Tableau
Tableau : portrait en buste du Chancelier de France Pierre Séguier (1588-1672)
Centre-Val de Loire ; Loiret (45) ; Saint-Brisson-sur-Loire ; château de Saint-Brisson-sur-Loire
45271
Anciennement région de : Centre
Château de Saint-Brisson-sur-Loire
PA00099002
Salon
Peinture
Rectangulaire vertical
Toile (support) : peinture à l'huile
Portrait : homme (Séguier Pierre, à mi-corps, assis, lettre, ordre du Saint Esprit, fauteuil, table, tapis, tenture, livre)
Pierre Séguier, chancelier de France de 1635 à sa mort en 1672, joua un rôle de premier plan dans l'histoire de France au 17e siècle. Il est représenté coiffé d'une calotte, et vêtu de la simarre, la robe des magistrats. Il porte en outre la croix de l'ordre du Saint-Esprit, dont il était grand commandeur. Séguier est figuré dans l'intimité de sa bibliothèque, dont on aperçoit quelques volumes. L'un d'eux ne laisse aucun doute sur l'identité du personnage représenté : on peut lire en effet sur le dos : Pierre Ségier, t. I. Ce détail rappelle que Séguier était un grand amateur de livres. Sa bibliothèque, dont le catalogue nous est parvenu, était d'une exceptionnelle richesse. Il la légua, à sa mort, à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés. Une partie se trouve aujourd'hui à la Bibliothèque Nationale de France. Séguier était aussi l'un des protecteurs de l'Académie française. Il en accueillit chez lui les premières réunions. C'est lui qui en occupa, le premier, le premier fauteuil. Grand amateur de peinture, Séguier possédait une importante collection de tableaux. Cette collection est connue par deux inventaires après décès, rédigés en 1672 et en 1683. Le Brun y était le peintre le plus représenté, ce qui n'est pas étonnant. Séguier fut en effet le protecteur du peintre à ses débuts. C'est lui qui le fit entrer, très jeune, dans l'atelier de Vouet. C'est lui aussi qui l'envoya en Italie copier les maîtres pour sa collection. C'est lui enfin qui lui permit de travailler pour Fouquet à Vaux-le-Vicomte, puis pour le roi.
H = 115 ; la = 90 cm
Oeuvre restaurée
Avant sa restauration en 2008, le tableau était considéré comme une oeuvre du 19e siècle : il était alors en très mauvais état ; recouvert d'un vernis très épais, il avait été en grande partie repeint, sans doute à cette époque. Restauration par Mme Perrot Chaveyriat en 2007-2008 (rentoilage). On a constaté qu'il avait subi une transposition, et que le bord droit de la toile avait été coupé. L'examen de la couche picturale a montré qu'il s'agissait incontestablement d'une peinture du 17e siècle. La pose des couleurs s'est effectuée par recouvrements successifs ; c'est par exemple le cas du brun violacé du vêtement, qui a été posé sur le tissu du fond. On peut également observer un repentir dans le dessin du pouce. Oeuvre restaurée en 2011 par Christine Morillot.
Inscription donnant l'identité du modèle
Sur le dos de l'un des livres à l'arrière plan : PIERRE / SEGIER / T. I.£Une hypothèse non vérifiée veut que l'on puisse interpréter les motifs décoratifs sur le fond de tapisserie comme les initiales CLB en ligature (le B tronqué par la recoupe de la toile), monogramme de Charles le Brun.
Le Brun Charles (?, d'après, peintre) ; Nanteuil Robert (d'après, graveur)
Séguier Pierre (modèle)
Pièce originale (?)
Milieu 17e siècle
Le château de Saint-Brisson, abritant ce portrait, est situé à environ 5 km au sud-est de Gien. Pierre Séguier, le grand-père du chancelier, avait fait l'acquisition du château et de la baronnie en 1567, il aménagea en demeure de plaisance ce qui était alors une forteresse. Par ailleurs, le chancelier Séguier était comte de Gien, il avait donc lui-même des attaches dans la région. Le tableau semble avoir fait partie du mobilier du château de Saint-Brisson de très longue date : une branche des Séguier en a été propriétaire jusqu'en 1902. La famille qui en a ensuite hérité l'a offert à la commune en 1987. L'oeuvre a été gravée au moins trois fois. La comparaison avec le tableau de Saint-Brisson prouve au moins l'existence d'un modèle commun. Le premier graveur est Gilles Rousselet, auteur, dans les années 1652-1654, du frontispice d'une thèse dédiée à Séguier et reprenant le portrait du chancelier. Cette gravure porte la mention C. Le Brun delin[eatus]. Le reste de la composition est aussi attribué au peintre. Si l'on suppose le tableau antérieur de quelques années seulement à la gravure, il daterait des environs de 1650. Le chancelier avait alors 62 ans. La deuxième gravure ayant reproduit à nouveau le modèle est datée de 1657. Elle est l'oeuvre de Robert Nanteuil, et porte cette fois la mention Carolus Le Brun pinxit. Le visage se rapproche davantage de celui du tableau. Nanteuil a bien reproduit la mèche de cheveux qui tombe sur le front, à la différence de Rousselet. On connaît une troisième gravure, très proche de la précédente. Signée par Pierre-Louis Van Schuppen, elle est datée de 1662, et porte elle aussi la mention Carolus Le Brun pinxit. Au final, le tableau de Saint-Brisson est-il un original, une réplique d'atelier, une copie contemporaine, ou encore une copie tardive d'après la gravure ? M. Sylvain Laveissière ne connaît pas d'autre version de cette taille et de cette qualité et pense que le tableau de Saint-Brisson constitue la tête de ligne du portrait de Séguier. La comparaison avec les tableaux des années 1650, après le séjour de Le Brun à Rome (1642-1645) dans l'ombre de Poussin, est fructueuse : il souligne les carnations chaudes de cette peinture, dont l'exécution n'est pas enlevée, et qui reflète par sa 'sagesse' l'oeuvre du peintre dans les années 1650. D'après Renaud Benoît-Cattin, ce tableau ne semble pas pouvoir être attribué à Charles Le Brun (les traits du visage et les plis des vêtements étant beaucoup trop secs), il s'agirait plutôt, d'après lui, très probablement d'une copie d'après Le Brun, via la gravure (ovale) de Robert Nanteuil.
Propriété de la commune
Classé au titre objet
2011/06/17 : classé au titre objet
2011-045
Aucun portrait de Séguier n'est mentionné dans les inventaires après décès de 1672 et 1683 (les portraits de famille ne figurent pas traditionnellement dans les inventaires après décès, car ce sont des souvenirs qui ne sont pas estimés). On peut supposer que les deux filles du chancelier se sont partagé les portraits de leur père. L'aînée a probablement obtenu le célèbre tableau du Louvre (n° inventaire RF 1942-3). Resté dans la famille jusqu'en 1942, il était conservé au château d'Estissac, près de Troyes. Daté des environs de 1655, le chancelier était alors âgé de 67 ans, on le voit à cheval, en costume d'apparat, entouré de ses pages ; on pense que Le Brun s'est représenté sous les traits du page tenant l'ombrelle.
Véronique Meyer. 'L'oeuvre gravé de Gilles Rousselet, graveur parisien du XVIIe siècle : catalogue général avec les reproductions de 405 estampes'. Commission des travaux historiques de la Ville de Paris : Paris Musées, 2004, n° 279, p. 247-248.
Proposition d'identification de l'original par R. Benoît-Cattin (2014).
SRI ; DOM
Dossier individuel
2010
2011