Chaire à prêcher
Chaire à prêcher
Hauts-de-France ; Oise (60) ; Saint-Martin-aux-Bois ; église Saint-Martin
60585
Anciennement région de : Picardie
Estrées-Saint-Denis
Église Saint-Martin
PA00114868 ; IA60001566
Menuiserie ; peinture
Chêne ; bois résineux : taillé, tourné, peint (polychrome)
Bois de chêne et de résineux taillé, tourné, peint polychrome. La restauration menée en 2015 a permis d'établir une chronologie relative des évolutions qu'a subies la chaire. Le premier état est datable du milieu du XVIe siècle. L'abat-voix était alors appendu à un pilier ou à un mur. Le vocabulaire décoratif atteste la Renaissance. Le deuxième état résulte de travaux menés dans le courant du XVIIe siècle. Le piétement est modifié, des arcs sont insérés entre les pieds, des montants supportent l'abat-voix, la polychromie évolue. Le troisième état peut être attribué à la fin du XVIIe siècle. De nombreuses moulures sont ajourées (abat-voix, appui de la cuve), des balustres adjoints, des cartouches en fort relief appliqués au centre des panneaux de la cuve. La polychromie est reprise. L'état actuel découle des interventions du XXe siècle. Les cartouches ornant la cuve ont été retirés, des greffes ont été réalisées mais n'ont pas reçu de polychromie (l'intervention de 2015, en conservation, a atténué les discordances visuelles).
H = 360 ; la = 150 ; pr = 250 ; h = 110 (cuve)
Oeuvre restaurée
La restauration a été menée en 2015 par Amélie Méthivier, Juliette Mertens et Marta Garcia-Darowska.
Armoiries
Blason de l'ordre des chanoines de saint Augustin ; blason de l'abbaye.
2e quart 16e siècle ; 3e quart 16e siècle
L'église de Saint-Martin-aux-Bois est l'église de l'ancienne abbaye des chanoines réguliers de saint Augustin, fondée à la fin du XIe siècle sur le plateau picard, à l'extrême nord du département de l'Oise, près de la Somme. De l'église, construite entre 1245 et 1260, ne subsiste que le choeur, à moins qu'elle soit restée inachevée, aucun indice ne permettant de trancher entre ces deux hypothèses. Cette construction très élancée est éclairée par de hautes verrières, majoritairement du XIIIe siècle. Le mot d'Henri IV à son propos (c'est la plus belle lanterne de mon royaume) prouve l'admiration durable qu'a suscité l'abbatiale. Parmi les chefs-d'oeuvre qu'abrite cette église paroissiale d'une commune de 150 et 200 habitants figurent les stalles qui forment un ensemble très bien documenté, et les verrières qui ont occulté d'autres oeuvres présentes dans cette église. Dans l'espace central de l'église se dresse une chaire, datable du milieu du XVIe siècle avec des remaniements postérieurs, exécutée en chêne peint polychrome, assortie de réfections en bois de résineux. Son histoire est mal connue, mais l'existence sur ses parois d'un blason portant un coeur enflammé et des flèches, emblème, à déclinaison variable selon les branches, de la famille augustinienne, prouve une présence de longue date dans l'édifice et permet d'ancrer solidement l'objet dans l'histoire de l'abbaye. Opération de stricte conservation menée en 2015, la restauration effectuée par Juliette Mertens et Marta Garcia-Garowska sous la direction d'Amélie Méthivier a mis en évidence de très nombreux remontages et assemblages ainsi que des éléments bien stabilisés au XVIe siècle et au XVIIe siècle qui ont précisé son historique. En effet, les modifications successives révélées par l'analyse des nombreuses couches de polychromie et celle des assemblages ont permis d'établir une chronologie relative de l'oeuvre. Au XVIe siècle la cuve est dotée d'un piétément et peut être d'un abat-voix qui, dans ce cas, est suspendu à un pilier et non relié par des montants. On y accède par un escalier dont l'aspect général reste mystérieux mais dont on décèle des éléments tout à fait originaux dans les deux sens du terme avec une polychromie à l'azurite qui n'est plus utilisée après le XVIIe siècle et des motifs Renaissance. Si les blasons décrits précédemment datent du XVIIe siècle, ils existent déjà au siècle précédent. Malgré leur dégradation on devine en effet l'emblème augustinien. Un deuxième état apparaît dans le courant du XVIIe siècle avec la réfection du piétement, entre les éléments desquels on insère des arcs de liaison, la reprise de la main courante de l'appui de la chaire, l'abat-voix désormais supporté par des montants et la mise en place de la rampe. Un troisième état peut être déterminé comme datant de la fin du XVIIe siècle avec un ajout de mouluration sur l'abat-voix et sur la cuve, où est apposée une sorte de corniche à denticules, et surtout l'insertion de balustres à la jonction de chacun des pans coupés et de gros mascarons en relief sur les panneaux de la cuve, ainsi que l'établit une photographie prise avant 1914. Enfin, l'état actuel montre que ces gros médaillons chantournés enfermant les blasons ont été déposés au XXe siècle. L'analyse révèle que deux états polychromes coexistent sous l'abat-voix sans qu'il soit possible des les dater, les motifs laissant à penser qu'ils pourraient se situer l'un au début, l'autre à la fin du XVIIe siècle. Dans une histoire un peu chaotique se dessinent donc plusieurs étapes attestant une origine ancienne et un positionnement de la chaire dans l'édifice depuis le XVIIe, voire le XVIe siècle. A l'époque des chanoines réguliers de saint Augustin, elle devait se trouver dans le vaisseau latéral, où se déroulaient les fonctions paroissiales de l'église. Elle est ensuite transplantée à son emplacement actuel dans la nef principale lorsque la fonction abbatiale, tout en subsistant, s'efface au profit d'un culte paroi ssial plus développé. C'est à cette période, à la fin du XVIIIe siècle, que les bancs sont construits dans la nef principale et que les stalles qui se trouvaient dans la nef sont reportées dans le choeur. Quelques chaires du XVIe siècle fournissent d'utiles éléments de comparaison, telle celle de l'église de Longpré-le-Sec dans l'Aube formée d'un assemblage de panneaux à pans coupés, sans soulignement des angles comme le montre la version première de la chaire, puis celle à panneaux peints de l'église de Sainte-Marguerite de Carrouges dans l'Orne qui repose sur un piétement similaire, et celle, bien attestée du XVIe siècle, et provenant d'Ypres en Flandre, montée sur un piétement à pied droit, de l'église de Winnezeele dans le Nord. Par son histoire, cette oeuvre d'apparence un peu modeste a toute sa place dans un corpus de chaires anciennes.
Propriété de la commune
Classé au titre objet
2017/02/23 : classé au titre objet
Arrêté de classement n° 014. Commission nationale des monuments historiques 27/06/2016. Commission départementale des objets mobiliers 16/02/2015. Inscrit au titre objet le 26/02/2015.
Anita Oger-Leurent (conservatrice des monuments historiques)
Dossier individuel