du projet précédent, avec fenêtres plus petites, haut soubassement en pierre de taille, voûtes plus robustes, et trois grandes arcades d’entrée au centre de la façade au lieu d’une seule. La partie ruinée du bâtiment de 1686 est rasée en 1805, et le nouveau préfet maritime, l'amiral Emériau, obtient du ministre l'approbation d'une reconstruction à neuf sacrifiant le pavillon ancien. Le nouveau projet approuvé, variante de celui de 1804 se distinguant par la forme des fenêtres, l’appareil à bossages du soubassement, et par le traitement en halle des baies du rez-de-chaussée de la façade sur cour, serait dû au nouvel ingénieur en chef des travaux maritimes Charles-François Mandar. Les travaux de construction, lancés en 1809, sont conduits avec lenteur et interruptions de chantier, du fait de restrictions budgétaires, en sorte qu'en 1816, seuls sont réalisés les murs d'enveloppe du rez-de-chaussée. En 1819, sous l'impulsion de l'intendant de la marine Lareinty, et sous la direction de l’ingénieur général Raucourt, puis celle de son successeur Bernard, le chantier reprend plus efficacement : les piliers, les voûtes, les arceaux extérieurs et la cage d’escalier sont construits. Des forçats sont affectés aux constructions que le budget de la marine ne permet pas de réaliser classiquement à l’entreprise. Pour le magasin général, ils exécutent essentiellement les masses de maçonnerie ordinaires, mais les voûtes sont confiées à l'entrepreneur Biguet. Des problèmes d’approvisionnement de pierre de taille et des difficultés techniques pour la conception des escaliers ne permettent d'aboutir à un achèvement quasi complet, et à une occupation du bâtiment, qu'en septembre 1826. Le premier raid aérien allié contre Toulon, le 24 novembre 1943, ruine l'extrémité orientale du bâtiment, dont les cinq travées sont sacrifiées par la campagne de restauration qui fait suite au déblaiement des ruines de l’hiver 1945 - 1946.
Calcaire ; moellon ; enduit ; calcaire ; pierre de taille ; brique ; enduit ; ciment
Tuile creuse mécanique ; tuile creuse
Plan rectangulaire régulier
2 étages carrés ; étage de comble
Voûte à arêtes doubles ; voûte en berceau ; voûte en berceau brisé ; voûte en berceau segmentaire
Élévation à travées
Escalier intérieur : escalier tournant à retours avec jour
Dans son état actuel, le bâtiment du magasin général, parallèle à la corderie, est amputé de son mur pignon est/sud-est et des cinq travées attenantes, ce qui réduit son développement et déséquilibre sa composition. Le mur pignon qui, en 1946, a refermé l’édifice coupé après la douzième travée, ne cherche en rien à imiter l’ordonnance de la construction initiale et laisse apparents et saillants, au rez-de-chaussée, les départs de la treizième travée. L’élévation intérieure comporte quatre niveaux voûtés. Le dernier est un étage de comble dont l'ampleur n’est pas perceptible de l'extérieur, les élévations des façades principales superposant trois niveaux de fenêtres, et ne comportant pas de lucarnes dans les versants du toit à faible pente. Revêtus de tuiles canal, ceux-ci sont seulement équipés de discrets châssis tabatières. La hauteur sous voûte est dégressive d’un niveau sur l’autre, jusqu’au second étage, ce qui se répercute dans les façades par une diminution de la taille des fenêtres, réduites à des jours rectangulaires moins hauts que larges au second étage. Le rez-de-chaussée voûté d’arêtes est divisé en trois nefs par deux rangées de piliers carrés, chaque travée comportant trois voûtes d’arêtes de plan carré, excepté dans les travées 6-7 et 11-12, où la nef latérale nord/nord-est, accueille deux cages d’escalier disposées symétriquement de part et d’autre du portail central à trois arcades par lequel le magasin donne sur la « rue » intérieure de l’arsenal, parallèle à la corderie. Au rez-de-chaussée, les deux grandes façades sont dissemblables : du côté de la rue, le soubassement en assises réglées de moyen appareil, en partie à bossages en table, est continu, seulement recoupé par les piédroits des trois arcades du portail central. Les autres travées ne prennent jour que par des fenêtres hautes en demi-cercle, au-dessus du soubassement. Tous les arcs sont extradossés et à bossages. Dans la façade sur cour, chaque travée est ouverte d’une arcade identique à celles du portail recoupant le soubassement, qui s’en trouve réduit à des piliers, ce qui donnait au rez-de-chaussée de ce côté le caractère d’une halle. Aujourd’hui, la plupart de ces arcades sont refermées par un remplage de maçonnerie maigre percé de deux niveaux de petites fenêtres, le rez-de-chaussée étant entresolé. Le second étage est moins haut sous voûtes que le premier, ce qui se traduit dans la forme des fenêtres en façades. Les voûtes d’arêtes sont plus légères (brique enduite ?) que celles du rez-de-chaussée, et surtout fortement surbaissées, sur piliers plus grêles. Le troisième étage, sous comble, se distingue par un voûtement original, presque « basilical » sans doute construit en briques plâtrières légères : la nef centrale, la plus haute, car joignant la panne faîtière du toit, est couverte d’un berceau brisé longitudinal retombant sur deux files de piliers, et encadrée de bas-côtés voûtés en berceau rampant, portant directement les chevrons du toit. La nef centrale était éclairée à ses deux extrémités par une grande fenêtre tripartite de type Serlienne, aux référence palladiennes, qui s’ouvre à l’extérieur au centre du pignon formant fronton. L’un des deux escaliers d’origine est bien conservé, dans les travées 6-7, il forme deux volées droites en pierre en retour l’une de l’autre, séparées d'abord par un mur-noyau épais, puis, à partir du premier étage, par un vide central ; les repos sont portés par une voûte en berceau surbaissé. Les rampes d’appui, très simples, en fer forgé, remontent à la construction d’origine.
Zone de protection du patrimoine architectural urbain et paysager
Dernier en date des bâtiments monumentaux édifiés dans l’arsenal dans la continuité d’esprit des réalisations de l’âge classique (corderie), le magasin général conserve l'essentiel de son unité architecturale, représentative du vocabulaire architectural néoclassique du premier Empire.
Propriété de l'Etat
2014
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
2015
Corvisier Christian ; Cros Bernard ; Fournel Brigitte
Sous-dossier