Livre d'heures
Livre d'Heures n° 1
Livre d'heures
Bourgogne-Franche-Comté ; Côte-d'Or (21) ; Beaune ; rue de l'Hôtel-Dieu ; hôtel-Dieu
21054
Anciennement région de : Bourgogne-Franche-Comté
Beaune centre
Beaune nord
Hôtel-Dieu (rue de l')
Hôtel-Dieu
IA21000880
En ville
Peinture
Parchemin
Le livre d'Heures n° 1 est un in 8° coté inv. L 123 n° 6, qui comprend 162 folios d'écriture batarde. Il comporte une reliure en basane à filets dorés très simples, postérieure. On ne connaît pas l'usage diocésain de ce livre, mais il se rattache très vraisemblablement aux livres d'Heures à l'usage d'Autun exécutés dans l'entourage des Rolin. Chaque Heure est annoncée par une planche différente (33 en tout). La dernière planche représente Saint Etienne et comporte une oraison au saint. La composition des pages enluminées répond à deux modèles de mise en page et une variante : enluminures en forme de vignettes (2) placées sur un large bandeau de fleurs et rinceaux sur fond doré, le texte se trouvant à peu près centré sur la page et l'enluminure l'encadrant ; scènes présentées dans un encadrement d'éléments architecturaux (colonnes, arcs en accolade, pinacles et gables, pilastres) soit en pleine page et accompagnées d'une légende sur fond polychrome, soit en plusieurs vignettes encadrant un texte. La variante est constituée de l'alliance des deux mises en page : encadrant le texte débutant par une lettrine, une colonne et un large bandeau de rinceaux et motifs floraux, ainsi qu'une vignette détaillant la scène que l'on veut illustrer. Des manuscrits comparables se rattachent à l'entourage de Fouquet, qui privilégient l'emploi de décors d'architecture gothique et des arrière-plans paysagés, comme dans la peinture italienne de la même époque. Le musée national du Moyen Age (nouvelles acquisitions) conserve un exemple de ce type de manuscrit à peintures, exécuté à Tours vers 1480-1490 et qui peut être rapproché de ce livre d'Heures (bordures à rinceaux, Vierge d'intercession). Les mêmes bordures de rinceaux peuvent aussi se retrouver sur des marges d'actes plus tardifs (Arch. dép. de la Côte-d'Or, lettre d'indulgence, 1520). Le roi David, représenté en prière devant un autel, peut être rapproché des tableaux de J. Van Eyck. La représentation tri-andrique de la Trinité est traitée avec beaucoup de soin par rapport aux autres scènes.
Le zodiaque ; les Evangélistes ; Vierge à l'Enfant ; Vierge de Pitié ; saint Jean : coupe ; saint Jean : martyre ; saint Jean : Patmos ; Nativité de la Vierge ; Mariage de la Vierge ; Annonciation ; Visitation ; Adoration des Mages ; Fuite en Egypte ; Passion ; Couronnement de la Vierge ; David : roi, harpe ; Trinité ; Glorification de la Vierge ; saint Etienne : lapidation ; saint ; sainte ; ornement végétal ; ornement architectural
L'iconographie des 42 folios enluminés s'inspire de trois types de thèmes diffusés depuis le début du Moyen Age : les premiers folios représentent les mois de l'année. Un signe du zodiaque accompagne une scène de la vie quotidienne symbolisant le mois. Ainsi, au folio 4 recto, le Taureau et une femme agenouillée cueillant des fleurs dans un jardin clos ou au folio 7 recto, le Lion et un homme moissonnant à la faucille. Le deuxième type de mise en page, représenté par les grandes vignettes présentées dans un décor architecturé représentent des scènes religieuses tirées des Evangiles ou de l'Ancien Testament, avec une volonté de correspondance entre les différentes sources de la religion chrétienne : au folio 13 recto, saint Jean à Patmos, accompagné de son aigle ; saint Jean et la coupe empoisonnée ; saint Jean dans la cuve d'huile bouillante ; au folio 32 recto, une Annonciation, les fiançailles de la Vierge (?), la naissance de la Vierge et le mariage de la Vierge ; au folio 48 recto, la Visitation ; au folio 60 verso, l'Adoration des Mages ; au folio 69 recto, la Fuite en Egypte ; au folio 76 verso, le Couronnement de la Vierge ; au folio 86 recto, David jouant de la harpe ; au folio 158 verso, la sainte Trinité sur un riche fond or ; au folio 160 verso, la glorification de la Vierge et une donatrice agenouillée, en habits noirs et blancs ; au folio 162 recto, la lapidation de saint Etienne. Entre ces grandes scènes bibliques, des enluminures composées selon le modèle de la variante et reprenant les symboles des quatre évangélistes ou des scènes de la Passion du Christ.
H = 15 ; la = 9,5
15e siècle
Le livre d'Heures n° 1 fait partie d'un ensemble de huit livres d'Heures (six manuscrits reliés, un manuscrit non relié, un imprimé), dont il n'a pas toujours été possible d'identifier les possesseurs. Cet ensemble forme une partie du fonds des manuscrits et incunables de l'ancien hôtel-Dieu, dont on retrouve des exemplaires à la Bibliothèque nationale de France et à la Bibliothèque municipale de Beaune. Probablement constitué au moment de la fondation de l'établissement en 1443, ce fonds était conservé dans une pièce qualifiée d''estude ou petite librairie'. Comme toutes les bibliothèques d'Ancien Régime, celle-ci comportait des ouvrages relevant de disciplines variées, les unes directement liées à l'activité de l'établissement (livres de médecines, herbiers), les autres illustrant la place de la vie spirituelle (bréviaires, livres d'Heures, bible...) ou du droit, voire de la littérature médiévale (roman de Girard de Roussillon). Nicolas Rolin et Guigone de Salins ont donné des ouvrages à cette bibliothèque, ainsi que des médecins (Pierre de Thumery, apparenté à une famille de notaires et secrétaires du roi) ou des ecclésiastiques (Simon Robin, prêtre) qui avaient choisi d'être inhumés dans l'établissement. Le fonds nous est connu par les archives hospitalières dès un inventaire daté de 1501 et divers articles publiés dans des revues locales au 19e siècle, le catalogue de la Bibliothèque nationale de France et une expertise réalisée en 1981 mise à jour en 1988. Eu égard au style des enluminures, ce manuscrit se rattache à la grande tradition des ateliers parisiens ou flamands dont la production était largement diffusée parmi une clientèle fortunée, depuis le début du 14e siècle. Dans cette deuxième moitié du 15e siècle, la faveur de ces manuscrits précieux est encore grande. L'influence des paysages de la peinture toscane est sensible dans la composition des vignettes. Le goût éclectique pour les éléments d'architecture est typique du gothique finissant : le style des fûts des colonnes emprunte aussi bien à l'art gothique qu'aux prémices de l'art de la première Renaissance et ce goût pour les colonnes, pilastres et entablements rappelle les tableaux de petit ou moyen format, à encadrement de colonnes et de frontons, retables domestiques et tableaux de piété accompagnant la dévotion privée, que l'on retrouve dans les inventaires après décès des demeures et qui représentent des scènes de la vie de la Vierge ou du Christ ou des saints patrons. Le relais sera pris partiellement au siècle suivant par les livres d'Heures imprimés, mais les familles et les établissements conserveront longtemps ces témoins d'une production de luxe du nord de la Loire qui sont les témoins d'une devotio moderna s'exerçant dans le secret des cabinets d'étude ou des chapelles privées. Le manuscrit a été microfilmé en 1979 par l'IRHT. Il fait partie du fonds étudié par le service en 2007 (Arts et métiers du livre, n° oct. S. Le Clech-Charton).
Propriété d'un établissement public
À signaler
Dossier individuel
2005
2007
Conseil régional de Bourgogne - Service Patrimoine et Inventaire 17, bd de la Trémouille BP 23502 - 21035 Dijon cedex - 03.80.44.40.55