Le mobilier du théâtre
Bourgogne ; Nièvre (58) ; Nevers ; Reines de Pologne (place des) 8 ; théâtre municipal
58194
Bourgogne-Franche-Comté
Reines de Pologne (place des) 8
Théâtre municipal
IA58000001
En ville
Le théâtre de Nevers a connu trois décors différents au 19e siècle, résultant de la campagne de construction initiale (1809-1824), d'une première restauration (1853-1854) puis d'une deuxième (1898-1899). Seuls subsistent le plafond de la première restauration et le décor de la deuxième, alors que le mobilier a entièrement été renouvelé depuis. Le premier décor est essentiellement l'oeuvre du peintre italien Bernardin Lago, suivant son marché du 28 octobre 1823 portant sur "mécanisme, décorations, peintures, dorures et fourniture de tous les objets nécessaire pour les dites décorations". Le cahier des charges mentionne que les quinquets (lampes à huile) seront "à la moderne, et en fer blanc brillant", que "l'appui de trois rangs de loges sera en velours bleu d'Utrecht, arrêté avec des clous dorés", que "les banquettes des 1res, 2mes loges et amphithéâtre seront rembourrées en foin, et recouvertes de toile verte. Les draperies des deux loges d'avant-scène seront en taffetas bleu, garni [sic] de franges dorées. Le papier tenture sera bleu, et parsemé d'étoiles dorées". Le lustre est fourni par le Parisien Chopin (qui le remplacera en 1835). Pour leur part, le maçon Gilbert Penauille, associé au menuisier Jacques Alfroy et au plâtrier Michel Taverna, met en place "16 colonnes [doriques] en bois pour soutenir les planchers inférieurs des premières ", quatre autres pour les loges d'avant-scène (2,16 m de haut et 16 cm de diamètre), un châssis portant les armoiries de la ville sur l'avant-scène, etc. Le décor du milieu du siècle est dû au peintre Saint-Léon, de son vrai nom Antoine Victor Barbereau, qui refait entièrement la salle. Le 27 mai 1851, il établit un devis comprenant la salle, la "tapisserie" (garniture des chaises, banquettes et divans, stalles et appuis des garde-corps) et les décors scéniques. Le premier poste comprend la réalisation de garde-corps et de séparations pour les loges, l'ornementation de l'avant-scène ("devantures, corniches, moulures, frontons, socles, piédestaux, encadrements des 1ères, 2èmes, 3èmes et baignoires, et quatre colonnes"), le renouvellement des plafonds (de la salle et de l'avant-scène), les corniches, tout ce qui est dorure (moulures, chapiteaux, colonnes, etc.), le manteau d'arlequin et les rideaux, les ornements rapportés (en cuivre estampé ou en "carton-pierre", avec notamment les "9 frontons à enfants saillants"), les papiers peints, etc. Les travaux sont réalisés en 1853 et un devis supplémentaire, le 30 juin, les complète en remplaçant les anciens décors scéniques ("qui formaient avec les nouveaux un contraste fâcheux") et en renouvelant le mobilier des autorités (avec, notamment, les "2 blasons [du Nivernais et de la ville] et ornemens devant les loges du Maire et du Préfet") et le décor du foyer. L'éclairage est modernisé avec l'installation du gaz dans la salle (la scène devra attendre 1873 ou 1874).La deuxième restauration, en 1898 et 1899, voit le remplacement total du décor de la salle mais aussi une reprise de la façade avec création d'un porche et d'un décor sculpté en pierre. Pour ce dernier, l'architecte Charles Brazeau fait appel au sculpteur neversois François Franc, dont le marché est signé le 13 mars 1899. Le lot concernant le décor de la salle est partagé entre le Parisien Léopold Flandrin pour le staff - garde-corps des trois galeries (avec un motif de paires de putti à la troisième) et cariatides soutenant le plafond, colonnes des loges, etc. - et le Tourangeau Emile Vernon pour la peinture - le plafond circulaire et ses écoinçons, un registre intermédiaire, deux frises au cadre de scène et un motif central (allégorie - Ville de Nevers). Flandrin accuse réception de sa commande le 22 décembre 1898 et son poseur arrive à Nevers le 8 février 1899 ; Vernon est réglé dès le 9 mai 1899. L'auteur de l'article publié le 5 novembre dans Le Journal de la Nièvre écrit notamment : "La façade des loges et des balcons est peinte d'un ton crème d'une exquise fraîcheur tempérée par des rechampis verts et rosés d'une nuance fine et délicate et rehaussé d'ors rutilant sous la lumière du lustre et des girandoles. Elle se détache en clair sur le fond rouge sombre des intérieurs des loges". Et plus loin : "M. Brazeau, l'architecte directeur des travaux, a fait de notre salle de spectacle une véritable bonbonnière, du meilleur goût et du plus gracieux effet". Le grand lustre a été remplacé par la Société anonyme d'Eclairage par le Gaz de la Ville de Nevers (il disparaîtra à la fin de la Première Guerre mondiale).L'installation électrique, réalisée en 1917-1919 par les troupes alliées, est refaite en 1930. Après une nouvelle campagne de travaux, de 1978 à 1980, qui voit les scénographes Demangeat et Rioualec convertir le théâtre à la musique, la dernière en date, de 2015 à 2018, restitue à l'établissement sa fonction initiale. Les décors de la fin du 19e siècle sont restaurés et à cette occasion, le plafond de Saint-Léon est retrouvé sous celui de Vernon. Les deux sont déposés pour restauration. Les travaux se poursuivent jusqu'au premier semestre 2018, avec intervention de professionnels, tel le sculpteur Patrice Chevrier, mais aussi d'élèves de l'Ecole de la 2e Chance Nièvre-Bourgogne (oeuvrant pour l'insertion sociale et professionnelle des jeunes), de citoyens au sein de chantiers participatifs, d'élèves de l'Ecole supérieure d'Arts appliqués de Bourgogne (Esaab) qui conçoivent le mobilier des loges d'acteurs, fabriqué ensuite par les élèves du lycée Bérégovoy, du personnel de l'atelier municipal tapisserie (qui refont les sièges en velours), etc. Le théâtre ouvre ses portes le 6 octobre 2018.
Présentation du mobilier
Lustre ; luminaire d'applique ; relief
2024
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