Peinture monumentale
Peinture monumentale : Scènes de l'Incarnation, de la Passion et de la Résurrection, Donation d'Amanieu d'Albret, Scènes morales
Nouvelle-Aquitaine ; Landes (40) ; Retjons ; église paroissiale Notre-Dame
40164
Roquefort
Lugaut
Église paroissiale Notre-Dame
IA40001466
Isolé
Choeur
Peinture murale
Enduit : fresque
Pigments : ocre rouge, ocre jaune, noir et blanc. Un fragment de dessin sous-jacent à l'ocre rouge sur la sinopia est visible à gauche de la fenêtre nord.
Annonciation ; Visitation ; Nativité ; Annonce aux bergers ; Descente aux Limbes ; Résurrection ; les Saintes Femmes au tombeau ; Agneau de Dieu ; Saint Esprit (colombe) ; scène (homme : noblesse, don, religieux) ; scène, allégorie (musicien, femme : danse, arbre) ; scène, allégorie (homme, combat singulier, bouclier) ; scène, allégorie (homme, accolade, amitié) ; scène, allégorie (dromadaire, obéissance) ; scène, allégorie (chevalier, lion, combat) ; scène (chasse, cerf, chien) ; animal fabuleux (lion, griffon) ; ornementation (draperie, tour) ; tête : homme
Les scènes historiées, sacrées ou profanes, sont disposées sur un seul registre (mur oriental), sur deux (mur sud, partie gauche du mur nord) ou trois registres (partie droite du mur nord), de part et d'autre des trois fenêtres, au-dessus d'un soubassement orné d'une draperie feinte à festons (surmontant des banquettes de pierre). Les scènes du mur oriental et deux scènes du registre supérieur des murs latéraux s'inscrivent dans un encadrement architecturé à arcature soutenue par de fines colonnettes à chapiteau feuillagé et surmontée de tours crénelées ou coiffées de dômes.£Le mur oriental et la majeure partie du mur sud sont consacrés à un cycle de l'Enfance du Christ ou de l'Incarnation, sans doute incomplet. Sur le mur oriental, à gauche de la fenêtre, l'Annonciation (Gabriel tient une croix ou un sceptre crucifère, la Vierge ouvre les mains dans un geste d'oraison) ; à droite de la fenêtre, la Visitation (Elisabeth se lève de son siège pour accueillir la Vierge). Sur le mur sud, à gauche, la Nativité (la Vierge, couchée dans un lit couvert d'une courtepointe à motifs losangés, et saint Joseph, appuyé sur un bâton, contemplent l'Enfant emmailloté, couché dans une crèche sur laquelle se penchent l'âne et le boeuf) ; au centre du mur, l'Annonce aux bergers, dont ne subsiste qu'un fragment de l'aile de l'ange et une inscription.£Sur la partie gauche du mur nord, au registre supérieur, commence un cycle pascal qui s'achève sur la partie droite du mur sud. Sur le mur nord, la Descente aux limbes (d'après l'évangile apocryphe de Nicomède), avec à gauche des démons zoomorphes tourmentant les damnés, à droite le Christ ressuscité accueillant les Justes conduits par Adam et Eve. Sur la partie droite du mur sud, la Résurrection (disparue) et les Saintes Femmes au tombeau (subsistent : à gauche l'ange devant le sarcophage drapé du suaire et surmonté d'une lampe, à droite sainte Madeleine et le bas du vêtement de l'une de ses compagnes).£Sur l'archivolte des trois fenêtres sont figurées symboliquement les trois personnes de la Trinité, chacune dans un médaillon circulaire ou clipeus sur fond feuillagé ou quadrillé : l'Agneau de Dieu dans la fenêtre axiale, la colombe du Saint-Esprit dans la fenêtre nord, et certainement la dextre du Père (décor détruit) dans la baie sud.£Les scènes sacrées sont complétées par plusieurs figurations profanes. Sur la partie gauche du mur nord est représentée, sur deux registres et sur un fond semé de fleurs, la donation de l'église de Lugaut aux hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem par le sire Amanieu d'Albret (probablement Amanieu V) : au registre supérieur, l'arrivée à cheval du seigneur et de sa suite et leur accueil par trois hospitaliers ; au registre médian, la donation proprement dite, avec Amanieu, tête nue, présentant l'acte au commandeur des hospitaliers assis sur un trône.£Au registre inférieur du mur nord sont figurées quatre petites scènes à intention moralisante : de gauche à droite, un joueur de vièle et une danseuse de saltarelle (symbolisant la Luxure) ; deux hommes luttant, armés de massues et de rondaches (la Discorde) ; deux hommes se donnant l'accolade (la Concorde) ; un dromadaire mené au fouet par un chamelier (l'Obéissance).£Au registre inférieur de la partie droite du mur sud, une scène de chasse au cerf, celui-ci poursuivi et attaqué par quatre lévriers blancs (la partie gauche, avec le chasseur, est détruite).£Sur l'ébrasement des deux fenêtres restées dans leur état d'origine (est et nord) sont peints des animaux fabuleux et maléfiques : sur la fenêtre orientale, à gauche, un lion et un griffon luttant sur fond de croisillons losangés à points rouges, à droite, un semis de motifs décoratifs semi-circulaires et bicolores ; sur la fenêtre nord, à gauche, une sirène ou harpie chevauchée par un petit homme nu (image sans doute en relation avec l'allégorie de la Luxure qu'elle surmonte), à droite, un chevalier cuirassé et casqué luttant avec un lion (combat spirituel en rapport avec la descente du Christ aux Limbes et sa victoire sur Satan).£Près de l'ébrasement gauche de la fenêtre nord subsiste un fragment d'esquisse à l'ocre rouge tracée sur la sinopia et représentant un buste d'homme nimbé.
Murs nord et sud : la = 600 environ ; mur est : la = 400 environ.
Oeuvre restaurée ; manque
Le décor des murs présente plusieurs lacunes, en particulier à l'est et au sud, où l'agrandissement d'une fenêtre vers 1760 a entraîné la disparition de l'Annonce aux bergers et sans doute de la Résurrection ; celui de l'arc triomphal, de la voûte et de la lunette en plein cintre du mur oriental (qui accueillait peut-être une Adoration des mages ou une Crucifixion) ne subsiste plus que par de rares fragments au-dessus de la corniche.
Inscription concernant l'iconographie (latin, peinte, sur l'oeuvre)
Inscriptions concernant l'iconographie (près de plusieurs personnages) : GAB[RIEL] (Annonciation) ; ELISABE[TH] (Visitation) ; AGN[U]S (Agneau de Dieu) ; IOSEPH, MARIA, IHS (Nativité) ; ANGELUS (Annonce aux bergers disparue) ; MA[DGALENA ?] (Saintes Femmes au tombeau). Inscription commémorative sur le mur nord, sous la corniche, au-dessus de la scène de l'arrivée d'Amanieu d'Albret (lecture restituée, les lettres entre crochets étant effacées, celles entre parenthèses sous-entendues par les abréviations) : H (I) C [A]MANEUS DE LEBRID Q (U) I DAT HA (N) C ECCLE (SI) AM CU (M) DECIMIS D (E) O ET HOSP (I) TALI IH (E) RUS (A) L (E) M IN P (ER) PETUU (M) : ISTI HOSPITALARES ACCIPIU (N) T DONU (M) BEN (E) (= Voici Amanieu de Labrit qui donne cette église avec les dîmes à Dieu et à l'Hôpital de Jérusalem à perpétuité : ces hospitaliers acceptent volontiers le don).
1ère moitié 13e siècle
Ce décor peint, étudié en dernier lieu par J.-P. Suau et M. Gaborit (Doc. 01), est le plus ancien actuellement connu dans les Landes. L'ensemble fut exécuté dans la 1ère moitié du 13e siècle, peut-être au cours de deux campagnes successives : le cycle évangélique et les scènes moralisantes, d'un style encore proche de l'art roman, doivent appartenir à la première, autour de 1200-1220 ; la scène de la donation de Lugaut aux hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem par un sire d'Albret (sans doute Amanieu V, mort en 1240, selon J.-B. Marquette) pourrait être postérieure de plusieurs décennies. Endommagées lors du sac de l'église par les troupes protestantes en 1569, les peintures furent dissimulées vers 1760 par un décor de stuc sur le mur oriental (avec obturation de la baie axiale par un tableau d'autel) et par un lait de chaux sur les murs latéraux et sur la voûte. Après une longue période d'abandon de l'édifice, désaffecté en 1896, l'ensemble fut redécouvert en 1961 par l'instituteur de Retjons et sauvegardé par l'abbé Michel Bats et le maire Jacques Lescouzères. Une première restauration en 1963 par l'atelier parisien Malesset (qui procéda également à des restitutions de parties lacunaires) a été suivie en 1986-1987 par une consolidation de la maçonnerie et par le débouchage des fenêtres murées au 18e siècle. En 1992, une nouvelle restauration due à l'atelier toulousain de Pierre Bellin a éliminé les repeints modernes. Enfin, la suppression en 1995 d'un contrefort intérieur côté sud a permis de dégager l'extrémité de la scène de la Chasse au cerf, révélant les coloris originaux de la peinture.
Propriété de la commune
1964/06/24 : classé au titre objet
À signaler
Dossier individuel
2009
2009
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