Statue
Dite Vierge Noire, dite Notre-Dame de Rocamadour
Statue : Vierge à l'Enfant, dite Vierge Noire, dite Notre-Dame de Rocamadour
Occitanie ; 46 ; Rocamadour ; chapelle Notre-Dame
46240
Gramat
Chapelle Notre-Dame
IA46101366
En village
Choeur
Sculpture ; orfèvrerie
Bois : taillé, peint (noir) ; argent (?) : moulé, repoussé, doré
Statue figurant une Vierge à l'Enfant de moyenne nature, en bois taillé, sculpté et peint de couleur noire, rehaussé de plaques métalliques, fort probablement de l'argent moulé, repoussé et doré. La base de la statue présente sur l'arrière un logement creusé de forme carrée avec feuillure, ayant pu servir de reliquaire ou de tabernacle.
Vierge ; Enfant Jésus ; fleur
La statue figure la Vierge assise sur un trône sans dossier, les avant-bras posés sur deux accoudoirs, portant l'Enfant Jésus sur son genou gauche. L'arrière du siège est évidé d'une logette avec feuillure, aujourd'hui vide. De face, la Vierge est représentée le visage aux traits épais, la chevelure ramenée vers l'arrière par une petite couronne surmontée de boules, les yeux mi-clos et les lèvres pincées, la taille démesurément amincie, ses bras maigres et sa poitrine tombante sous un vêtement serré et épousant son corps. Cette robe non plissée, ou bliaut, présente des manches étroites et longues qui tombent sous les mains et sont rehaussées de galons identiques à ceux de l'encolure. Sur le cou de la Vierge, une plaque métallique cintrée est ornée de rinceaux alternant des fruits grenus et des fleurs-palmettes (la bibliographie rapporte que les mêmes motifs se trouvaient sur le cou de l'Enfant Jésus, mais on n'en voit rien aujourd'hui). La statue présente quelques autres plaques métalliques découpées et fixées par des clous, mais la majorité de la surface est recouverte d'apprêts et de plusieurs couches de polychromies sombres : sous l'épiderme noir, le bois apparaît dans sa teinte naturelle, telle qu'on la voit dans les lacunes de décors.
H = 66 cm ; la = 21 cm ; pr = 19 cm
Oeuvre restaurée ; bon état
2e quart 13e siècle (?)
La statue de Vierge à l'Enfant, connue sous la double appellation de Notre-Dame de Rocamadour et de Vierge Noire, fait l'objet depuis le 12e siècle de l'un des plus importants pèlerinages de l'Occident chrétien. Elle s'inscrit dans la tradition des Vierges romanes auvergnates en bois, trônant en majesté et servant de reliquaires, telles que Notre-Dame du Port (Clermont-Ferrand), Notre-Dame du Puy ou Notre-Dame de Blesle (Haute-Loire). Si l'existence d'une chapelle dédiée à Notre-Dame est attestée à Rocamadour depuis le début du 11e siècle (dans une bulle du pape Pascal II adressée en 1105 à l'abbé de Saint-Martin de Tulle, Guillaume de Carbonières), la première mention explicite d'une statue est contenue dans le Livre des Miracles rédigé vers 1172 : Pierre Ivern, un joueur de viole de passage à Rocamadour, "leva les yeux vers la statue". La plupart des auteurs ont toujours proposé une datation de la fin du 12e siècle (Ernest Rupin, 1892 et 1904), ou plus précisément des années 1170-1180 (Jean Rocacher, 1979) qui correspondent à la reconstruction des sanctuaires sous l'impulsion de l'abbé de Tulle, Géraud d'Escrosailles ; Geneviève Rongières-Dellère (1993) a cependant proposé une datation du début du 13e siècle. La statue adopte toutefois un style déjà gothique et, selon les dernières recherches (Nicolas Bru, 2013), elle semble plutôt pouvoir être datée du deuxième quart du 13e siècle, peut-être réalisée lors de la venue de saint Louis à Rocamadour en 1244. La couleur noire de la statue n'est par contre attestée qu'à partir du 17e siècle, mentionnée pour la première fois par Odo de Gissey en 1632 dans ses descriptions du sanctuaire. La statue succède peut-être à un autre statue de Vierge en majesté (IM46207851 ; classée MH), elle-aussi en partie noire, déposée aujourd'hui au musée d'art sacré Francis Poulenc de Rocamadour. L'oeuvre est conservée dans la chapelle Notre-Dame de la Vierge de Rocamadour, anciennement installée au fronton d'un retable du 17e siècle (IM46206968 ; classé MH), tel qu'on le voit sur des gravures de 1834 et 1858 ; elle est aujourd'hui placée au centre d'un retable commandé en 1889 (IM46206963 ; classé MH). L'arrêté de classement parmi les Monuments historiques, pris le 25 juillet 1908, la désigne sous l'appellation "La Vierge & l'Enfant, statue assise dite "La Vierge de Rocamadour", bois en partie revêtu de lames d'argent, fin du 13e siècle". Emmurée entre 1942 et 1944, fortement altérée d'après les photographies anciennes, elle a connu une importante restauration, avec processus de bakélisation des bois, menée entre juillet et décembre 1949 sous la direction de Jean Taralon, inspecteur des Monuments historiques, par la maison André (Paris) et pour une somme de 36 000 francs payée par le Ministère de l'Education Nationale.
Propriété de la commune
1908/07/08 : classé au titre objet
À signaler
Dossier individuel
2014
2014
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