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Plateforme ouverte du patrimoine

"Bateau de sauvetage dit "Aimée-Hilda""

Désignation

Dénomination de l'objet

Bateau de sauvetage

Appellation d'usage

AIMEE-HILDA

Titre courant

"Bateau de sauvetage dit "Aimée-Hilda""

Localisation

Localisation

Bretagne ; Côtes-d'Armor (22) ; Perros-Guirec

Aire d'étude pour le domaine Inventaire

Communes littorales des Côtes-d'Armor

Canton

Perros-Guirec

Lieu-dit

Ploumanac'h

Milieu d'implantation pour le domaine Inventaire

En écart

Description

Catégorie technique

Charpente ; patrimoine maritime

Structure et typologie

Coque à bouchain arrondi ; entièrement ponté

Matériaux et techniques d'interventions

Bois

Description matérielle

"Le canot de sauvetage "Aimée-Hilda" mesure 11, 50 mètres de coque pour 3, 20 mètres de large et 0, 95 mètre de tirant d'eau. La coque est construite en bois pour des raisons de solidité, d'élasticité et de légèreté de ce matériau, comparativement au métal. Elle est réalisée en bois moulé et croisé de 3 plis pour le bordage (acajou), dont un pli de toile huilée entre chaque pli, pour assurer l'étanchéité. Les membrures sont ployées et rivetées tous les 5 cm, avec un varanguage en métal, de même pour l'étambot, en chêne renforcé ; ce qui confère une certaine légèreté à l'ensemble, la quille est en chêne avec une quille rajoutée en fonte de 850 kg. Poids total : 10 tonnes allège et 11 tonnes en charge. A préciser que le pont et les hiloires sont en plusieurs plis, hors le roof qui est réalisé en lattes de sapin. Le charpentier Yvon Clochet a rajouté des membrures découpées à la coque lors d'une restauration. Les 110 caissons étanches, qui font l'insubmersibilité du canot, prennent la forme de la carène. Le canot est aménagé avec un petit poste avant et un roof à l'arrière, avec une logeabilité très limitée, à cause de la place accordée aux machines. L'avant et l'arrière sont protégés par un pontage en dôme, doté d'un pare-lames et de mains courantes. Un passavant de chaque bord s'étend du pare-lames avant à celui de l'arrière, avec un garde-corps à l'extérieur équipé de chandeliers (appelés batajoles). Dans la partie centrale, délimitée par les passavants, le roof reçoit sur le devant le support du mât sur jumelles avec un taquet. Après le mât vient un cockpit, qui abrite la chambre des moteurs et un puits avec trappe, pour l'évacuation de l'eau embarquée. Pour la flottabilité, la coque est divisée en plusieurs compartiments étanches (contenant les caissons en cuivre rouge). Trois dalots et des trappes anti-retour sont disposés le long de la coque. Ces dalots très larges permettaient l'évacuation rapide de l'eau de mer. Ils sont réalisés en bronze (60 x 80 cm), à 2 volets avec un contre-poids sur les volets. Ils sont fermés aujourd'hui, remplacés par des tuyaux avec vannes. Le pompage s'effectuait par compartiment : les nables étaient ouverts pour vider le canot au sec. Le bateau dispose aussi comme gréement un mât de misaine, un aviron de queue avec dame de nage pour gouverner. Il est le dernier canot de sauvetage à avoir posséder un gréement. La voile au tiers était gréée sur un mât rabattable, avec une trinquette. L'homme de barre était sanglée et manœuvrait debout. Les jambettes en fer pouvaient se rabattre pour récupérer les naufragés, qui pouvaient s'accrocher à des "guirlandes". A l'origine, à la place du grelin de défense en coco, le canot disposait d'un gros bourrelet, bourré de capok enveloppé dans une toile de 20 cm de large, qui offrait une grande flottabilité.La motorisation comporte deux moteurs DB2 de 27cv, qui tournent dans le même sens, avec une hélice en tunnel (trappe de visite), ce qui ne rend pas le bateau facile à manœuvrer, avec en plus sa forme de coque très ronde. Le canot est très rouleur et inconfortable. Le moteur pouvait être lancé au sec dans le hangar pour le faire chauffer grâce à un circuit de refroidissement à eau douce. Deux caisses existaient à cet effet pour tourner en circuit fermé. La voile était très utile pour le stabiliser.La mise à l'eau se faisait sur un chariot (treuil à moteur), sur rail, où glissait la quille, avec un anneau à l'arrière sur l'étambot pour un largage rapide. Les bites d'amarrage sont très hautes."

Dimensions normalisées

L = 1150 ; la = 320

Précisions sur l'état de conservation

En état de naviguer.

Historique

Auteur de l'œuvre ou créateur de l'objet

Lieu de création

Lieu d'exécution : , Sartrouville

Siècle de création

2e quart 20e siècle

Description historique

"Le canot de sauvetage, dit "canot tous temps" armé par 6 hommes, "Aimée-Hilda", insubmersible et inchavirable, a été construit en 1949 par le chantier P. Jouet de Sartrouville, le 17ème canot d'une série de 25 construits. Il a pris comme nom de baptême, les deux prénoms de ses marraines et généreuses donatrices Aimée Fournier et Hilda Gélis-Didot (pour le financement de sa construction). Le canot fut baptisé en grande pompe pendant l'été 1950, en présence de l'évêque Courcoux et du maire de Perros-Guirec Joncour. En remplacement du canot "William Speer" (construit en 1936), il fut affecté et resta jusqu'en 1975 à la station de sauvetage des Hospitaliers Sauveteurs Bretons de Ploumanac'h, la Société Centrale de Secours au Naufragé, créé en 1865, devint la SNSM en 1967. Les principaux patrons du canot de sauvetage furent : "Jego", Joseph Le Goff, Dédé le Vot et Yves-Marie Perrin.Le canot fut désarmé en 1975 et remplacé par le canot Jean Denoyelle, et vendu à des particuliers qui modifièrent le plan de la cabine, avant de le céder pour un franc symbolique en 1986 à la ville de Perros-Guirec. La ville fit restaurer une partie des œuvres mortes de la coque (le roof et ôter tous les aménagements ajoutés par la plaisance) au chantier Clochet de Plouguiel en 1991. La cabine vitrée de plaisance, qui avait été rajoutée, a été enlevée et le roof refait à l'identique, avec un portique neuf. Le roof a reçu un nouveau barrotage et un toit neuf. Des membrures en chêne ont été découpées et furent rajoutées aux bouchains.Puis le canot resta quelques années dans le bassin à flot du port de Perros, servant de temps en temps de bateau de servitude (installation des barrages flottants lors de la marée noire du Tanio), avant qu'une association ne se créée en octobre 1995 pour le faire naviguer, après une nouvelle cure de jouvence (de 1995 à 1996). Les bénévoles de l'association relayés par les adhérents de l'association "Ar Gentilez" de Ploumanac'h se donnèrent comme défi de présenter la coque rénovée aux fêtes maritimes de Brest 99. Le bateau fut transporté dans le hangar de M. Hignard à la Clarté, où la coque fut d'abord entièrement poncée, tous les aménagements démontés (dont la centaine de caissons étanches en cuivre, soudés à l'étain), et les deux moteurs Beaudouin de 27cv déposés. Ces moteurs furent ensuite déculassés pour le rodage des soupapes, le remplacement des segments, l'embrayage et l'échappement. Un moteur identique avait été donnée pour les pièces de rechange par Eliès de Carantec, en provenance d'un dragueur d'huîtres.Les plaques en bronze des dalots ont été refaites. Le bénitier qui supporte le gouvernail a été restauré à l'atelier. La première barre à roue (en bois), qui avait été volée a été remplacée par une roue en bois. Le fanal arrière a laissé la place à un puissant projecteur. La toile avec le cagnard pour s'abriter dans le cockpit a été remplacé par un panneau en contre-plaqué. Un mât en pin douglas devait compléter le gréement, dont le plan de voilure original avait été retrouvé ainsi que le plan de formes de la coque. Le navire retrouva ses couleurs d'origine et son mât de pavillon de la Société Centrale de Secours au Naufragé (SCN), en reprenant la mer en avril 1997. Il est armé en 5ème catégorie.Il faut préciser que la population locale était très attachée à ce canot, dont les sorties en mer étaient rythmées par le pavillon noir hissé et les deux coups de canon, qui appelaient les marins au sauvetage.Le canot participait tous les ans au pardon de la chapelle Saint-Guirec aux fêtes religieuses de Ploumanac'h (illustrations : photos datées de 1954-55) et aux régates, où il sortait de son abri à pleine vitesse, en partant le nez en avant. Les commandes de gaz étaient dans la machine, ce qui nécessitait la présence du mécanicien et du patron pour manœuvrer le bateau en bonne coordination. Aujourd'hui, les manettes sont près de la barre à roue dans le cockpit. Pour renouveler cet usage des gens de mer, "Aimée-Hilda" fêta ses 50 ans en 1999, en renouant avec le pardon de Saint Guirec."Aimée-Hilda" est le dernier canot de sauvetage de ce type encore à flot en France. Ses deux sister-ships le canot "Jean Gouzard", premier de la série, construit en 1939 est conservé dans l'"Espace maritime", musée de Dieppe et le second "Cdt. L'Herminier" est "à laisser perdre" à Rouen. Le canot "Aimée-Hilda", (malgré quelques transformations), est aujourd'hui l'unique bateau de sauvetage de cette série en état de naviguer."

Statut juridique et protection

Statut juridique du propriétaire

Propriété de la commune

Intérêt de l'objet

À signaler

Références documentaires

Dénomination du dossier

Dossier individuel

Date de l'enquête ou du dernier récolement

2006

Date de rédaction de la notice

2006 ; 2017

Adresse du dossier Inventaire

Région Bretagne - Service de l'Inventaire du Patrimoine Culturel - 283 avenue du général Patton - CS 21101 - 35711 Rennes Cedex 7 - 02.22.93.98.35

Aimée-Hilda avant sa restauration, à côté du 'Papilouka', en 1995
Aimée-Hilda avant sa restauration, à côté du 'Papilouka', en 1995
(c) Conseil général des Côtes-d'Armor
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