Poudrière
De Milhaud
Poudrière de Milhaud
Provence-Alpes-Côte d'Azur ; Var (83) ; Toulon
Var
Milhaud
Arsenal
IA83001934
4e quart 17e siècle
3e quart 19e siècle
Attribution par source ; attribution par source ; attribution par source
Girardin de Vauvré Jean-Louis (commanditaire)
Dans son projet d’arsenal de mai 1681, Vauban prévoit d’implanter un magasin à poudre à l'usage des vaisseaux de guerre dans le bastion occidental de la nouvelle darse, à proximité immédiate du port, implantation de nature à faciliter le service, mais présentant de graves inconvénients en cas d’attaque ou d’explosion. La variante du projet, datée de mai 1682, exclut le magasin à poudre de l’emprise de l’arsenal et de la ville. En novembre 1684, l’intendant de Vauvré demande à l’ingénieur général des fortifications Antoine Niquet d’établir le devis de plusieurs magasins à poudres extra-muros à l’usage du nouvel arsenal dont la construction commence. Le premier magasin à construire occupe la presqu’île de Lagoubran (acquise en 1686), à une assez grande distance à l'ouest de l'enceinte de la nouvelle darse, le second étant sur l’île de Milhaud (acquise en 1692), à quelques centaines de mètres à l’est de Lagoubran, donc un peu moins éloigné du port. Le terrain est un îlot détaché de la côte par une étroite passe, dominé à peu de distance au nord par une butte dite de Milhaud, elle-même commandée par la hauteur de Malbousquet. Les travaux de construction du magasin confiés à l’entrepreneur César Aguillon, sont conduits de juin 1692 à mai 1695. Un quai de déchargement est construit en 1696 à proximité du magasin, pour faciliter les mouvements de poudres entre le magasin et les vaisseaux, ainsi qu'un mur d'enceinte, non défensif (à la différence de celui de Lagoubran).Au milieu du XVIIIe siècle, la zone de basses terres émergées séparant l'île de la côte est devenue émergente, transformant l’île en presqu’île.La capacité du magasin est donnée pour 400 milliers de poudre dans un rapport de 1747 rédigé par Milet de Monville, directeur des fortifications. La construction de la grande extension ouest de l’enceinte du corps de place de Toulon, en 1860-1868, allant jusqu’au fort Malbousquet, et enserrant une aire aux deux tiers à l’usage de la Marine (darse Missiessy), place le magasin à poudres de Mihaud à proximité immédiate de l’angle sud-ouest de cette enceinte, au débouché de la « porte de Lagoubran », à la fois routière et ferroviaire. La presqu’île de Milhaud a changé d’aspect, fortement agrandie au sud-ouest par gain sur la mer, elle est détachée de la côte à l’est par un chenal, et bordée à l’ouest par un canal de livraison à l’usage de deux vastes bassins dits fosses à bois, clos de digues, aménagés de 1851 à 1857 entre les deux presqu’îles de Milhaud et Lagoubran. Le magasin conserve sa fonction, et il est intégré fonctionnellement dans le parc de la pyrotechnie aménagé par la marine en 1865-1870 principalement dans une aire littorale extra muros autour du magasin de Lagoubran, à l’ouest des fosses à bois, et sur une large digue alors créée en avancée dans la mer. Des hangars à munitions et à explosifs, sont alors implantés dans la presqu’île de Milhaud, répartis dans un périmètre clos, et formant un ensemble alors dénommé« Poudrière Milhaud ». Le magasin à poudres est épargné par les destructions de guerre dues aux frappes aériennes des alliés en 1943 et 1944 (à la différence de Lagoubran), mais ses abords sont touchés. Après la guerre, la « poudrière de Milhaud », désaffectée, a perdu son enceinte ancienne et ses bâtiments annexes, tandis que la surface de la presqu’île s’est encore augmentée en gagnant sur la mer au sud et au sud-est, aux dépens du chenal est, comblé. Dans les années 1990, l’ancien magasin à poudre, utilisé provisoirement comme dépôt d’archives, est menacé de destruction ; ce risque est cependant écarté, malgré la difficulté de lui trouver une affectation pérenne, et l' intérêt patrimonial de l'édifice, remis à la Marine nationale au début des années 2000, est reconnu.
Calcaire ; moellon ; enduit ; calcaire ; pierre de taille ; brique ; enduit
Tuile creuse
Plan rectangulaire régulier
Rez-de-chaussée ; étage de comble
Voûte d'arêtes ; voûte en berceau
Élévation à travées
Toit à longs pans pignon couvert
Escalier intérieur : escalier tournant à retours, en charpente
Les mutations radicales subies par le paysage environnant depuis le XVIIIe siècle rendent aujourd'hui insoupçonnable la position insulaire initiale du magasin. Voûté à l’épreuve des bombes, l'édifice répond dans ses grandes lignes aux normes architecturales classiques des magasins à poudre dits « à la Vauban », rappelées par Bélidor dans son traité La science des ingénieurs. Il se distingue toutefois par ses amples dimensions en plan (35,90 m X de 9,50 m dans oeuvre, 7 travées définies par 8 contreforts, le modèle type du magasin à la Vauban a une salle de 20 m sur 8,12 m et cinq contreforts), et par le fait qu’il comporte deux niveaux voûtés superposés, augmentant d’autant sa capacité, et non une salle unique voûtée en berceau.La salle de rez-de-chaussée est voûtées d’arêtes, autrement dit couverte d’un berceau longitudinal légèrement surbaissé, partant du sol, recoupé de quartiers latéraux très étroits (proportionnellement du vaisseau principal), avec retombées concentrant les poussées au droit des contreforts. Au-dessus de cette voûte, une salle haute logée sous les deux versants du toit est voûtée, non pas en berceau plein-cintre (contrairement à ce qui apparaît sur un relevé en coupe de 1760), ni même en berceau tiers-point (profil que Vauban jugeait plus fragile que le plein-cintre) mais en chaînette. Il semble que ce profil est bien d’origine.Autre exception, la porte d’entrée n’est pas percée dans un des murs pignons, mais au milieu du mur gouttereau regardant côté terre (nord-ouest). Dans cette quatrième travée de la salle basse, le mur gouttereau regardant la mer est surépaissi d’une maçonnerie reliant la tête des 4e et 5e contreforts, dispositif permettant de loger dans la masse murale la cage de l’escalier en bois montant à l’étage. Celui-ci, apparemment d'origine, se compose d’une première volée droite perpendiculaire au gouttereau, dans l’axe de la porte du magasin, et pénétrant dans la voûte par une arcade couverte en plein-cintre ; à la suite, un repos, renfoncé dans le mur épaissi, dessert deux volées latérales symétriques montant sur les reins de la voûte en sens opposé de la première volée, et débouchant sous une arche.Les évents des murs gouttereaux de la salle basse sont actuellement bouchés et masqués par l’enduit. Les baies qui donnent jour aux salles, dans les murs-pignon, aujourd’hui très remaniées, n’étaient nullement normatives : elles formaient une fenêtre géminée avec meneau central non monolithe, munie classiquement de volets extérieur et intérieur.Les murs et les contreforts sont montés en blocage de petits moellons de tout venant, les voûtes en briques, le tout revêtu d’un enduit couvrant, qui forme une plinthe à la base extérieure des murs. La pierre de taille est strictement réservée à l’encadrement des fenêtres des murs pignons et à la corniche des murs gouttereaux. Le talus des contreforts est revêtu de tuiles-canal, comme les versants du toit dont les chevrons portent directement sur le remplissage de maçonnerie des reins de la voûte supérieure.
À signaler
Par son bon état de conservation, le magasin de Milhaud offre un exemple remarquable de magasin à poudres du type préconisé par Vauban, un peu surdimensionné pour son adaptation aux besoins de la flotte d'un port de guerre. Il est en outre l'unique témoin de sa catégorie depuis la disparition du magasin de Lagoubran.
Propriété de l'Etat
2014
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
2015
Corvisier Christian ; Cros Bernard ; Fournel Brigitte
Sous-dossier