Triptyque
Triptyque : Annonciation, Vierge de Pitié
Normandie ; Manche (50) ; Gathemo ; église Notre-Dame-de-la-Nativité
50195
Anciennement région de : Basse-Normandie
Sourdeval
Église Notre-Dame-de-la-Nativité
Peinture
Bois (support) : laqué, doré ; laiton : doré
Laque sur panneaux de bois représentant l'Annonciation sur les panneaux extérieurs et une Vierge de Pitié à l'intérieur encadrée de part et d'autre des instruments de la Passion, avec la Sainte-Face sur celui de gauche.
Annonciation ; Vierge de Pitié ; Les instruments de la Passion ; Sainte Face
H = 80 ; la = 160
3e quart 20e siècle
1961
Triptyque daté autour de 1961. Cette oeuvre de François Chapuis (1928-2002) est à resituer dans le corpus d'oeuvres que l'artiste réalise pour les églises de la région et spécifiquement de la Manche pendant la période de la Reconstruction des peintures murales, vitraux, tapisseries, ornements liturgiques et orfèvrerie, ainsi que dans le contexte de l'église qu'elle orne, édifice consacré en 1961, dont les vitraux sont eux-mêmes ornés par François Chapuis. Il a été formé à l'école des Beaux-Arts de Nancy et de Paris, et s'est initié à la peinture murale au centre d'art sacré de Paris dans les années 1950. Il a laissé une oeuvre hétérogène, composée de fresques, de tapisseries, de vitraux, de murs de lumières, en travaillant la résine ou le plastique. La production de Chapuis est représentative de la profusion artistique de l'immédiat après-guerre, avec l'enjeu de rassembler les fidèles avec des formes modernes. Ses vitraux réalisés dans la Manche correspondent à un programme décoratif abstrait, encore marqué par le cubisme, dont on trouve des réminiscences dans ce triptyque. Les vitraux de Chapuis, en général, sont plutôt abstraits, ses tapisseries et ses peintures murales sont plus figuratives, avec des partis pris d'origine cubiste et peut-être des influences primitivistes, comme l'illustre le saint jean l'évangélistes figurant sur une tenture de l'église du Plessis-Lastelle. Avec ce triptyque, le peintre s'inscrit dans le courant de l'art sacré des années cinquante et s'en distingue, dans le même temps, par l'originalité de l'oeuvre. D'une part, en effet, le choix de la laque témoigne de la curiosité de François Chapuis, comme un certain nombre d'artistes de la période, pour les arts décoratifs d'une manière générale. En outre, il puise aux sources d'un certain âge d'or du Christianisme, à la fois par la forme médiévale de l'objet : un retable d'autel bas à panneaux, amis aussi par l'iconographie : il choisit deux images traditionnellement associées - ainsi que les symboles qui les accompagnent - l'Annonciation et la Vierge présentant le Christ mort, une méditation sur Marie, tabernacle du Christ. Mais la laque, matériau précieux, plutôt réservé au décor civil, est une technique très rarement employée pour du mobilier d'église. Ainsi, la gamme chromatique limitée vient de la technique elle-même qui ne peut être modifiée que par un petit nombre de couleurs naturelles : le rouge, le jaune, le vert et le noir. Les tonalités employées s'accordent aux thèmes choisit pour les panneaux : valeurs rougeoyantes et rehauts dorés pour l'Annonciation, thème joyeux ; valeurs froides aux dominantes vertes, et traitement en grisaille de la Piéta pour les panneaux intérieurs. Enfin, le langage formel, résolument contemporain et la composition épurée (les figures et les symboles débarrassés de tout décor, flottent sur un fond abstrait), apportent à l'oeuvre une puissance d'évocation intérieure, qui n'est pas sans rappeler, comme le caractère précieux de l'oeuvre, le style des icônes orientales. L'oeuvre a peut-être été offerte par François Chapuis à l'église. Aucune mention (commande, facture, devis) dans les archives paroissiales ou communales. Pour le traitement de la matière, on retrouve l'usage de la laque pour le Chemin de croix classé de la chapelle Notre-Dame-de-Fidélité à Douvres-la-Délivrande, d'Alix Aymé, avec des objets traités sous une forme dévotionnelle, mais un mode décoratif profane. Le triptyque de Gathemo est représentatif de la création artistique d'après-guerre, et un unicum dans la dense production de François Chapuis.
Propriété d'une association
Classé au titre objet
2014/05/09 : classé au titre objet
Arrêté n° 025. Commission départementale des objets mobiliers du 06/11/2012. Inscrit au titre objet le 11/12/2012. Commission nationale des monuments historiques du 04/02/2013.
Dossier individuel