Église paroissiale
Saint-Pierre
Ancienne abbatiale bénédictine actuellement église paroissiale Saint-Pierre
Occitanie ; 65 ; Saint-Pé-de-Bigorre
Saint-Pé-de-Bigorre
Saint-Pé
1992 E 138 ; 2014 AB 34
En ville
Ensemble religieux
11e siècle ; 12e siècle ; 13e siècle ; 4e quart 17e siècle
1022 ; 1096 ; 1676 ; 1681
Daté par source ; daté par travaux historiques
L'église Saint-Pierre doit son origine à la fondation d'un couvent de moines bénédictins vers 1022 par le duc Sanche de Gascogne. Ce dernier aurait bénéficié d'une guérison miraculeuse après avoir rendu visite à un ermite retiré en un lieu nommé Générès ou Geyrès. L'endroit dépend alors de la paroisse Saint-Hilaire de Lassun (aujourd'hui Montaut dans les Pyrénées Atlantiques) et fait partie du Béarn et de l'évêché de Lescar. Les premiers moines seraient venus avec leur abbé, Arsius, de l'abbaye bigourdane de Saint-Sever-de-Rustan. Vers 1080 l'évêque de Lescar abandonne le territoire de l'abbaye, situé en Béarn, qui est rattaché à Bigorre et au diocèse de Tarbes. L'abbatiale est consacrée à saint Pierre et saint Paul en 1096, ce qui indique qu'à cette époque le chœur au moins est terminé. Le plan de l'édifice actuel - très proche de ceux de Lescar ou Jaca en Espagne - pourrait remonter à cette époque. Il présente une église à trois nefs de six travées se terminant par deux absidioles. La présence d'une abside centrale n'est pas formellement avérée. Un portail existe au bas du collatéral sud. Une partie des absidioles subsistantes pourrait remonter à cette période de la fin du 11e siècle. Un petit tympan remployé au-dessus de la porte du clocher actuel remonterait à cette période ; il serait le vestige d'un grand portail (occidental?). L'édifice semble avoir été en chantier de façon quasi permanente au moins jusqu'à la fin du 12e siècle avec des reprises d'arcs et un prolongement vers l'ouest. L'étude du bâti montre un exhaussement de la travée abritant le portail, probablement dans le but d'édifier un clocher. De cette période date aussi toute la partie ouest de l'église aujourd'hui en partie détruite. Elle se compose à l'origine d'une travée carrée prolongeant la nef et supportant un grand clocher lanterne, le Dôme. Deux collatéraux la complètent au nord et au sud, ainsi que deux travées occidentales. Cette partie de l'église serait alors dévolue aux moines. Entre la fin du 12e siècle et le début du 13e siècle un grand portail est aménagé à l'extrémité orientale de la nef. L'édifice mesure alors près de 75 mètres de longueur. Le 13e siècle est marqué pour le monastère par des luttes internes entre religieux lors de la nomination de l'abbé. Certains revenus sont accaparés par des seigneurs locaux. En 1281, l'attribution aux religieux de droits sur la forêt de Trescroutz, est la dernière dotation d'importance dont bénéficient les bénédictins. Au 14e siècle l'abbaye est le cadre d'évènements violents : attaques de routiers anglais, occupation des lieux par les hommes du sénéchal de Bigorre... La perception des revenus est difficile d'autant que l'abbé doit céder la moitié de ses droits au roi. La curie pontificale réclame aussi le versement de sommes importantes en échange du droit d'exemption. Ces différents épisodes influent vraisemblablement sur l'entretien des bâtiments et de l'abbatiale. En 1569 des troupes protestantes venues du proche Béarn attaquent et pillent le monastère. Le mobilier, livres, reliquaires ainsi que les charpentes de l'église sont livrés aux flammes et les cloches du Dôme emportées. Quelques années plus tard l'abbatiale fait l'objet de restaurations et pourvue d'éléments défensifs par les moines associés aux habitants. En 1628 une partie des voûtes de la nef s'effondre. De ce fait, toute la partie orientale, à ciel ouvert, est délaissée et va devenir un cimetière. Une "nouvelle" église est aménagée, comprenant les trois dernières travées de la nef et le chœur des moines situé sous le Dôme. Un mur nord-sud avec chevet à trois pans et une absidiole l'isole des zones ruinées. Dans ce nouvel espace les bénédictins s'octroient les deux tiers de la place, laissant seulement le bas-côté sud aux habitants. Cette cohabitation sera la source d'affrontements entre les deux communautés jusqu'à la Révolution. En 1659, Dom Robert Plouvier, moine architecte, se rend à Saint-Pé afin d'étudier la restauration des lieux réguliers. L'abbé souhaite en effet affilier le monastère aux bénédictins de Saint-Maur. Les quelques religieux présents sur place acceptent difficilement cette décision qui ne sera effective qu'en 1666. Entre temps, en 1660, un tremblement de terre ébranle le Dôme ainsi que toute la partie ouest, déjà fragilisée et peu entretenue. Un an plus tard, le clocher s'effondre sur une grande partie de l'église. Seul le collatéral sud est partiellement épargné. Moines et habitants vont s'y installer tant bien que mal en le fermant au nord à l'aide de palissades de bois. En 1665 le clocher actuel est édifié. A partir de 1676 et jusqu'en 1681 les mauristes relèvent l'église pour lui donner sa disposition actuelle. A l'est une grande abside est aménagée entre les absidioles à la place du grand portail roman. Les collatéraux sont pourvus de voûtes implantées plus bas que celles d'origine et la nef recouverte par une fausse voûte en bois. Un nouveau chœur monastique pourvu de stalles est installé dans les deux premières travées de la nef en avant de l'abside et le mobilier est renouvelé. Les religieux occupent toute la partie centrale de l'église, la population devant se contenter du bas-côté sud. Dans le collatéral nord on trouve les autels des confréries locales. Entre 1690 et 1720 les moines construisent une sacristie au nord-est, entre l'abside et le monastère. Auparavant ils partagent avec le curé une autre sacristie, plus petite, élevée au sud, qui est tombée en ruine au cours du 19e siècle puis abandonnée. En 1791 les moines quittent Sain-Pé. Aussitôt la population décide de déplacer une partie des stalles dans le chœur afin d'ouvrir la nef pour les cérémonies religieuses de la paroisse. A part quelques éléments de mobilier : chandeliers, orfèvrerie, vêtements liturgiques, enlevés par les autorités révolutionnaires ou volés, la plus grande partie des objets et meubles sont conservés. Durant quelques mois, en 1794, le bas-côté sud abrite une forge. A la même époque, la statue de Vierge à l'Enfant dite Notre-Dame de Saint-Pé, aurait été mutilée. Durant le 19e siècle des aménagements intérieurs ont lieu. Dans les années 1812, le pavement est en partie refait puis les murs blanchis. Le mobilier est enrichi par la mise en place de tableaux du peintre palois Jean-Baptiste Butay. L'ancienne sacristie de la paroisse, établie contre le collatéral sud, est délaissée au profit de la sacristie des moines, jouxtant l'abside ; elle est en ruine vers 1830. En 1838-1839 nef est chœur sont peints par un italien : Marian Garbarino. Quelques années plus tard, le sanctuaire est réaménagé avec l'avancement de l'autel et la construction d'un baldaquin. En 1850 c'est un autre Italien, résidant à Vic-en-Bigorre, Félix Manzani, qui entreprend la réalisation de décors peints, puis l'entrepreneur Darré (chœur, absides et absidioles). Des verrières historiées sont mises en place en 1858-1859 (atelier Goussard de Condom) en lien avec des achats et une re-disposition du mobilier (Darré peintre et Abadie, doreur). Dans les années 1898 de gros travaux sont entrepris au niveau des couvertures de l'église. Un clocheton placé à la verticale du sanctuaire est refait. Des devis sont établis pour une restauration du clocher dont les murs présentent des désordres importants. En 1903 une partie de l'église, correspondant aux vestiges romans encore en élévation à l'ouest, est classée Monument Historique au titre des immeubles. En 1923 des travaux importants de consolidation sont menés au niveau du clocher : reprise des maçonneries, ouverture de baies murées et réfection complète des charpentes et de la couverture. Durant les années 1950-1960 les abords de l'église sont dégagés par la destruction de maisons particulières à l'est et de bâtiments de l'institution Saint-Pierre à l'ouest. Cette dernière opération, réalisée en 1969, conduit à la mise au jour des bases de l'ancien chœur monastique. Vers la même époque, plusieurs grands lustres à pampilles suspendus dans la nef sont vendus et une chaufferie surmontée d'une tribune sont aménagées. En 1977 le classement Monument Historique est étendu à l'ensemble de l'édifice. Durant les années 1980-1990 l'église bénéficie d'une importante campagne de restauration sous la direction de l'architecte Bernard Voinchet : réfection de la toiture de la nef (entreprise Beaucoueste, 1980), puis de sa fausse voûte et des peintures du chœur (entreprise S.N.T.G. , d'Agen, 1981). A l'occasion de ces travaux, le clocheton surmontant le chœur est supprimé (1980). L'intervention sur la voûte de l'abside supprime le décor datant du 19e siècle de fond bleu semé d'étoiles dorées. A cette occasion, une peinture représentant la colombe du Saint Esprit entourée de rayons et de faux marbres - œuvre du peintre Garbarino - est retrouvée et restaurée par l’atelier Eczet. Une seconde tranche de travaux, à partir de 1983, comprend la consolidation des maçonneries et des voûtes puis la réfection du décor intérieur et la restauration d'éléments mobiliers. En 2002 six chandeliers d'autel sont volés. En 2011 une dernière campagne de travaux concerne la structure et les maçonneries de l'absidiole sud.
Grès ; marbre
Ardoise
Plan allongé
3 vaisseaux
Cul-de-four ; voûte d'arêtes ; fausse voûte à cantons ; voûte en berceau plein-cintre
Élévation à travées
Toit à plusieurs pans
Escalier en vis avec jour
Nature de l'énergie
L'église de Saint-Pé se présente comme un vaste édifice d’environ cinquante mètres de longueur pour une largeur de vingt-deux mètres. Il s'agit d'un édifice tronqué à l'ouest où demeurent les vestiges d'élévations ruinées. La partie conservée présente un plan rectangulaire composé d'une nef centrale à cinq travées, terminée à l'est par une travée de chœur et une abside. De part et d'autre de la nef se développent deux collatéraux, également à cinq travées, ouvrant sur deux absidioles. L'accès se fait par l'intermédiaire d'un porche aménagé dans une travée carrée implantée au fond du bas-côté sud. Elle est complétée à l'ouest par une salle rectangulaire, située sous le clocher, abritant actuellement les fonts baptismaux. Cette salle est flanquée, au sud-ouest, par une tourelle d'escalier en vis desservant la salle des cloches. Un pan de mur correspondant à la partie sud de deux anciennes travées occidentales termine l'église. Une partie de l'implantation ancienne de l'édifice de ce côté est recouverte par des constructions du 19e siècle : chapelle de l'ancien Petit-Séminaire, sacristie et chapelle Notre-Dame, édifiées entre 1858 et 1970. C'est là que se trouvait la croisée supportant le Dôme qui s'est effondré en 1661. Il en demeure les élévations sud. Les élévations sont composées de matériaux divers : calcaire marbrier gris pour les absidioles, variété de grès beige appelé "briole" pour certaines reprises de maçonneries et les parties romanes ouest, très bien appareillées. Les reconstructions du 17e siècle sont réalisées dans un mélange de matériaux comprenant des remplois ainsi que des galets noyés dans le mortier. Les chaînages d'angle et les encadrements de baies sont en calcaire marbrier ou en grès. Plusieurs niveaux de toitures d'ardoise cohabitent. La nef centrale est recouverte d'un comble à double pente. Les collatéraux possèdent une couverture en appentis plus basse que celle du vaisseau central permettant l'éclairage de ce dernier par des fenêtres hautes. Las absides sont coiffées de toitures coniques et le clocher d'une charpente pyramidale terminée par un clocheton. Intérieurement les bas-côtés sont voûtés de berceaux ou de voûtes d'arrêtes, les absides par des culs-de-four et la nef recouverte d'une fausse-voûte d'ogive en bois à clés pendantes. Le baptistère présente, extérieurement et intérieurement, des arcatures aux niveau inférieurs et ses élévations sont laissées à pierre nue. Les différents niveaux de l'élévation sont soulignés par des corniches à billettes. Le reste des murs de l'église est recouvert par des enduits à la chaux décorés de faux-marbres, de rosaces et de guirlandes. L'absidiole nord possède un décor de ciel étoilé et de motifs au pochoir. L'absidiole sud, décorée d'éléments semblables, a été décapée et laissée à pierre nue. Les murs du chœur présentent quatre peintures murales de Darré (1858) représentant les Évangélistes. L'arc triomphal est orné d'un cartouche peint donnant la date de 1681.Le cul de four de l'abside possédait lui aussi un ciel étoilé, supprimé lors des derniers travaux intérieurs. Il n'offre plus qu'une représentation peinte de la colombe du Saint-Esprit entourée de rayons.
Sculpture ; peinture ; menuiserie ; vitrail ; étudié dans la base Palissy
Tétramorphe ; chrisme ; sirène
Le portail sud est surmonté d'un tympan bûché sur lequel est représenté le Christ dans une mandorle entouré d'ages et du tétramorphe. Dans le baptistère les chapiteaux des colonnes encadrant les fenêtres hautes figurent des animaux dont une sirène. Au dessus de la porte de l'escalier du clocher se trouve un petit tympan buché où était représenté un chrisme.
Bon état ; inégal suivant les parties ; vestiges
1977/09/07 : classé MH
Eglise Saint-Pierre (cad. E 138) : classement par arrêté du 7 septembre 1977
Arrêté
IM65001229 ; IM65001279 ; IM65001276 ; IM65001277 ; IM65001278 ; IM65001272 ; IM65002296 ; IM65002297 ; IM65002298 ; IM65002299 ; IM65002300 ; IM65002301 ; IM65002437 ; IM65002438 ; IM65002439 ; IM65002440 ; IM65002456 ; IM65002457 ; IM65002458 ; IM65002459 ; IM65002467 ; IM65002470 ; IM65002471 ; IM65002473 ; IM65002474 ; IM65002475 ; IM65002476 ; IM65002479 ; IM65002480 ; IM65002481 ; IM65002482 ; IM65002485 ; IM65002487 ; IM65002489 ; IM65002490 ; IM65002498 ; IM65002500 ; IM65002507
Zone de protection du patrimoine architectural urbain et paysager
À signaler
Site inscrit 07 07 1943 (arrêté)
Propriété de la commune
Utilisation cultuelle
2014
(c) Conseil départemental des Hautes-Pyrénées ; (c) Inventaire général Région Occitanie
2014
Rouvray, Thibaut de
Dossier individuel
Conseil régional Occitanie - Direction de la Culture et du Patrimoine - Service Connaissance et Inventaire des Patrimoines 22, bd Maréchal Juin 31406 Toulouse cedex 9 - Espace Capdeville, 417 Rue Samuel Morse, 34000 Montpellier - 05.61.39.62.47