Décapotable
Cabriolet
EHM12
Automobile CGE-Tudor cabriolet tout électrique
Grand Est ; Haut-Rhin (68) ; Mulhouse ; Musée national de l'Automobile
68224
Anciennement région de : Alsace
Mulhouse
Musée national de l'Automobile
Patrimoine automobile
Marque : CGE ; type : Tudor, 2 places, électrique (puissance 5 kW), propulsion ; carrosserie Hotchkiss : cabriolet décapotable ; moteur : électrique, en position centrale, devant les AR ; structure : carcasse coulée en alliage léger ; batteries : 48 éléments, répartis en position AV et AR ; poids total des batteries : 460 kg (230 kg AV, 230 kg AR) ; transmission : aux roues AR ; suspension : quatre roues indépendantes ; freins : tambours AV/AR, commande mécanique ; direction : à crémaillère ; empattement : 235 cm.
L = 370 ; h = 140 ; pds = 970
Grégoire Jean-Albert (propriétaire)
2e quart 20e siècle
1942
Produit en semi-clandestinité durant l'Occupation, ce véhicule électrique a détenu le record du monde de distance parcourue pour véhicule électrique, réalisé le 11 septembre 1942 sur le parcours Paris-Tours, soit 250 km à 42,32 km/h de moyenne. Ce spécimen de la collection et le suivant illustrent une autre branche de l'activité de Grégoire ingénieur automobile : la voiture électrique. La pénurie de carburant au moment de la Seconde Guerre mondiale provoque un regain d'intérêt pour les véhicules électriques, qui seront produits en nombre relativement important par plusieurs constructeurs. En raison de leur autonomie limitée, ces véhicules seront cependant réservés à un usage restreint : véhicules urbains de livraison ou de proximité, toujours de gabarit réduit. Pendant la guerre, Grégoire est sollicité par la Compagnie Générale d'Électricité (CGE) associée à la firme Tudor (fabricant d'accumulateurs) pour la réalisation d'une petite voiture électrique qui reprendrait la structure carcasse coulée de l'Amilcar Compound. En effet, la rigidité et la bonne résistance du châssis en alliage léger permettent de supporter le poids important des batteries, handicap inhérent à tout véhicule électrique (460 kg de batteries réparties entre l'avant et l'arrière sur cette voiture). L'acier habituellement utilisé dans la construction automobile supporte assez mal les vapeurs acides émanant des batteries, tandis que l'aluminium résiste mieux. Donc le châssis en alliage léger conçu au départ pour être équipé d'une mécanique traditionnelle s'avère convenir à l'énergie électrique. Au lieu d'utiliser la structure de l'Amilcar Compound, Grégoire conçoit un nouveau véhicule très compact et adapté au poids important des accus, à l'aménagement très sobre : rien de superflu. La partie électrique, à laquelle Grégoire avoue ne rien entendre, est confiée à l'ingénieur Paul Rapin. Des plans furent réalisés pour une petite berline 4 places, en vue de l'utilisation comme taxi. Les premiers essais ont lieu au cours de l'hiver 1941 et s'avèrent décevants. Mais dès le printemps suivant, après avoir remédié aux problèmes techniques, un exemplaire et présenté à la direction de la CGE, avec essai entre Paris et Versailles. L'ingénieur Rapin parviendra à améliorer l'autonomie encore insuffisante l'année suivante, au point que ce modèle obtiendra le record de distance pour un véhicule électrique le 11 septembre 1942 en réalisant entre Paris et Tours 254 km à la moyenne de 42,32 km/h. L'énergie de décélération au freinage était récupérée pour recharger les batteries. Ces performances font que la voiture serait encore concurrentielle aujourd'hui en termes d'autonomie. La production va se limiter à 200 exemplaires (cabriolets et fourgonnettes de livraison), produits entre 1942 et 1945. Deux exemplaires, celui présenté mis à part, sont conservés : l'exemplaire du record Paris-Tours est conservé au Musée des 24 heures du Mans ; un exemplaire autrefois exposé au musée de l'automobile de la Colline (Nanterre) se trouve aujourd'hui dans une collection particulière à La Rochelle. La CGE 1942, conçue dans un relatif secret sous l'Occupation, voulait apporter une solution pratique à la pénurie d'essence. Jalon essentiel de l'histoire de la traction électrique, qui, de la Jamais Contente à la Bluecar, double l'histoire de l'automobile thermique, elle mérite tout particulièrement d'être préservée, même si ses batteries n'ont pu être conservées et si sa remise en état de circulation apparaît délicate.
Propriété d'une association
Classé comme un ensemble historique mobilier
2020/07/07 : classé comme un ensemble historique mobilier
2016/08/30 : classé au titre objet, arrêté de classement n°061 suite à la CNMH du 01/04/2016. Suite à la CRPA du 20/09/2020 et à la CNPA du 03/10/2019, arrêté n°22 portant classement au titre des monuments historiques d’un ensemble historique mobilier. Propriété de l'Institut pour l'histoire de l'aluminium. Objets mis en dépôt à la Cité de l’Automobile (musée national de l'Automobile) à Mulhouse.
Louis-Napoléon Panel, conservateur des monuments historiques (DRAC Grand Est) ; Rodolphe Rapetti, conservateur en chef du patrimoine (expert pour le patrimoine automobile)
Sous-dossier
Ensemble historique mobilier : 11 automobiles et 3 châssis roulants de la collection Jean-Albert Grégoire
PM68002063