Quartier
Quartier thermal
Quartier thermal
Bourgogne-Franche-Comté ; Nièvre (58) ; Pougues-les-Eaux
Bourgogne-Franche-Comté
2e moitié 19e siècle ; 1er quart 20e siècle
Daté par source ; daté par source
Banc (1618) indique déjà le séjour de buveurs dans "le bourg de Sainct-Léger de Pougues [...] [qui] est de présent un séjour fort adjencé en logis pour la réception des malades". Il indique toutefois que les abords des sources sont impraticables à la mauvaise saison : "L'abbort desdictes sources est difficile en hyver ou en temps fort pluvieux, car leur entour n'est que d'eaux et fondrieres de tous costez". En 1767, le prince de Conti fait planter une allée de tilleuls de Hollande entre le bourg et les sources, comme l'évoque Raulin (1769) : "Le Prince de Conti a fait planter plusieurs allées d'arbres, qui aboutissent au grand chemin et qui conduisent aux eaux". L'auteur vante aussi le site : "Du lieu où [les souces] sont, on traverse une prairie charmante [...]. Au milieu de cette prairie, est une allée de tilleuls qui mènent à un plateau d'où l'on découvre le village à gauche, et à droite près de deux lieues de la grande route". D'après Roubaud (1860), l'allée de tilleuls d'origine est ensuite doublée d'une seconde allée. Il signale de part et d'autre "des jardins et de vastes prairies évidemment destinés à de futurs hôtels ou des maisons de plaisance". On sait par ailleurs que seules sa villa et celle du docteur Crozant existent à cette époque. L'auteur indique également la construction de deux grands réservoirs, le premier de 600 m3 sous la place devant l'entrée de l'établissement thermal, alimenté par le trop plein des sources et le drainage des terrains pendant l'hiver, le second plus grand encore devant sa villa, "à la suite du séchoir couvert et du bain des pauvres". Janicot (1881) évoque également le premier réservoir ("deux grandes citernes souterraines à double galerie concentrent et emprisonnent l'eau de source destinée aux douches et aux mélanges des bains"). L'opération d'envergure qui marque un tournant dans le développement d'un véritable quartier est le lotissement des terrains situés au sud de l'établissement thermal. L'initiative revient à Auguste Chevalier, député du Corps législatif et président du conseil de surveillance de la société Lutton-Montlouis, proche d'Isaac Pereire, comme le rappelle Roubaud (1870) : il achète une "grande étendue de champs et de prairies, parfaitement limitée de tous côtés, en face de l'établissement des eaux minérales dont le séparait seulement l'avenue de Conti prolongée" et "de larges voies carrossables [sont] tracées avec plus ou moins d'intelligence, de manière à former des lots propres à bâtir". Roubaud, qui écrit il est vrai alors qu'il est en procès contre la société Lutton-Montlouis, est sceptique sur la rentabilité de l'opération ("les malades qui vont aux eaux n'achètent point une maison pour l'habiter pendant vingt jours, et d'autre part la profession de maître d'hôtel ne peut s'exercer dans les limites restreintes d'un ou de deux chalets"). Les deux premières maisons construites dans le Parc Chevalier sont le Grand et le Petit Châlet. Le succès de cette opération spéculative est limité, il faut attendre les années 1880 pour assister à la construction de trois autres villas (maison 11 rue des Capucins, maison 1 rue de Bourgneuf, maison 1 rue des Capucins) dans le Parc Chevalier. Les allées prévues initialement ne sont pas toutes tracées, sans doute pour éviter le trop grand morcellement des parcelles à lotir. Les propriétaires des maisons sont associés dans une copropriété qui s'occupe notamment de l'élagage des arbres. Dès l'origine, l'accès aux allées est fermé par des barrières ou des chaînes, qui semblent avoir été retirées ensuite puisqu'il est demandé de les rétablir "comme autrefois" lors de la construction de l'hôtel des postes. La Compagnie des Eaux minérales de Pougues reste propriétaire des terrains non lotis au moins jusqu'aux années 1930. En 1899, des candélabres sont installés pour l'éclairage et la signalisation, notamment à l'intersection de l'avenue de Paris et de l'avenue de Conti et sur la place devant l'entrée de l'établissement thermal.
Le quartier s'étend au sud de l'établissement thermal et de son parc. L'avenue de Paris, l'avenue de Conti et les allées du parc Chevalier constituent ses principaux axes. Le bâti est très hétérogène : sur les parcelles libres, entre les maisons de villégiature et les hôtels de voyageurs destinés aux curistes, principalement construits dans la seconde moitié du 19e siècle et le premier quart du 20e siècle, ont été édifiés d'autres maisons sans lien avec l'activité thermale.
Propriété privée ; propriété publique
2019
(c) Région Bourgogne-Franche-Comté, Inventaire du patrimoine
2019
Dufoulon Fabien
Dossier avec sous-dossier