Tableau ; cadre
Tableau et son cadre : Christ à la colonne
Hauts-de-France ; Nord (59) ; Gravelines ; église Saint-Willibrord
59273
Anciennement région de : Nord-Pas-de-Calais
Gravelines
Église Saint-Willibrord
IA00067482
Lieu de dépôt : Nord-Pas-de-Calais, 59, Gravelines, musée du dessin et de l'estampe originale
Peinture ; menuiserie
Bois (support) : peinture à l'huile ; bois : taillé, doré
Huile sur panneau de bois en un seul élément (bois feuillu indigènes, sans doute du châtaignier), préparation blanche. Cadre avec écharpes de coin.
Christ souffrant ; à mi-corps ; colonne ; couronne ; lien ; saint Pierre ; prière
Le christ est figuré à mi-corps, lié à la colonne, il regarde vers le sol. A son côté, sans doute agenouillé, se tient saint Pierre repentant, mains jointes, les yeux levés vers le Christ dans une attitude de supplication. La juxtaposition des deux figures, qui ne correspond pas au récit de la Passion, traduit une intention mystique.
H = 83,5 ; la = 60 (sans cadre) ; h = 107 ; la = 80 (avec cadre) ; la = 13 (cadre)
Oeuvre restaurée
Oeuvre restaurée en 2007-2009 par Anne-Laure Feher et Chantal Bureau (couche picturale), François Servas (support bois), Sébastien David (remplacement du cadre), Patrick Mandron (mise en caisson microclimat).
Inscription concernant le donateur
Inscription concernant le donateur au revers, manuscrite, difficilement lisible : donné à l'église de / Gravelines / Decarpentry maire / 1828.
Decarpentry Bernard Nicolas (donateur)
Lieu d'exécution : Espagne
3e quart 16e siècle
L'attribution au peintre espagnol Luis Morales (né entre 1509 et 1517 à Badajoz en Estrémadure et mort en 1586 dans cette même ville), grand peintre mystique du XVIe siècle en Espagne, a été avancée en 2006 par Renaud Benoit-Cattin, conservateur régional de l'Inventaire Nord-Pas-de-Calais, puis confirmée par Odile Delenda et Ramon Navarrete. L'attribution a été justifiée par la comparaison avec d'autres tableaux de Morales, qui a peint deux Christ à la colonne à la demande de l'évêque de Badajoz qui était un de ses commanditaires les plus importants. Morales a fait l'essentiel de sa carrière dans cette petite ville du sud-ouest de l'Espagne. Il a été brièvement peintre attitré de Philippe II ; il a participé à la décoration de l'Escurial, mais le roi n'aimait pas son style et en particulier un Christ, et il a été renvoyé peu après à Badajoz. Le musée du Prado et Pierre Curie confirment cette attribution. Des oeuvres très proches se trouvent aux musées de Buenos Aires, de Cadix et de Lisbonne. Le thème iconographique est particulier, sans rapport avec les Evangiles. Louis Réau a souligné que le thème du Christ à la colonne est tout à fait propre à l'Espagne. Il a été également traité par Murillo. Il existe un rapport mystique très important entre saint Pierre (dont on voit le visage en bas à droite, levé vers Jésus) et le Christ. Un rapport très proche de proximité et de compassion existe entre les deux personnages. Ce mysticisme et une spiritualité très émotionnels, portés par les sens, on fait surnommer Morales par ses contemporains el divino en raison du mysticisme tout à fait particulier qui se dégageait de ses oeuvres. Ce mysticisme est à rapprocher d'ailleurs avec les exercices spirituels d'Ignace de Loyola, publiés à peu près à la même époque et dans lesquels Ignace de Loyola insiste sur cette spiritualité très émotionnelle. Une passion qui doit être incitée par la compassion et la douleur sensible, ainsi qu'avec larmes et souffrance. Cette tendance Jésuite peut s'expliquer ici aussi par le fait que l'évêque de badajoz, qui a commandé deux tableaux sur le thème du Christ à la colonne, était lui-même très proche des Jésuites. Comment ce tableau est-il arrivé dans les Flandres françaises ? A l'époque, les Flandres étaient les Pays-Bas espagnols, et il a pu y avoir des relations entre les Jésuites espagnols et les Jésuites flamands car en Flandres il y avait beaucoup d'établissements d'enseignement et de collèges Jésuites. L'autre possibilité serait les guerres de la Révolution et de Napoléon : l'Espagne avait été dévalisée par les armées. On ne connait pas l'histoire de ce tableau, on sait simplement qu'il a été donné à l'église de Saint-Willibrord de Gravelines en 1828 par le maire de cette commune, Bernard Nicolas Decarpentry (maire de Gravelines de 1813 à 1840), une inscription au dos du tableau le signale. Il s'agit peut-être d'une saisie révolutionnaire dans un établissement Jésuite qui n'était pas à Gravelines car il n'y en avait pas. C'est quelque chose de tout à fait unique dans la région. Nous ne connaissons aucune autre oeuvre espagnole dans la région Nord-Pas-de-Calais. Pour des raisons de conservation (variations climatiques), l'oeuvre se trouve au musée de la gravure de Gravelines, dans les fortifications de Vauban.
Propriété de la commune
Classé au titre objet
2014/01/30 : classé au titre objet
Arrêté n° 002. Commission nationale des monuments historiques du 24/06/2008. Commission départementale des objets mobiliers du 20/12/2006. Inscrit au titre objet le 24/06/1982.
Pierre-Yves Corbel (conservateur en chef du patrimoine) ; Anita Oger-Leurent (conservateur des Monuments Historiques) ; Philippe Hertel (conservateur en chef du patrimoine) ; Service de conservation des antiquités et objets d'art du Nord
Dossier individuel