Abbaye
De bénédictins
Saint-Pierre
Abbaye de bénédictins Saint-Pierre
Occitanie ; 46 ; Marcilhac-sur-Célé
Lot
Cajarc
2011 AV 175
En village
Salle capitulaire
11e siècle ; 12e siècle ; limite 15e siècle 16e siècle
Si la "villa" de Marcilhac apparaît dans les textes avec le testament de saint Didier de Cahors, en 654, la date de fondation du monastère n'est pas connue : au 9e siècle, l'abbaye de Moissac y possède une petite "cella", et au siècle suivant divers actes mentionnent une abbaye Saint-Pierre qui bénéficie des libéralités d'un vicomte de Tulle puis d'un comte de Rouergue (pour les références des sources historiques, on consultera Jean Cabanot, 1993, dont l'étude reste la plus complète). Vers 1030, l'évêque de Cahors donne à Marcilhac l'église de Rocamadour, où un important pèlerinage se développe au siècle suivant, alors que l'abbaye de Tulle en a pris le contrôle qu'elle conservera définitivement. Aucune source ne documente la construction de l'église et de la salle capitulaire, seuls vestiges de l'abbaye romane. Du chevet, on connaît le plan grâce aux fouilles des années 1968-1969 : la similitude avec Conques a conduit à dater le début du chantier au milieu du 11e siècle. Le jalon suivant serait donné par le tympan du portail sud, dont la sculpture est empreinte d'archaïsme mais que sa composition invite à placer vers 1100. Le moment de l'achèvement de l'église, et surtout de ses parties occidentales, est problématique. Si l'on date les chapiteaux du portail occidental du milieu du 11e siècle, il faut supposer un changement de parti survenu lors de la construction des parties hautes que les arcs brisés des tours situeraient au plus tôt dans le 2e quart du 12e siècle (Cabanot, 1993). S'il s'agit au contraire d'oeuvres reprenant tardivement des modèles anciens, alors l'achèvement des parties occidentales pourrait ne pas être antérieur au milieu du 12e siècle ; dans ce cas, les piles cruciformes du porche, fortement désaxées et dépourvues de colonnes engagées, pourraient constituer des vestiges de l'église du 11e siècle. Le style des chapiteaux permet de dater du milieu du 12e siècle la salle capitulaire, dont les travaux se situeraient peu après l'achèvement de l'église abbatiale. Au même moment aurait été commencée la construction des premières galeries du cloître, complétées au 13e siècle, à en juger d'après des chapiteaux déposés qui pourraient en provenir. Comme bien d'autres monastères du Quercy, Marcilhac est ruiné par la guerre de Cent ans. Dès 1389, les lieux sont dits dévastés et quasiment vides d'habitants, et en 1437, le monastère est trop pauvre pour procéder même aux réparations les plus urgentes. La restauration des bâtiments, réalisée sous les abbatiats de Raymond et Guillaume d'Hébrard, est inachevée en 1515, et en 1569 ou 1570, l'abbaye est saccagée par les huguenots : en 1679, un tiers de l'église est encore en ruines, et "le cloître tout entier et les autres lieux réguliers détruits et inhabitables". Les bâtiments conventuels ayant disparu, seule l'église témoigne des travaux réalisés après la guerre de Cent ans. Trois documents ont été utilisés pour les dater : en 1450, Jeanne d'Hébrard demande à être enterrée dans la chapelle du transept dédiée à la Vierge ; en 1461, l'abbé Guillaume d'Hébrard peut entrer dans l'église et s'agenouiller devant le maître-autel ; en 1515, les moines se plaignent d'être exposés à la chaleur et au froid pendant les offices. L'examen de l'édifice montre que la durée du chantier a été beaucoup plus courte. Le nouveau chevet laisse penser que le projet, très ambitieux, prévoyait une reconstruction complète de l'église, en s'appuyant sur les fondations de l'édifice roman. Mais dès la mise en chantier du transept, on conserve une partie des élévations anciennes, puis, dans la dernière travée de la nef, les quatre piles romanes sur plusieurs mètres de hauteur, juste avant l'arrêt des travaux. Ces économies ne s'accompagnent pas d'un changement de parti, la construction est homogène et le style est celui des environs de 1500 : il faudrait donc attribuer un rôle principal dans la reconstruction de l'église à l'abbé Guillaume d'Hébrard (1461-1493), auquel succèdent ses neveux Guillaume puis Frotard. La seule clef de voûte conservée est armoriée et pourrait indiquer que la chapelle sud du bras sud du transept a été financée par la famille La Roque (Toirac ?), dont deux membres sont successivement cellerier entre 1461 et 1515 (Albe, 1901). En dépit de travaux effectués au début du 17e siècle, le monastère est en très mauvais état, et de nombreux conflits s'élèvent entre l'abbé et les moines. En 1750, l'abbaye est sécularisée et l'église devient paroissiale. A la Révolution, les bâtiments conventuels sont vendus comme biens nationaux, et il faudra attendre le début du 20e siècle, après le classement au titre des Monuments historiques en 1906, pour que soient engagés les travaux de restauration et de récupération du site. Des vitraux sont signés L.V. Gesta de Toulouse, ceux du déambulatoire sont signés Henri Fauré, Gaillac du Tarn, et datés de 1879.
Calcaire ; pierre de taille ; moellon
Calcaire en couverture ; ardoise ; tuile plate
Plan en croix latine
3 vaisseaux
Cul-de-four ; voûte d'ogives ; voûte en berceau plein-cintre ; voûte d'arêtes
Toit à longs pans ; toit à deux pans ; croupe polygonale
Escalier dans-oeuvre : escalier en vis sans jour, en maçonnerie
L'emprise de l'abbaye est encore parfaitement visible dans le village auquel elle a donné naissance, dessinant au bord du Célé un grand quadrilatère dont les côtés est et sud conservent des portions du mur d'enceinte. L'enclos abbatial est en grande partie occupé par des bâtiments construits depuis le 15e siècle, entre lesquels se dressent les ruines de la nef romane et l'église de la fin du 15e siècle. Les fouilles de 1968-1969 ont mis au jour les fondations d'un chevet à déambulatoire et chapelles rayonnantes et des chapelles orientales des deux bras du transept. Celui-ci était dépourvu de collatéral ; ses deux étroites fenêtres sud, conservées lors de la reconstruction de la fin du 15e siècle, sont placées sous des arcades et leurs arcs sont à petits claveaux ; à l'intérieur, deux colonnes engagées sur dosseret montent très haut en interrompant un cordon orné de billettes et d'une corde. Les ruines de la nef permettent de restituer un vaisseau central voûté en berceau, et deux collatéraux voûtés d'arêtes et surmontés de tribunes. Les trois vaisseaux étaient séparés par des piles carrées à colonnes engagées sur leurs quatre faces, portant des arcs surhaussés entre le vaisseau central et les collatéraux et des arcs doubleaux probablement en plein cintre. La nef est précédée par un massif occidental comprenant un porche qui était surmonté d'une tribune, encadré d'espaces annexes contenant des escaliers et qui constituaient les premiers niveaux de deux tours de façade, semblables à celles de Conques, mais qui n'ont pas été achevées (la partie supérieure de la tour sud n'est pas antérieure à la fin du Moyen Age). Le portail principal est situé au sud, ouvrant sur la troisième travée de la nef. Son état actuel pose question, car il ne présente aucun dispositif permettant sa fermeture. Son intérêt réside cependant surtout dans son tympan orné de plaques sculptées disposées en pyramide dans un jeu de damier et de bâtons rompus. Saint Pierre et sans doute saint Paul sont représentés au premier registre, puis viennent deux anges surmontés des figurations de la lune (à gauche, à peine lisible) et du soleil qui encadrent un Christ en majesté. On a donné moins d'importance au portail ouest où le décor se limite aux moulures des voussures et à des chapiteaux et tailloirs à entrelacs et feuillages taillés en méplat. De simples portes donnaient accès à l'aire du cloître à partir du collatéral nord et du bras nord du transept. La partie ruinée de la nef romane forme une cour devant la façade du début du 16e siècle, en fait une simple maçonnerie de fermeture érigée dans l'attente de la reprise du chantier. L'église a été reconstruite dans le style gothique flamboyant, mais en reprenant le plan de l'édifice roman, ce qui explique en particulier la présence du déambulatoire autour du choeur, sans les chapelles rayonnantes cependant. Elle est entièrement voûtée d'ogives dont les nervures à cavets retombent sur des chapiteaux ou des culots prismatiques ou bien sont à pénétration ; leurs clefs devaient recevoir un décor rapporté, sans doute jamais réalisé sauf dans la chapelle méridionale du bras sud du transept où l'écu armorié est posé sur une couronne de redents feuillagés. La salle capitulaire bordait le côté est du cloître dont les galeries ont complètement disparu. Bâtie dans le prolongement du bras nord du transept, elle en est séparée par un passage voûté d'arêtes, parfaitement intégré à la construction. La façade est rythmée par les trois baies de la salle capitulaire et l'arcade du passage, séparées par des colonnes engagées qui se prolongeaient à l'étage, démoli en 1880, où se trouvait le dortoir des moines. Elle présente encore un bel ensemble de chapiteaux que leur style permet d'attribuer à un même atelier. Des chapiteaux décoratifs se mêlent à des représentations symboliques et à des chapiteaux historiés dont le salut et la damnation constituent le thème principal : dans l'arc du passage, l'allégorie de la joie des élus côtoie leur couronnement et les tourments réservés aux réprouvés ; le Christ en majesté est représenté dans la baie centrale de la salle capitulaire, à côté de la vénération du livre de l'Evangile, la Parole de Dieu qui sauve. La salle est divisée en trois travées, où les deux croisées d'ogives conservées sont sans clef et à nervures en gros tores retombant sur des bases moulurées posées sur une banquette périphérique.
Sculpture ; peinture (étudiée dans la base Palissy)
Armoiries ; sujet eschatologique ; Christ glorieux ; ange ; saint Pierre ; saint Paul ; lune ; soleil ; ornement végétal ; oiseau ; sirène ; lion ; homme
La clef de voûte de la chapelle méridionale porte un écu d'azur à trois rocs d'échiquier d'or, où l'on a proposé de voir les armes des Laroque-Toirac (J. Cabanot, 1993, p. 363, n. 61), qui sont cependant d'argent à trois rocs d'échiquier de gueules selon L. Esquieu (Essai d'un armorial quercynois, 1907-1908, p. 172).
1906/11/20 : classé MH partiellement ; 1939/05/31 : classé MH partiellement ; 1965/01/13 : inscrit MH partiellement
Après avoir figuré sur les listes des Monuments historiques de 1842 et 1846, l'église est absente de celle de 1862. Eglise, ruines des cloîtres contigus à l'église et ruines attenant aux cloîtres : classement par arrêté du 20 novembre 1906 ; Immeubles aux abords de l'église (cad. E 424, 425) : classement par arrêté du 31 mai 1939 ; Porte Sud de l'enceinte, c'est-à-dire les deux maisons anciennes, le mur auquel ces maisons sont adossées et la partie dont ce mur est percé (cad. E 414, 444) : inscription par arrêté du 13 janvier 1965.
IM46000830 ; IM46206585 ; IM46207772
À signaler
Propriété de la commune
2006
(c) Inventaire général Région Occitanie ; (c) Conseil départemental du Lot
2010
Séraphin Gilles ; Scellès Maurice
Dossier individuel
Conseil régional Occitanie - Direction de la Culture et du Patrimoine - Service Connaissance et Inventaire des Patrimoines 22, bd Maréchal Juin 31406 Toulouse cedex 9 - Espace Capdeville, 417 Rue Samuel Morse, 34000 Montpellier - 05.61.39.62.47