Station thermale
Station thermale
Occitanie ; Aude (11) ; Ginoles ; de Quillan (route) 33
Pyrénées
Ginoles-les-Bains
De Quillan (route) 33
2020 AC 166-167
En écart
"milieu 19e siècle ; "
Ginoles-les-Bains se situe à deux kilomètres de la ville de Quillan, à moins d’un kilomètre de la gare. Située à 340 mètres d’altitude, cette modeste station nichée au milieu des collines de l’Aude est surplombée par le Quirbajou (1 300 mètres) et les hauteurs du Portel, qui offrent des promenades pittoresques en forêt. Le climat est doux et l’air est pur. Les eaux bicarbonatées calciques et magnésiennes sont réputées pour soigner les reins, la vessie, les intestins, le foie et l’arthritisme. Elles sont prises en bain et en boisson et embouteillées. Elles sont analysées régulièrement dès 1763, et médaillées d’argent en 1776. En 1879, les eaux reçoivent la médaille d’argent de l’Académie royale des sciences, Inscriptions et Belles Lettres de Toulouse. Deux sources alimentent l’établissement thermal : la source Sainte-Eulalie ou Rosita la source Prosper ou Pascal. Les prémices de l’exploitation des eaux.A la fin du XVIIIe siècle, juste avant la révolution française, Monsieur de Brésillou souhaite créer un établissement de bains à Ginoles, sur son terrain où jaillissent des eaux chaudes et froides. Le projet est contrarié par les habitants, qui craignent de se voir privés de l’usage des eaux. Monsieur Croux devient propriétaire de la parcelle sur laquelle se trouvent les sources. Il entreprend à son tour la construction d’un établissement thermal. Face à l’opposition des habitants, il consent à accorder aux ginolais des droits sur les eaux. Un acte passé devant le notaire M. Pinet le 4 janvier 1808 accordent aux ginolais de boire à la fontaine chaude, d’y laver le linge, de prendre des bains dans une baignoire de l’établissement et de faire boire les chevaux dans le canal. Lorsque M. Croux meurt en 1819, ses 7 enfants héritent de l’établissement, mais plusieurs sont mineurs. Le partage se fait en 1821. Sur le cadastre napoléonien de 1826, une construction apparaît sur la source à l’emplacement de l’actuel hôtel Sainte-Eulalie, ainsi qu’un moulin à eau alimenté par les sources. Peu à peu, les droits d’usage des eaux assignés aux ginolais sont remis en question. Pour se venger, ces derniers ne vont plus faire moudre leur grain au moulin. La saison est difficile, et les Croux sont contraints de vendre le moulin en 1837 aux frères Rivière. Un ambitieux propriétaireLes héritiers Croux conservent l’établissement jusqu’au 13 octobre 1842, lorsqu’ils vendent la propriété à Guillaume Joseph Martin, ancien receveur de la banque postale du canal du midi. Il entreprend de nouveaux aménagements, fait reconstruire les baignoires et crée le jardin d’agrément. Il fait construire l’hôtel des tilleuls au bord du bassin en 1845. Il apparait sur une gravure de Buzairies de 1846. Le 1er février 1858, Martin rachète le moulin à Jean Pierre Augereau dit Toustou, meunier à Ginoles, dans le notaire Canavy à Quillan. En 1865, Ginoles accueille entre 200 et 250 buveurs pendant la saison d’été. Mais le nombre de buveurs ne suffit pas à rendre l’établissement rentable. Le 13 août 1868, Omer Chevrefeuil Martin, l’héritier, est exproprié et Casimir Gayda est adjudicataire. Il revend l’ensemble de la propriété en 1871 à Prosper Lassave, conducteur des Ponts et Chaussées depuis 1846. De nouveaux aménagements Dans l’acte de vente du 5 juillet 1871 établit un inventaire précis des bâtiments qui composent alors l’établissement : une usine et un établissement de bains avec toutes leurs dépendances, eaux thermales et autres sources, maisons servant d’hôtel autres bâtiments, écuries avec remise, chapelle dédiée à St Roch. Jardins, allées, vignes, champs, bassin, canaux, terres labourables et vagues. Le tout porté dans les numéros 72, 81, 77 section B. 599, 603, 608, partie 645 section A 68, 69, 70, 71, 73, 74 partie de 75, 76, 78, 79, 80, 81, 82, 83, 84, 85 et 86 section B de la matrice cadastrale de la commune de Ginoles, d’une contenance totale d’environ un hectare 88 ares. À noter ici que la chapelle Saint Roch, malgré l’absence de date portée, est mentionnée. Elle est construite entre 1826 (cadastre napoléonien) et 1871 (date du présent inventaire). En 1875, le nombre de bouteilles expédiées chaque année s’élève à 300. La galerie de cure est construite en 1878. Elle se compose de 16 cabines de bains et de douches, d’un pavillon pour les baigneurs et comprend également la maison du directeur. La buvette est alimentée par les deux sources au centre du parc, qui alimentent également le bassin.Le moulin est désaffecté et réaménagé en 1881 en villa du parc, destinée à l’hébergement des familles et des ménages. Elle comprend 7 chambres et une cuisine commune. Prosper Lassave engage la construction de l’Hôtel Sainte Eulalie en 1881. Il comprend 34 chambres. Lors de son séjour à Ginoles l’année suivante, Eugène Stublein publie en p. 23 de sa Description d’un voyage aux établissements thermaux de l’arrondissement de Limoux : « Tout ici a de la variété, du charme et de la grâce : beaucoup de verdure avec de beaux massifs, des sources abondantes, de vastes établissements et une bonne et nombreuse société. Des divertissements et beaucoup de promeneurs car Ginoles est, on peut dire, un des boulevards de Quillan ». Prosper Lassave meurt le 27 septembre 1881. Les héritières sont sa veuve Rose Calvet et leurs deux filles Octavie et Christine Lassave. Le 3 janvier 1882, Christine Lassave épouse Ernest Cros. Octavie est encore mineure. Le partage est difficile, il s’effectue par licitation devant le tribunal civil de Limoux le 28 avril 1884, lorsque Rose Calvet rachète ses parts à ses filles. Un nouveau jugement est rendu le 28 février 1887 à la demande de Christine Lassave Cros. Après la mort de Rose Calvet, le partage est à nouveau fait entre Octavie Lassave et les époux Cros en 1905-1906. Ernest Cros prend la direction de la station. Au tournant du siècleLes publications vantant la quiétude de la station de Ginoles ainsi que la qualité de ses eaux se multiplient. La création d’un syndicat d’initiative à Quillan assure la promotion de l’établissement thermal de Ginoles. Dans le guide pratique du baigneur de 1902, Lagarde décrit l’ensemble des équipements avec beaucoup de détails. En 1905, Les sœurs Lassave et Ernest Cros demandent que les sources Prosper et Rosita soit déclarées d’intérêt public. En 1907, l’Institut Bouisson Bertrand de Montpellier effectue des analyses des sources, afin d’étayer un projet de centre de tourisme et de thermalisme à Quillan. Ce projet ne voit finalement pas le jour. Nous savons qu’en 1908, la saison dure du 15 juillet au 15 septembre. La station reçoit environ 500 à 650 baigneurs, dont 150 à 200 peuvent être logés simultanément dans l’établissement. Le volume d’expéditions d’eau embouteillée est de 3 000 bouteilles. Dans la brochure de présentation de l’établissement de 1909, un feuillet complémentaire est ajouté, présentant la méthode Kneipp de médication naturelle. L’établissement thermal de Ginoles reçoit de nouvelles améliorations en 1911. Dans le Journal Officiel des établissements français de l’Inde et le Journal Officiel de la Martinique, le Ministre des colonies classe Ginoles au rang des stations recevant du personnel colonial en 1922. C’est à cette période que la station de Ginoles accueille le nombre de curistes le plus grand, à savoir environ 1 000 baigneurs et accompagnants par saison, des années 1920 jusqu’à la seconde guerre mondiale. Trente chambres sont équipées de l’eau courante en 1935. En 1922, un projet de classement en station hydrominérale est rejeté dans un premier temps, la capacité d’accueil est d’abord estimée insuffisante. En 1927, Ernest Cros crée la Société anonyme des sources thermo minérales de Ginoles et en prend la direction. Après la Seconde Guerre mondialeLe 1er septembre 1939, le Préfet lance un avis de réquisition de la nation en temps de guerre. L’établissement thermal de Ginoles est susceptible d’être réquisitionné pour les besoins de la nation. Sur les recommandations de son médecin parisien, André Gide séjourne à Ginoles en juillet 1940. Il retrouve ses amis Alibert et Joe Bousquet à Carcassonne. Dans son journal, il décrit l’établissement thermal de Ginoles, il est particulièrement sensible à la beauté du platane séculaire qui s’enracine près de la source buvette. Après la guerre, l’établissement peine à reprendre une activité régulière et à retrouver une clientèle. Le centre ferme en 1958. Après quelques années d’inactivité, Raoul Lubat rachète l’établissement en 1962 et transforme l’ensemble en centre de loisirs avec hôtel et restaurant. Il réaménage les bassins en piscine, alimentée par les eaux des sources. En 1970, le comité d’entreprise de la société Citroën achète le site pour le transformer en centre de colonies de vacances pour les enfants des employés de l’entreprise. Il exploite également une partie du terrain qu’il aménage en camping. En 1973, Marie-Françoise Couès rachète l’ensemble de l’établissement et le convertit en résidence du parc, avec piscine, mini-golf et la villa du lac devient la discothèque l’Oasis. Son activité se poursuit jusqu’en 1992. L’hôtel se délabre, et des chutes de neige ont effondré le toit de la chapelle. La commune de Quillan étudie alors un projet d’usine d’embouteillage à Ginoles, qui n’aboutit pas. En 2018, une société privée rachète l’ensemble de l’établissement dans l’optique d’y développer un centre de bien-être.
Dans l’inventaire de 1871 qui figure dans l’acte de vente Gayda-Lassave, l’établissement thermal de Ginoles est composé comme suit : une usine (moulin), un établissement de bains et toutes leurs dépendances, des eaux thermales et autres sources, une maison servant d’hôtel, autres bâtiments, écuries avec remises, chapelle dédiée à St Roch, jardins, allées, aigues, champs, bassins, canaux, terres labourables et vagues, le tout porté sous les N° 72, 81, 77 section B 68, 69, 70, 73, 74 et partie de 75, 76, 78, 79, 80, 81, 82, 83, 84, 85 et 86.L’établissement thermal de Ginoles comprend plusieurs bâtiments réunis autour des deux sources Pascal (ou Prosper) et Eulalie (ou Rosita). La source Pascal se situe dans le parc. Elle est utilisée en buvette et le trop plein alimente le bassin/piscine. Son débit est de 16 litres par seconde à une température de 24°C. La source Eulalie (ou Rosita) était nommée fontaine des douleurs en 1808. Elle était utilisée en boisson et alimentait des baignoires, et le trop plein remplissait le bassin. Son débit était de 18 litres par seconde à une température de 28°C. Un établissement est en place sur le cadastre napoléonien de 1829. Un premier établissement a été édifié par M. Croux, peu de temps après son acquisition en 1808. Avant, il était composé de baignoires au rez-de-chaussée et de logements à l’étage. Il s’agit de l’établissement des Ménages, qui est aménagé plus tard en hôtel Ste Eulalie en 1881. Il est édifié en pierre et chaux hydraulique. Il mesure 29 mètres de long, 10 mètres de large, et 11, 80 mètres de hauteur. Il comprend 34 chambres, 17 au premier étage, 17 au deuxième. Au rez-de-chaussée, une grande salle à manger de 10m de long et 8m de large est desservie par de grands corridors. Le Grand Hôtel ou hôtel des tilleuls n’apparaît pas sur le cadastre napoléonien de 1829, mais ce bâtiment figure sur une gravure de Buzairies en 1846. Il n’est pas directement mentionné dans l’inventaire de 1881 lors de la vente de Gayda à LASSAVE, mais sont mentionnés plusieurs bâtiments compris dans l’établissement thermal, « et dépendances ». Il est rénové en 1909, selon un mémoire des travaux pour le compte de Mlle Lassave à l’Hôtel de Ginoles. L’hôtel des tilleuls mesure 40 mètres de long, 11,6 mètres de large, 13,4 mètres de haut. Il se compose de 17 chambres au 1er étage, d’un salon de compagnie au rez-de-chaussée avec cuisine, bureau, office, café, laboratoire. Le deuxième étage se compose de 15 chambres. En tout, l’hôtel propose 45 chambres et 53 lits, selon l’inventaire de 1880. La remise et écurie réaménagée en chalet rose n’apparaît pas dans le cadastre napoléonien de 1829. Toutefois, elle est mentionnée dans l’inventaire de la vente Gayda-Lassave en 1881. C’est une construction en pierre et chaux, de 30 mètres de long, 12 mètres de large, et 12 mètres de haut. Le chalet se compose d’un rez-de-chaussée et de deux étages. Le 1er étage est disposé pour établir de nouveaux logements, et le 2ème étage comprend deux vastes greniers pour la paille et le fourrage ainsi qu’un pigeonnier. En 1907, il est réaménagé en chalet rose, au moment de la succession des sœurs Lassave. Octavie Lassave est propriétaire de 1908 à 1927, où il devient alors la propriété de la société anonyme des sources thermo-minérales de Ginoles. En 1967, le chalet rose est vendu à Raoul Lubat, alors que les garages deviennent propriété de Mme Couès en 1974. La galerie des bains est construite en 1878. Elle est édifiée en pierre et chaux hydraulique. Elle mesure 40 mètres de long, 9 mètres de large. Elle se compose d’une série d’arceaux en arc en plein cintre, ouvrant sur le parc. Elle comprend 16 cabines et 24 baignoires, un appareil pour les douches, et un pavillon pour les baigneurs contenant une chaudière, fourneau, pompe, cuve, conduits en plomb… Il mesure 11 mètres de long, 6 mètres de large. Le deuxième pavillon est destiné à la distribution des billets de bains. La villa pour les familles, ou villa du lac correspond à l’ancien moulin réaménagé pour accueillir les ménages particuliers. Elle est construite en 1880, en pierre et chaux. Elle mesure 27 mètres de long, 7,8 mètres de large, 10 mètres de haut. Elle comprend 7 chambres et une cuisine particulière, une salle à manger. Au rez-de-chaussée, on trouve le logement du jardinier et de sa famille, composé d’une cuisine et une chambre à coucher, une cave et un dégagement pour les outils.La chapelle Saint Roch est construite en pierre et chaux. Elle mesure 5 mètres de large, 25 mètres de long, 6 à 7 mètres de haut. Elle n’apparait pas dans le cadastre de 1829 mais est mentionnée dans l’acte de vente de GAYDA à LASSAVE en 1881 et fait partie de l’établissement thermal. Octavie Lassave en est propriétaire jusqu’en 1927, puis elle appartient à la société thermale. Aujourd’hui, propriété de la commune. D’importantes chutes de neige dans les années 1990 ont fortement endommagé la toiture. L’accès est actuellement interdit pour des raisons de sécurité. La grande piscine correspond à l’ancien bassin. Dans l’inventaire de 1880, le bassin mesure 6,95 mètres de large sur 25 mètres de long. Les bassins sont présents sur le cadastre napoléonien de 1829. Les piscines sont aménagées en 1945. Le chalet du Roc est construit en 1914 par Octavie Lassave. En 1927, il devient la propriété de la société anonyme des sources thermo minérales de Ginoles, jusqu’en 1934 où il est acheté par le docteur Etienne May époux de Jeanne Cros, la fille d’Ernest Cros et de Christine Lassave. En 1967, par succession suite au décès du Dr Etienne May, le chalet revient à son épouse. En 1972, le chalet est acheté par Guy Allevy. Les douches sont construites en 1962 sur la parcelle B449 du cadastre rénové, par la société anonyme des sources thermo-minérales de Ginoles. En 1970, c’est le CE de Citroën qui en devient propriétaire jusqu’en 1974, où elles passent dans les mains de Mme Couès. Cet édifice n’apparaît pas sur le cadastre actuel, il semble avoir été détruit. Les terrains de camping sont la propriété de la société des sources jusqu'en 1970 dans les matrices de propriétés non bâties. En 1970, le Comité d’entreprise de Citroën installe sur ces parcelles des terrains de camping. En 1974, Mme Couès devient propriétaire. Les parcelles correspondantes sont B446, 447, 448, 449, 450, 451 du cadastre rénové.
Propriété privée
2018
"(c) Inventaire général Région Occitanie ; (c) Université de Perpignan Via Domitia, laboratoire CRESEM"
2020
Deloustal Laetitia
Dossier avec sous-dossier
Conseil régional Occitanie - Direction de la Culture et du Patrimoine - Service Connaissance et Inventaire des Patrimoines 22, bd Maréchal Juin 31406 Toulouse cedex 9 - Espace Capdeville, 417 Rue Samuel Morse, 34000 Montpellier - 05.61.39.62.47