Boulangerie
Boulangerie
Provence-Alpes-Côte d'Azur ; Var (83) ; Toulon
Var
Arsenal
IA83001934
4e quart 17e siècle ; 4e quart 18e siècle
Attribution par source ; attribution par source
La boulangerie de l’arsenal ne faisait pas partie du projet initial de Vauban de 1682, car une boulangerie de la marine existait sur le quai entre l’arsenal et la ville. Elle fut incendiée en 1695, et c'est directeur des fortifications de Provence Antoine Niquet, qui conçut la forme et choisit l'emplacement de la nouvelle boulangerie. Elle se composait de deux larges ailes de fours indépendantes disposées en chevron, à deux étages (le premier affecté aux soutes a biscuit, le second aux greniers à farines), la pointe du chevron étant occupée par un bâtiment isolé de plan triangulaire affecté aux magasins. L’ensemble devait compter 26 fours et des soutes ayant la capacité de conserver huit à dix mille quintaux de biscuits de mer. Le plan en chevron était justifié par l’insertion de ces bâtiments, hors les murs de l’arsenal (en prévention des risques d’incendie), à l’abri dans une demi-lune projetée à l’ouest de la nouvelle enceinte (front 11-12), laquelle ne sera pas réalisée, et remplacée par une place d'armes du chemin couvert. Dans son addition de 1701 à son projet général, Vauban déplore ce choix d’occuper un dehors par un bâtiment important, dont la hauteur murale procure un commandement sur la darse et sur l’Arsenal. L’aile gauche est construite de 1698 à 1700, équipée de six fours doubles desservis par deux salles parallèles, suivie, en 1701, par le magasin triangulaire ; en revanche l'aile droite, en place en 1707, n'est construite qu'au niveau du rez-de-chaussée.Dans les années 1750, Jean-Joseph Verguin, ingénieur des bâtiments civils de la marine chargé de la direction des travaux d’architecture de l’arsenal, programme l’achèvement de l’aile droite des fours, mais la réalisation en est différée près de vingt ans, et, en 1772, ce projet est devenu une reconstruction intégrale. La nouvelle aile, dotée de huit fours simples, réalisée à la suite et achevée en 1785 (un peu différemment du projet Verguin), assurait l’augmentation effective des capacités de production et de stockage de la boulangerie. Le projet de construction de la demi-lune autour de la boulangerie avait été représenté en1767 par le directeur des fortifications de Provence Milet de Monville, en 1764, et, en 1775 par son successeur Charles-François-Marie d’Aumale, sans se concrétiser. La partie du fossé ouest du corps de place passant à la gorge de la boulangerie était entièrement inondée, et servait de bassin d’immersion des bois d’œuvre de la marine. A partir de 1843, les travaux de creusement de la nouvelle darse de Castigneau, à partir des fossés inondés du front ouest de l’enceinte Vauban, entraînent la destruction de l’ancien chemin couvert, conservent la boulangerie, désormais déconnectée de tout dehors défensif. Réaffectés au XXe siècle à des ateliers de garniture et de voilerie, les bâtiments de la boulangerie demeurent inchangés jusqu’aux bombardements alliés de 1944, qui détruisent l’aile gauche, le bâtiment des greniers et ruinent l’aile droite. De celle-ci n’est par la suite conservé que le rez-de-chaussée voûté avec les fours, amputé de quelques travées.
Calcaire ; moellon ; enduit ; calcaire ; pierre de taille ; brique
Plan régulier
2 vaisseaux ; 2 étages carrés
Voûte à arêtes doubles ; en brique
Élévation à travées
Toit à longs pans croupe
Escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour
Ce qui reste aujourd'hui de l'ancienne boulangerie n'est qu'un tronçon de 7 travées (sur 10) de l'aile de droite achevée en 1785, en simple rez-de-chaussée voûté, sans aucune couverture de protection au-dessus des voûtes. Dans son état complet, elle comportait deux étages couverts d’un toit à deux longs pans et croupes, au-dessus du rez-de-chaussée voûté dévolu aux fours. Conçue sur le même modèle que l’aile gauche de 1698-1700, mais avec une travée de plus la rallongeant légèrement vers l’est, cette aile droite (nord) se terminait à l’est, comme son modèle, non par un simple mur pignon, mais par deux pans de murs réunis par un angle saillant obtus, cette extrémité de plan triangulaire incorporant un vestibule et une spacieuse cage d’escalier. Cela séparé par un mur de refend du reste de l’aile, occupé par les fours encadrés de deux salles longitudinales asymétriques. A l’autre extrémité, la dernière travée de l'aile formait un corridor transversal avec escalier secondaire, aussi séparé des salles des fours par un mur de refend. A l’état actuel du rez-de-chaussée du bâtiment manquent ces deux extrémités : d’une part, à l’ouest, la première travée de corridor, d’autre part l’ensemble du vestibule triangulaire, avec la dixième travée, sa démolition s’étant étendue à celle du mur de refend et de la neuvième travée. Il ne reste que sept des huit fours, encadrés des deux salles voûtées asymétriques, coupées en « écorché » du côté est. Au-dessus des fours un corridor voûté longitudinal (muré) règne entre les voûtes respectives des deux salles.L’état réalisé des volumes voûtés est en partie non conforme au dessin du projet signé par Verguin en janvier 1772 : la plus large des deux salles, celle située au sud des huit fours et desservant leur bouche, alors projetée comme un vaisseau unique profilé en plein-cintre, forme deux vaisseaux symétriques couverts de voûtes d’arêtes profilées en tiers-point, retombant au centre sur une file de piliers carrés libres. La partition en deux nefs donne à ce volume voûté des proportions élancées et monumentales.Les voûtains sont fourrés en briques, avec faîte et arêtes soulignées en pierre de taille calcaire jaune appareillée, extradossés en escalier. Un contre-mur bas court le long du mur des fours, offrant une tablette d’appui au niveau des bouches, encadrées en briques et couvertes en plein-cintre, avec arc de décharge. Au-dessus de ces bouches de four, la hotte des cheminées a disparu.La« salle » située au nord des fours, sans communication avec eux, est presque deux fois moins large que la salle sud, et prend l’apparence d’une galerie, nef unique elle aussi voûtée d’arêtes, mais sans voussoirs en pierre de taille. Les façades, bâties en blocage jadis revêtu d’un enduit couvrant, ont conservé leur bandeau de pierre dure blanche qui marquait la transition avec le premier étage, et leurs fenêtres, également encadrées en pierre de taille blanche couvertes d’un arc segmentaire.
Mauvais état ; vestiges
À signaler
En piteux état, ce vestige de la boulangerie a cependant conservé ses fours et ses salles voûtées, l'une de bel aspect, et mérite d'être sauvegardé comme témoin des dispositions de ce bâtiment militaire, représentatif à la fois du dessein d'Antoine Niquet et de l'intervention de Verguin, également auteur du bâtiment de l'horloge.
Propriété de l'Etat
2014
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
2015
Corvisier Christian ; Fournel Brigitte
Sous-dossier